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Dessins animés : Afrikatoon, le Walt Disney ivoirien

  Culture & Loisirs, #

Avec la Pokou, princesse Ashanti et Soundiata, le réveil du lion, sortis respectivement en 2011 et en 2014, le studio Afrikatoon est devenu le premier du genre en Afrique de l'Ouest à réaliser des longs-métrages de fiction d'animation. Un pari réussi pour cette équipe passionnée, conduite par Abel Kouamé, 36 ans, jeune dessinateur à succès du journal satirique Gbich et auteur de nombreuses BD - qu'il signe Kan Souffle. L'atmosphère studieuse du rez-de-chaussée de ce petit immeuble de Marcory tranche avec l'agitation qui règne dehors. Dans l'une des salles des nouveaux studios, chacun, casque sur les oreilles, est concentré sur sa tâche : un infographiste travaille sur une publicité, un autre sur la modélisation du mobilier du prochain film, un autre encore sur l'animation d'une scène. Tous sont des mordus de 3D, Abel Kouamé en tête !

Tout est parti du rêve de dessins animés d'Abel Kouamé

Nourri aux Walt Disney et fan d'Astérix, il aurait voulu d'emblée en faire son métier. " Même avant d'entrer à l'Ina (l'Institut national des arts), en section arts plastiques, j'avais essayé de trouver des écoles, mais c'était compliqué. J'ai continué de dessiner, mais avec l'image et le son, en Afrique en particulier, on peut toucher une cible beaucoup plus grande. " Ce n'est pas Zohoré Lassane, star des bédéistes ivoiriens et patron de Gbich - dont l'une des histoires et l'un des personnages ont été adaptés en série TV pour la RTI (la télévision nationale, NDLR) -, qui peut le contredire. Quand Abel Kouamé évoque son rêve de dessins animés, c'est tous ensemble, avec les dessinateurs fétiches du journal, qu'ils décident de s'aventurer sur cette " terre inconnue ". Le projet est ambitieux, car le cinéma d'animation nécessite non seulement des compétences techniques très spécifiques mais aussi un budget important et du matériel coûteux. " Je suis allé en France faire une formation accélérée de deux mois dans une société spécialisée, LDDA, explique Abel Kouamé. À mon retour, parce que les gens très experts coûtent très cher, on a formé des passionnés. Des infographistes, des informaticiens, des professionnels de l'audiovisuel. Mais encore aujourd'hui, parce que ça évolue très vite, il nous faut constamment nous mettre à jour sur les nouveaux logiciels. "

Les Tchatchallo, La Reine Pokou... : Afrikatoon s'envole

C'est une publicité qui va donner corps à leur rêve : Les Tchatchallo, une série de 20 épisodes commandés par CI Télécom (aujourd'hui l'opérateur Orange). Non seulement ça fait rentrer de l'argent, mais désormais Afrikatoon existe. Les commandes affluent et l'équipe peut se consacrer à des projets plus personnels, notamment celui de donner vie aux légendes africaines. En 2009, Abel Kouamé dessine une série hebdomadaire sur la reine Pokou. " J'avais commencé un travail préparatoire sur elle, avec beaucoup de dessins, explique-t-il. La reine Pokou est une femme qui a marqué le peuple ivoirien et qui véhicule des valeurs importantes. On a fait beaucoup de recherches sur elle jusqu'à trouver des éléments jusque-là occultés. " Pendant deux ans, dix personnes travaillent sur Pokou. Fabrication, préproduction, recherche graphique, prise de voix, postproduction : le projet est 100 % made in Abidjan. Il va coûter 96 millions de francs CFA. À Abidjan, c'est un vrai succès. " La RTI [la télévision ivoirienne, NDLR] nous a beaucoup accompagnés. Le film a été diffusé à la télévision, puis acheté par TV5, et aujourd'hui, il est disponible en DVD. Ça nous a permis d'amortir le budget. "

L'épopée de Soundiata Keïta, l'empereur mandingue

Car, Pokou en postprod, une partie de l'équipe planche déjà sur son prochain film : l'épopée de Soundiata Keïta, l'empereur mandingue. " C'est un personnage qui fédère beaucoup plus de personnes, explique Abel Kouamé, qui ne cache pas l'ambition d'Afrikatoon de s'adresser à tous les enfants d'Afrique. Mais ce qui m'intéressait surtout, c'était de montrer pourquoi cet homme, alors qu'il avait un paradis dont il pouvait disposer à loisir, a choisi de mettre en place la première charte des droits de l'homme. " Il faudra moins d'un an pour boucler la production. " On a travaillé vite et même dû occulter certaines étapes classiques du film d'animation, car nous n'avions pas le temps de nous donner du temps. Le temps, c'est de l'argent. " Le film est sorti en décembre dernier et déjà Wé, l'histoire du masque mendiant, leur prochaine fiction, est en préproduction.

 

Désormais, Afrikatoon est présent dans les festivals

Si les aides avaient jusque-là manqué (" on n'avait pas toutes les clés "), l'équipe d'Afrikatoon court aujourd'hui les festivals, du Fespaco au Japon, en quête de reconnaissance et de soutiens. " On n'a pas la prétention de vouloir concurrencer les productions américaines, mais nous sommes ravis d'être allés au bout du projet. Techniquement, nous avons encore des insuffisances que l'on doit corriger, mais on essaie d'être sur des festivals, comme celui d'Annecy*, pour rencontrer des professionnels, montrer et améliorer notre travail. L'idée est de produire de manière régulière, nous avons donc besoin de fonds, de subventions, de formations. " À l'heure où les stars américaines et autres milliardaires africains communiquent à grands frais sur les montants exorbitants des aides qu'ils veulent offrir à l'Afrique et ses entrepreneurs, on se dit qu'un projet comme celui-ci - l'Afrique racontée aux enfants par les Africains - gagnerait à être soutenu. Il en pense quoi, Jamie Foxx ?* Festival international du film d'animation d'Annecy.



Source : afrique.lepoint.fr


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