" L'important n'est pas d'atteindre la ligne d'arrivée, mais de couvrir ce que vous ressentez et ce que vous faites pendant la course ". Une phrase maintenant gravée dans le roc de l'histoire. Un champion de sport qui était une légende l'a prononcé. Il s'agissait de Jesse Owens, l'athlète noir qui, en 1936 a remporté trois médailles d'or aux Jeux olympiques de Berlin.

Une citation, reprise plus tard par de nombreux athlètes et par certains philosophes. Et cela correspond bien à ce qui s'est passé hier à Doha, au Qatar, où se déroulent les Championnats du monde d'athlétisme. Johnatan Busby et Suncar Dabo n'ont rien gagné de l'épreuve des 5000 mètres inscrits et vont devoir quitter la compétition. Car ils se sont classés respectivement dernier et avant dernier. Et pourtant, ce sont ces deux-là qui ont illuminé la nuit dans le stade de la capitale du pays avec un geste qui force l'admiration.

A 500 mètres de l'arrivée, Busby, coureur d'Aruba, s'est senti mal. Ses jambes ne pouvaient plus le supporter, son souffle lui manquait et il se rendait compte qu'il devrait abandonner cette compétition qui avait été le rêve de toute son existence. Derrière lui, un peu en retrait, se trouvait Dabo, un athlète en maillot de la Guinée-Bissau. Un outsider sans trop de chances de succès mais capable d'atteindre la ligne d'arrivée pour donner un minimum de lustre au drapeau de son pays.

L'Africain aurait facilement pu dépasser son adversaire. Mais il ne l'a pas fait. Il a rejoint Busby, l'a pris sous son bras et a terminé la course avec lui. Ils ont procédé ainsi sur 500 mètres, le dernier tour de la piste accompagné de l'ovation du public. Après la ligne d'arrivée, ils sont tous deux tombés au sol. Pas de médailles pour Dabo et Busby, mais ce sont les véritables gagnants d'un concours qui éclaircit un peu l'ombre de la vie.