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Designers africains : l'essor des designers africains à Londres

  Mode & Beauté, #

" À Londres, on peut manger ghanéen, aller dans une église ghanéenne, passer des soirées et des week-ends avec des Ghanéens ", rigole Afua dabanka. D'origine ghanéenne, elle est née et a grandi en Allemagne, à Düsseldorf, avant de déménager dans la capitale britannique en 1998 pour étudier l'économie. Quelques années plus tard, forte d'une formation au London College of Fashion, elle crée sa marque de chaussures, Mo Saïque. " À Londres, il y a ce sens de la liberté totale, la sensation qu'on peut faire tout ce dont on a envie ", confie-t-elle. Dans cette ville dont personne ne semble issu mais où tout le monde semble à l'aise, 40 % des habitants sont nés hors Angleterre et 30 % représentent des minorités ethniques. C'est la ville la plus cosmopolite d'Europe. Alexis Temomanin, fondateur de la marque masculine Dent de Man, nous reçoit dans son studio de l'East London : " Ici, si tu veux entreprendre, tu peux. Les créateurs sont tous appréciés, ils trouvent leur niche. C'est moins fermé que Paris, moins bureaucratique, plus démocratique. Avec mon parcours, je pense que je n'aurais jamais pu réussir ailleurs. " Comme Afua et Alexis, ils sont des dizaines de créateurs africains ou d'origine africaine installés dans la capitale britannique : Anita Quansah, Sindiso Khumalo, Laduma Ngxokolo (pour Maxhosa by Laduma), Duro Olowu, Aaks, Gozi Ochonogor (U.Mi-1), le très respecté Ozwald Boateng, etc.

La créatrice Sindiso Khumalo © Ophélia Wynne

Pour Alexis Temomanin, c'était loin d'être gagné. En 2003, il fuit la guerre civile en Côte d'Ivoire et tente sa chance à Paris, dans le marketing. Sans succès, il rejoint Londres, où l'envie naît de lancer sa propre griffe. " J'étais entouré de mode, de vêtements, de créativité, c'était stimulant ! " lance-t-il. Mais sur quel créneau s'engager ? Un retour dans son village natal l'aidera à s'orienter. Sous son lit d'enfant, il retrouvera une boîte de tissus imprimés batik qu'il collectionnait jeune. " J'ai été abandonné par ma mère à 5 ans, je n'ai aucun sou venir d'elle, si ce n'est le batik qu'elle portait... Alors, j'ai commencé à le rechercher ", raconte-t-il. Alexis Temomanin part en quête, achetant des tissus de marché en marché. " Evidemment, je n'ai jamais trouvé celui que je cherchais, avoue-t-il avec un sourire. Quand je suis tombé sur ce coffre, je me suis rappelé tous les mauvais moments de ma vie et j'ai décidé de faire de ces morceaux de tissus quelque chose de beau. "

Laduma Ngxokolo, fondateur de Maxhosa by Laduma © Ophélia Wynne

Ces jeunes créateurs ont en commun la défense d'une esthétique électrique et chatoyante et le refus d'être étiquetés " mode africaine ". La capitale britannique est faite pour eux. " Londres a une énergie brute et crue, je n'ai jamais rencontré ailleurs une telle ouverture culturelle ", note Sindiso Khumalo, fondatrice de la marque du même nom, qui y vit depuis quatorze ans. Née au Botswana, elle a grandi à Durban en Afrique du Sud, qu'elle visite encore fréquemment. Dans ses collections, l'inspiration africaine se mélange à une allure pop britannique. " Si Londres attire tant de gens créatifs, c'est parce qu'on y est très ouvert à toutes les cultures, cuisines, arts et musiques. On y entend de nombreuses langues, pointe Anna Marie Benedict, de l'Africa Fashion Week London. Des siècles de colonisation ont imposé la présence anglaise dans le monde. Avec la décolonisation, les frontières du pays se sont ouvertes pour un échange des cultures. " Héritage historique, l'anglais reste la langue officielle d'une grande partie de l'Afrique. Fin 2008, consciente de ce cosmopolitisme, la marque italienne Prada avait ouvert un lieu éphémère, The Double Club - bar, restaurant et boîte de nuit à l'identité double -, où les mondes européens et congolais se rencontraient.

Alexis Temomanin, à la tête de Dent de Man © Ophélia Wynne

" Parmi les dix meilleures écoles de mode du monde, quatre sont à Londres, dont le Central Saint Martins College of Art and Design (forte de 110 nationalités parmi les 4 300 étudiants, dont 40 % de non-Européens) et le London College of Fashion, explique Anna Marie Benedict. Ils ont une histoire, une exigence, un niveau d'étude et une solide présence internationale. Venus du monde entier, la plupart des étudiants de ces écoles restent ici et y installent leur griffe. " Le paysage des marques émergentes s'en trouve diversifié. Bien plus que Milan ou Paris, la ville accueille les jeunes créateurs ravis de faire voler en éclats les frontières traditionnelles du bon goût british. Quand on n'est pas le berceau de Dior, Chanel ou Balenciaga, il faut bien la jeunesse ! Le British Fashion Council a même créé la cellule NewGen, qui aide les jeunes stylistes, d'où qu'ils viennent, à financer défilés et achats de tissus ou à bénéficier d'une couverture médiatique.

Afua Dabanka a créé sa marque de chaussures, Mo Saïque © Ophélia Wynne

" Londres est la ville idéale quand vous avez une entreprise internationale. Elle est, du moins pour l'instant, dans l'Union européenne - vous pouvez donc travailler avec tous ses pays sans problème. Un vol pour New York ne dure que six heures et vous êtes quasiment dans la même zone horaire que l'Afrique ", pointe Sindiso. À chaque Fashion Week londonienne, le British Council et le British Fashion Council organisent l'International Fashion Showcase qui promeut la création internationale, avec un accent particulier mis sur l'Afrique. Cette année, le Nigeria a mis en avant sept créateurs. Précurseur de cette génération : Ozwald Boateng. Né à Londres de parents ghanéens, il s'est brillamment imposé sur la scène internationale. Après avoir dessiné les collections homme de Givenchy de 2003 à 2007, il est aujourd'hui propriétaire d'une superbe boutique à Savile row, incontournable rue des tailleurs londoniens. " En tant que designer "africain", on se pose tous cette question difficile, s'afflige Afua Dabanka : allons-nous surfer sur cette vague "ethnique" d'imprimés ? Moi, je veux juste des produits de qualité. Nous devons faire mieux, aller vers plus d'excellence, l'inspiration peut venir de n'importe où. On s'en fout si j'ai des origines ghanéennes ! " Pour cultiver cet esprit de liberté et de rébellion, il n'y a pas de meilleure maison que Londres.

Sous son nom, Anita Quansah fabrique ses propres bijous © Ophélia Wynne



Source : elle.fr


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Josiane
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