Devenez publicateur / Créez votre blog


 

Dix rappels pour les apprentis rappeurs "gangstas" ... Sarcelleslite, 1er Pocheton, ABDELOS, Eider ...

  Musique, #

Drogue, armes, paroles : plusieurs clips de rap ont récemment attiré l'attention de la justice. Si vous aussi vous envisagez de jouer au gangster sur YouTube, voici quelques conseils de base. Au cas où.

Avec un minimum de matériel et de compétences, n'importe qui peut réaliser son clip de rap et le poster sur YouTube. Un moyen très simple de faire connaître son boulot, même si l'écrasante majorité de ces petits artisans passe totalement inaperçue. Néanmoins, de temps en temps, les autorités décident de donner un coup de pouce à certains anonymes.

Compiègne, Sarcelles et récemment Strasbourg : plusieurs clips ont titillé la curiosité des élus et de la justice. En cause, la drogue, les armes et les paroles trop crues qu'on peut y voir et y entendre.

Dans ces cas-là, trois grilles de lectures (au moins) sont possibles :

 

 

 

 

    il faudrait enfermer ces jeunes et faire un exemple. Interdire le rap aussi, car c'est une musique qui encourage la violence, les doublements scolaires et la débauche ;

    la justice a mieux à faire et de toute façon, c'est simplement de la com'. Condamner des rappeurs qui se donnent en spectacle ne changera rien tant qu'on n'agira pas sur le fond. La drogue continuera de circuler, les armes aussi, quand bien même on remplacerait le rap par la folk ;

    c'est simplement de la fiction. Une sorte de court-métrage à budget quasi nul, où les jeunes fantasment leurs modes de vie et reproduisent des codes utilisés par des stars du rap. Un divertissement, quoi.

Flemme et manque d'imagination

A Sarcelles, le réalisateur du clip polémique - qui met en scène des mineurs - se justifie :

" On parle de drogue, comme dans les films. Mais ce ne sont pas des dealers, ils vont tous à l'école. Il n'y a rien de méchant, ce n'est que de la comédie, que des comédiens. "

Peut-être. Mais comme l' explique le sociologue Anthony Pecqueux aux Inrocks :

" On refuse systématiquement la possibilité du second degré au rap, c'est une constante depuis plus de vingt ans. Et on continue à prendre les spectateurs de ces clips pour des idiots culturels, incapables de ne pas les prendre au premier degré. "

Ces jours-ci, Les Dernières Nouvelles d'Alsace, Le Parisien ou encore FranceTV Info ont évoqué le cas d'Abdelos, un jeune rappeur strasbourgeois. Son clip, qui transpire la flemme, le copié-collé et le manque d'imagination (en gros, tous les ingrédients pour se taper la honte), fait l'objet d'une enquête de la Direction départementale de la sécurité publique.

Si vous êtes " gangster-apprenti rappeur YouTube " et que vous envisagez de faire quelque chose dans son style, voici quelques petits rappels (de base) avant de vous lancer dans cette périlleuse aventure. On ne sait jamais.

 

Les images peuvent être vues par n'importe qui, n'importe où, à commencer par la famille. A propos des gamins de Sarcelles, le rappeur JP Manova dit à nos confrères de Vice :

 

" Je ne doute pas, par ailleurs, qu'au moins l'un d'entre eux que son daron a reconnu dans le clip ait du prendre quelques coups de ceinture. "

Dans le cas d'Abdelos, c'est très problématique puisque ce qu'il a fait s'apparente plus à un dossier qu'à une œuvre. Au-delà du clip foiré, il y a quelques belles punchlines dégueulasses, comme :

 

" J'ai appris à lire entre les lignes, comme un sourd qui mime les signes. "

Certes, des artistes vendent des disques avec des phases beaucoup plus nazes. Mais ce n'est pas une raison valable pour repousser les limites. En juin 2014, il a fait une confession sur Facebook qui aggrave son cas :

 

" Il reste une scène a faire, après il est terminé. Il sort vers mi-août, merci de patienter, ça sera un clip de ouf salement hardcore. "

Ce clip, mis en ligne le 1 er mai 2015, serait donc le fruit de plusieurs mois de travail. Mec, efface ce message de toute urgence !

Les joyeux lurons vous disent " Tu plies tout le monde au micro " ou " Tu vas perforer l'industrie du disque ". C'est surtout un coup à finir dans un bêtisier ou un " best of des pires clips/punchlines du siècle ". Sachez-le, ces salauds se moquent de vous quand vous n'êtes pas là. C'est votre gueule qu'on retiendra, pas la leur.

Donc, demandez conseil à quelqu'un de neutre avant de faire quoique ce soit de visible. Tant que vous y êtes, coupez au montage les figurants qui font des doigts d'honneur, surtout quand le majeur n'a rien à voir avec les paroles au moment où il est dressé.

Vous aimez votre cité HLM ? C'est normal, mais dans ce cas, ne l'humiliez pas. Ne dites pas que vous la représentez non plus, puisque personne ne vous a rien demandé.

[Petite parenthèse pour les non-initiés au rap : parfois, vous avez l'impression que les cités dans lesquels sont tournés certains clips sont des ghettos. En fait, non. Ce sont de petits quartiers pittoresques déguisés pour l'occasion]

Pourquoi vous obstinez-vous, bon sang ? YouTube est l'espace idoine pour innover et oser. Avec 250 euros, des Tunisiens ont réussi à filmer leur galère - bien plus compliquée que la vôtre - et faire 17 millions de vues.

Les bécanes, les pitbulls, les gueules cassées qui bougent la tête spliff au bec, les gamins qui crient en arrière-plan, c'est ringard. Ou bien c'est un clip pour les copains. Si c'est le cas, précisez-le en introduction en caractère gras pour que nous puissions resituer ça dans son contexte.

Si vous êtes fauché et que vous ne faites pas appel à un pro pour la réalisation, demandez-lui d'éviter les petits effets spéciaux, genre les focus au ralenti sur certains visages. Ça donne l'impression que vous vous foutez de notre gueule.

Quelle que soit la situation, c'est contre-productif de se vanter de ses larcins. Le but, c'est quand même d'être discret. Là, je ne m'adresse pas à l'écrasante majorité qui s'invente une vie, mais à la minorité de petits trafiquants (les gros n'ayant pas le temps de faire du rap).

Imaginez vous faire coffrer à cause d'un clip et cette discussion délicate avec un codétenu :

 

" Tu t'es fait balancer par un associé ?
- Non, j'ai fait un clip sur YouTube où j'ai tout raconté.
- T'es con, non ?
- Je ne sais pas trop. "

On peut être hardcore sans montrer des armes et du mauvais shit. C'est ça l'enjeu d'un clip. Et si vous tenez quand même à jouer les gros bonnets friqués et ultra-violents, sapez-vous comme tels, pas en jeans Diesel du souk de Casa ou de Tunis (on ne me la fait pas). Sinon, on ne vous suit plus.

Ce n'est pas parce que vous faites la gueule avec des liasses de 10 euros et la mâchoire serrée que vous faites flipper. Le rap, c'est du divertissement. Faites-vous plaisir, lâchez-vous, mettez un petit short à fleurs comme Jul. Bandit, mais propre sur lui, comme un trader à La Baule. Ça, c'est hardcore.

Là, les médias qui parleront de vous seront embêtés. Racailles ? Pas racailles ? Vous embrouillerez même les juges.

" Dis donc, il est sympa lui, avec son petit short à fleurs ?
- Ben je l'aime bien moi, même s'il insulte les CRS. En plus il a les jambes épilées. On abandonne les poursuites. "

La médiatisation peut arriver à n'importe quel moment. Sur les réseaux sociaux, mettez une photo beaugosse et surtout, vos coordonnées. L.A.R, le pote d'Abdelos (il apparaît dans son clip) a réussi à décrocher un rôle dans le film d'Abd Al Malik en faisant des clips ghettos bâclés. Pour l'anecdote, il est meilleur acteur que rappeur.

Serrer des meufs n'est pas une bonne motivation pour faire du rap. Parce qu'avouez-le, c'est un peu pour ça que vous vous affichez sur YouTube. Vous avez la flemme d'aller à la chicha et de tchatter sur Facebook, c'est ça non ?

Source : rue89.nouvelobs.com


PARTAGEZ UN LIEN OU ECRIVEZ UN ARTICLE

Pas de commentaire

Pas de commentaire
 
alicia
Partagé par : alicia@Suisse
VOIR SON BLOG 211 SUIVRE SES PUBLICATIONS LUI ECRIRE

SES STATS

211
Publications

11793
J'aime Facebook sur ses publications

749
Commentaires sur ses publications

Devenez publicateur

Dernières Actualités

Pas d'article dans la liste.