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Djibouti, l'avant-poste militaire de la Chine en Afrique

  Politique, #

 

L'affaire a été rondement menée. Il n'aura fallu, depuis l'accord signé en décembre 2015 entre Pékin et Djibouti, que moins d'un an et demi de travaux à la Chine pour construire sa première base militaire à l'étranger. Djibouti n'a pas été choisi au hasard. Le territoire est la porte d'entrée vers l'Afrique de l'Est et l'océan Indien. Cette position stratégique dans la Corne de l'Afrique a poussé plusieurs pays à y établir un camp de base militaire, comme la France, les Etats-Unis et le Japon.

 

Pékin aurait pu choisir Oman, comme il en a été un moment question, mais il a préféré se retrouver à quelques encablures des troupes américaines, japonaises et françaises. Dans la cour des grands. Dans la foulée, les Etats-Unis et le Japon ont décidé de moderniser et d'agrandir leurs installations à Djibouti.

Près de 10 000 hommes d'ici à 2026

" Je sais que cette obsession de la présence chinoise existe. Mais elle est à la fois infondée et unilatérale. Les Chinois n'ont aucun problème à cohabiter avec les Occidentaux à Djibouti, à condition qu'on ne vienne pas constamment espionner leurs installations. Les Américains, en revanche, en font une fixation. Ils nous répètent sans cesse que cette présence chinoise les gêne pour leurs opérations ", expliquait Ismaïl Omar Guelleh, le président de Djibouti, dans une interview récente à Jeune Afrique.

Officiellement, cette base jouxtant le port de Doraleh et la zone franche de Djibouti - tous deux construits par la Chine - ne devrait abriter " que " 400 hommes. Mais, selon plusieurs sources, ce sont près de 10 000 hommes qui pourraient s'y installer d'ici à 2026, date à laquelle les militaires chinois auront transformé cette enclave en avant-poste militaire de la Chine en Afrique. Les premiers soldats à destination de Djibouti sont partis à bord du Jinggangshan et du semi-submersible Donghaidao le 11 juillet.

 

Le très nationaliste quotidien chinois Global Times a salué ce déploiement d'un élan patriotique : " Il s'agit évidemment de la première base militaire à l'étranger de l'Armée populaire de libération et des troupes y seront basées. Il ne s'agit pas d'un simple centre de réapprovisionnement, mais d'une base de soutien pour permettre à la marine chinoise d'aller plus avant. Cela a donc une grande signification. "

Le quotidien comme les autorités chinoises ont cependant insisté, ces derniers jours, sur le rôle pacifique de cette base, qui servira avant tout à lutter contre la piraterie dans la zone et à soutenir des opérations humanitaires.

Des sommes colossales

Lors de sa conférence de presse hebdomadaire à Pékin, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Geng Shuang, a rappelé que la Chine était engagée depuis 2008 dans des missions d'escorte de navires marchands dans le golfe d'Aden et le long des côtes somaliennes. " Cette base doit nous permettre de mener au mieux nos opérations et promouvoir le développement économique et social de Djibouti ", précise-t-il.

Le président de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh, à Djbouti en mai 2015. Crédits : CARL DE SOUZA / AFP

Cette " diplomatie dure ", selon les termes des diplomates, s'accompagne en effet d'une " diplomatie douce ", celle du carnet de chèques. Pékin aura investi 14 milliards de dollars (12,2 milliards d'euros) à Djibouti en infrastructures - chemin de fer, ports, routes, mais aussi écoles, bâtiments administratifs et Institut Confucius. De quoi s'attirer les faveurs de la population mais aussi du président Ismaïl Omar Guelleh, très en cour à Pékin. Sans compter la location du terrain qui abrite la base : 100 millions de dollars par an payés par Pékin, contre 60 millions de dollars pour les Etats-Unis.

A elle seule, la Banque chinoise d'import-export finance huit des grands projets d'infrastructures, dont le pipeline d'eau vers l' Ethiopie (322 millions de dollars), la ligne de chemin de fer Addis-Abeba-Djibouti (490 millions de dollars), le nouvel aéroport de Bicidley (450 millions de dollars) et le port de Doraleh (590 millions de dollars). La présence des militaires chinois est évidemment un atout pour protéger ces investissements et en attirer de nouveaux.

 

La Chine a promis 60 milliards de dollars d'investissements à l'Afrique et mille autres milliards de dollars dans le cadre des nouvelles routes de la soie, qui passeront pour partie par le continent, et notamment par Djibouti. Des sommes colossales qui s'accompagnent de la présence en Afrique de plus de dix mille entreprises chinoises et d'un million d'expatriés.

" Protéger ses intérêts économiques "

La Chine a été marquée par l'évacuation en 2011 de ses 30 000 ressortissants de Libye. Une opération de grande envergure qui avait mis en lumière les limites de la présence militaire chinoise dans la zone. Leçons en partie tirées en 2015 avec l'évacuation de plus de 600 ressortissants chinois du Yémen. Tous ont transité par Djibouti avant de retourner en Chine.

Mais Djibouti n'est pas la seule carte dans la main de Pékin. Plus de 2 500 militaires chinois servent ainsi sous la bannière de l'ONU en Afrique et, en 2015, le président chinois s'était engagé à contribuer à hauteur de 8 000 soldats supplémentaires, soit un cinquième des casques bleus déployés dans le monde.

Avec 1 052 soldats au Soudan du Sud, 666 au Liberia et 402 au Mali, la Chine est déjà très présente sur le continent, ce qui lui permet de " développer sa connaissance des terrains extérieurs et protéger ses intérêts économiques, comme au Soudan du Sud ", selon un rapport du Conseil européen des relations internationales.

Qu'elle est la loin la diplomatie " profil bas " prônée par Deng Xiaoping. Le président Xi Jinping a lancé une modernisation tous azimuts de l' armée chinoise et notamment de la marine. La " défense des intérêts nationaux " et la " sécurité des mers " sont deux nouveaux credo érigés en principe par le président chinois, également chef des armées. D'autres bases militaires pourraient ainsi suivre, notamment en Namibie.

La question du déploiement de troupes aéroportées, d'avions de combat et de forces spéciales en Afrique est également à l'étude.



Source : Le Monde.fr


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Samir
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