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Hulo Guillabert, qui se présente comme une Africaine du Sénégal, assume avec fierté son panafricanisme. Dimanche 30 octobre, au 21e Salon international du livre d’Alger (Sila), elle assistait à une conférence sur «Les chemins d’exil, pistes d’écriture. Les migrations dans les littéraures africaines», organisée par l’Esprit Panaf’ à la salle El Djazair au Palais des expositions des Pins Maritimes.Afroptimiste, l’éditrice Hulo Guillabert a créé sur internet La revue des bonnes nouvelles pour changer une certaine image entretenue sur l’Afrique. «Nous mêmes produisons parfois un discours pessimiste que les autres n’ont pas de mal à faire perdurer à travers les médias», a-t-elle dit. Elle a créé également un site pour permettre aux Africains du monde de créer une carte d’identité africaine virtuelle. «Je fais partie d’un comité d’initiative qui veut organiser un grand congrès d’intellectuels et de diplomates pour réclamer l’Afrique fédérale. Nous lançons un appel aux Algériens pour constituer un comité local», a-t-elle déclaré. «Message reçu», a répondu Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes. «Nous avons un grand problème d’aliénation par rapport à l’Occident. L’origine de cette aliénation est notre système d’éducation hérité de la colonisation et qui perdure aujourd’hui avec des effets sournois. Pour le Sénégal, les programmes sont conçus, écrits et imprimés en France. L’Afrique est un continent riche. Nous sommes assis sur un tas d’or et pensons que nous sommes sur un tas de poubelle. Ce n’est pas normal», a souligné Hulo Guillabert. Selon elle, les Occidentaux n’éditeraient jamais des auteurs africains «si leurs textes allaient contre leurs intérêts». «Il faut conduire un grand changement de consciences pour que l’Afrique devienne une terre promise pour ses enfants, au lieu d’être l’enfer qui les oblige à fuir vers d’autres cieux. Pour cela, il est important que le système scolaire soit totalement refondé partout dans le continent, surtout en Afrique francophone, où nous sommes tous le fruit d’un système éducatif colonial bien ficelé pour nous aliéner gravement. Ce système est en crise partout dans cet espace», a-t-elle soutenu. Elle a qualifié de «cancer» les programmes scolaires «caricaturaux» qui ne sont pas conformes aux identités et aux valeurs africaines. «Le cancer de la géographie européenne apprise par cœur, du spectre de ces grands rois européens qui hantent l’esprit de nos enfants nuit et jour, alors que les nôtres sont totalement absents. Nos rois sont présentés comme des despotes, sanguinaires et esclavagistes. Cest ce cancer qui fait que nos enfants voient une image falsifiée d’eux-mêmes dans le miroir. On ne doit plus laisser l’Occident éduquer nos enfants de loin», a souligné Hulo Guillabert. D’après elle, même la carte géographique de l’Afrique a été falsifiée. Abdelkader Messahel a évoqué, pour sa part, l’existence d’un socle culturel commun entre le Sahel, le Sahara et l’Afrique de l’Ouest. «Un socle qui se traduit par la rythmique, le symbolique, le vestimentaire, le culinaire, le religieux. La Qadiria et la Tijania sont parties du Sahara central de chez nous. A l’époque, il n’y avait pas de barrières entre les hommes, les idées ou les cultures», a-t-il noté, parlant du musolée d’Ahmed Baba à Tombouctou, au Mali, qui regorge de milliers de manuscrits précieux. Selon lui, le déclin de la route des caravanes (auXVe siècle) était lié à l’arrivée des premiers colonisateurs européens. «La route des comptoirs a remplacé la route des caravanes, a déclassé la relation séculaire entre l’Afrique du Nord et le Sahel. Cela s’est soldé par le drame de constrution d’espaces géopolitiques desquillibrés à cause du colonialisme. L’idée du panafricanisme s’inspire du socle culturel et du destin communs. Il faut compter sur soi, s’approprier notre avenir. Il faut se rapproprier l’histoire, se rapproprier l’école pour qu’elle soit une école authentiquement africaine. L’Afrique est riche en symboles, en repères, en écritures et en histoires. Il faut que nos enfants soient fiers de cette culture. Là, le rôle des intellectuels est fondamental», a souligné Abdelkader Messahel, rappelant l’appel de Syphax, «l’Afrique aux Africains». Source : | |||
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