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Dans cette école du Burkina Faso, on s'exprime aussi en langue des signes

  Société, #

ÉDUCATION - Certes, cette école n'est pas représentative du Burkina Faso, et encore moins de toute l'Afrique de l'Ouest. Elle est au cœur d'un projet qui a pour objectif de devenir une formation scolaire pour tous les enfants et adolescents.

 

Au centre scolaire Cefise (Centre d'Éducation et de Formation Intégrée des Sourds et Entendants) de la capitale burkinabée Ouagadougou, tous apprennent ensemble: les sourds et les entendants, les enfants en fauteuil roulant, et ceux qui ont des difficultés d'apprentissage. Cela fonctionne, parce que le bâtiment est accessible, et les cours le sont également. Ici, les élèves de la maternelle jusqu'au bac ont des cours aussi bien en langage parlé qu'en langue des signes.

 

La langue des signes, une exception en Europe

Ainsi, les enfants entendants apprennent la langue des signes de manière ludique et les malentendants suivent le cours dans leur langue maternelle. Cela remonte le niveau de formation de l'ensemble du groupe et permet aux élèves malentendants de s'intégrer à la classe. Pendant la récréation, chacun passe, au besoin, du langage parlé à la langue des signes, parfois en plein milieu de phrase.

 

Changement de décor. Ce qui va de soi au sein du centre scolaire Cefise paraît inconcevable en Europe. La langue des signes est reconnue comme une langue officielle depuis quelques années dans ces deux pays mais pourtant, dans les écoles normales, il est interdit de donner des cours aux enfants malentendants dans leur langue maternelle.

Ceux qui fréquentent une école pour malentendants n'ont même pas l'assurance de recevoir une formation en langue des signes. Comme maîtriser la langue des signes n'est pas une condition pour être enseignant dans ces écoles spécialisées, les élèves doivent souvent lire sur les lèvres. Pourtant, ils perdent environ 70% des contenus avec cette méthode et il n'est donc pas étonnant que seule une poignée d'élèves malentendants arrivent jusqu'à l'université.

Contrairement à la majorité des écoles européennes, Cefise met en application ce que la Convention de l'ONU relative aux droits des personnes handicapées prévoit: une éducation inclusive. "Nous sommes une école complètement inclusive. Nous accueillons les enfants avec et sans handicap, mais aussi les adolescents de tout milieu social", explique Thérese Kafando, la directrice.


Thérèse Kafando. Crédits: Aleksandra Pawloff/ Light for the world

Kevin Millogo, 12 ans, fait partie des 450 élèves sur 3800 qui sont sourds ou ont un autre handicap. Il aime beaucoup dessiner et il est aussi le plus rapide de sa classe en calcul mental. Son père construit des maisons et conçoit des plans. C'est ce que Kevin veut faire quand il sera grand, alors il aide parfois son père au bureau. Pour faire ce métier, il n'y a pas besoin d'entendre, estime Kevin.

L'offre de Cefise, qui est soutenue par l'association caritative Light For The World, comprend, en plus de l'école maternelle et du collège, une formation en apprentissage, en électricité ou en couture par exemple. Dix interprètes travaillent au centre scolaire. Ils traduisent les cours et on peut faire appel à eux à tout moment, quand le besoin se présente. En outre, les enfants qui ont des troubles de l'audition peuvent consulter des ORL et des orthophonistes, puisque ces spécialistes ne sont malheureusement pas disponibles dans les hôpitaux locaux.

 

 

 

 


Kevin Millogo, 12 ans. Crédits: Light for the world

 

Les hommes politiques du Burkina Faso ont également reconnu que la pauvreté du pays ne pourra être vaincue que lorsque tous les enfants apprendront à lire, écrire et compter. Le gouvernement de transition du Burkina Faso a donc défini "le droit à l'éducation inclusive" comme l'une de ses huit valeurs directrices. Il y a également une importante volonté de créer un système scolaire juste pour tous, sur le modèle exemplaire de Cefise. Mais le chemin qui reste à parcourir est encore très long.
Pour l'instant, la majorité des écoles publiques n'est pas accessible à tous. Au Burkina Faso, neuf enfants handicapés sur dix n'ont donc pas encore accès à l'enseignement primaire.

Nous souhaitons d'une part encourager le gouvernement du Burkina Faso à mettre en pratique son projet de formation inclusive et ses cours en langue des signes. D'autre part, nous invitons les gouvernements européens à prendre exemple sur le centre scolaire Cefise et à intégrer la langue des signes dans les écoles normales. Car tous les enfants ont le droit à l'enseignement, dans leur langue maternelle.

Ce blog, publié à l'origine sur Le Huffington Post Allemagne, a été traduit de l'allemand par Clémence Lecornué.

 

 

 


Crédits: Aleksandra Pawloff/Light for the world

Source : www.huffingtonpost.fr


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