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Crânes, robes brodées et poses de trois-quarts : les photos de Nigel Morris reproduisent avec précision les codes des portraits célèbres de la peinture des XVIe et XVIIe siècles. À un détail près, la couleur de peau des modèles. "Rembrandt, Le Caravage et Vermeer, dans cet ordre." Le photographe originaire de Brooklyn, Nigel Morris, n'hésite pas un instant lorsqu'on lui demande de citer les peintres qui l'inspirent le plus. Enfant, Nigel fréquentait assidûment les musées et s'est même initié à l'art en participant à des ateliers. C'est ainsi qu'il a fait connaissance avec les peintres de la Renaissance et de la période baroque (parmi un tas d'autres artistes), rangeant dans un coin de sa tête toutes ses découvertes.
Une fascination pour les peintres classiquesIl lui faudra plusieurs années, et un détour par la photographie, pour qu'il y repense, s'y replonge et soit à nouveau frappé par la richesse des détails de ces peintures et la lumière qui émane des portraits de ces époques :
Son projet Black Renaissance mêle son amour de la peinture à son implication dans la lutte pour la reconnaissance et la défense des droits des Afro-Américains. La sériepointe ainsi le manque de représentations de cette communauté, dont les membres sont soit absents des tableaux d'antan, soit dépeints en tant qu'esclaves. Réparer le manque de représentations des Afro-AméricainsAfro-Américain lui-même, Nigel Morris répare l'injustice à sa manière, en réinventant le passé pour essayer de changer les mentalités. Robes précieuses ornées de broderies, objets caractéristiques des vanités, poses de trois-quarts ou de profil... Ses portraits sont en tous points identiques aux œuvres des peintres qu'il admire mais représentent cette fois des modèles noires. Autre symbole détourné, le crâne, figuration de la mortalité humaine, utilisé ici pour représenter les atrocités que les Afro-Américains ont subies, mais réussi à surmonter :
À la manière de ses peintres favoris, Nigel Morris attache une grande importance à la lumière qui éclaire ses sujets et qui se focalise sur les visages de ces modèles inattendues. En résultent des portraits d'une grande modernité, contrastant totalement avec l'inventaire méticuleux des symboles picturaux anciens. Ce soin particulier apporté à la lumière est une composante essentielle du travail du photographe qui a choisi de se spécialiser dans le portrait dès ses débuts. Une façon pour lui de sonder les personnalités des modèles qu'il photographie et de tenter d'y trouver des ressemblances. Black Renaissance est, dans cette perspective, intimement liée au propre vécu et aux convictions du photographe :
Faute de fonds suffisants, Nigel Morris a dû suspendre son projet, mais ne perd pas de vue son objectif de le compléter prochainement. Affaire à suivre, donc.
Source : Cheese | |||
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