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Effervescence à Western Union pour la Fête du Mouton

  Société, #

A la veille de la Tabaski (la fête du mouton ou " fête du sacrifice " (Aïd), la plus importante de l'Islam, célébrée ce lundi 12 septembre), chacun s'affaire pour réunir les fonds nécessaires à l'achat d'un mouton. Dans toute l'Afrique de l'Ouest, les marchés aux moutons fourmillent d'activités, avec des vendeurs venus de loin, des " apprentis " qui y trouvent un travail saisonnier. Et des acheteurs qui attendent le moment propice, avant de lâcher quelques dizaines, voire centaines de francs CFA pour s'offrir à un prix raisonnable le mouton destiné à être sacrifié, comme le fit Abraham en son temps.

 

A plusieurs milliers de kilomètres de là, en France, en Suisse, en Grande-Bretagne, en Espagne, en Allemagne, les agences Western Union, leader mondial du transfert d'argent, sont prises d'assaut et connaissent elles aussi une effervescence particulière. Les membres de la diaspora africaine, mise sous pression pour envoyer de quoi contribuer à l'achat du mouton familial, fait le rang, parfois pendant bien longtemps, pour effectuer son transfert, sous peine d'être fortement critiquée par la famille restée au quartier ou au village.

C'est le cas de l'agence Western Union sise à la gare de Lausanne, en Suisse, où les employés savent désormais reconnaître la proximité de la Tabaski ou du Ramadan. Dialogue : " Ah, on dirait que c'est bientôt la fête ", dit l'agent Western Union derrière son guichet. " Comment le savez-vous ? ", lui demandé-je. " Avant la Tabaski, confirme-t-il, il y a toujours une grande affluence ". J'ajoute : " C'est aussi la rentrée scolaire ". Et lui, qui n'a jamais mis un pied ni en Afrique ni dans un pays musulman, compatit en pensant aux pressions financières qui s'abattent ces temps-ci sur ses " clients ", originaires, pour beaucoup, du continent africain. " On devrait avoir un calendrier des fêtes religieuses affiché dans nos agences, conclut-il. Cela nous permettrait de programmer davantage de personnel ".

Plus d'un demi-million de points de vente dans 200 pays et territoires : une réussite spectaculaire et un destin fascinant pour cette " Western Union ", dont la création, en 1851, remonte aux temps héroïques de la conquête de l'Ouest aux Etats-Unis. C'est cette entreprise qui construisit la premières ligne télégraphique reliant la côte atlantique à celle du Pacifique aux USA, le fameux " fil qui chante " des westerns. Pionnière du transfert d'argent par voie télégraphique en Amérique du Nord, c'est désormais le transfert électronique qui lui donne une visibilité mondiale, alors qu'elle fête cette année ses 20 ans d'implantation sur le continent africain.

Lors du Ramadan et à l'approche de la Tabaski, Western Union multiplie en tout cas les opérations promotionnelles, pour fidéliser ses clients, alors que la concurrence devient de plus en plus féroce. Dans plusieurs pays européens, les frais d'envoi ont ainsi drastiquement diminué, sous les coups de boutoir de petites agences de transfert de fonds, nouvellement créées, et qui cassent les prix. Dans les pays africains destinataires, Western Union distribue désormais chaque année des sacs de riz, du sucre et du lait, pour accompagner la rupture du jeûne ; et organise des repas collectifs réunissant des représentants de la communauté musulmane. A cela s'ajoutent des cadeaux, destinés officiellement à remercier les clients, et surtout à les fidéliser.

" A quelques jours de la fête, je reçois ce Bazin d'une très grande qualité, je ne peux qu'exprimer ma joie et ma reconnaissance ; au lieu d'aller ailleurs pour recevoir ou transférer de l'argent, le meilleur endroit, c'est Western Union ", déclare Madame Mariam Bah, commerçante au marché de Conakry, dans le cadre d'une campagne de promotion. Ces opérations lui permettront-elles de conserver ses clients ? Car, outre MoneyGram, ils sont nombreux les petits nouveaux, bien décidés à lui piquer des parts de marchés sur le continent africain, et qui ont pour nom : WorldRemit, PayTop, Afrimarket, Mergims, Wizall ou Lemon Way, avec chacun ses spécificités. Les agences jaunes et noires demeurent pour l'instant incontournables, mais jusqu'à quand ?

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Source : Club de Mediapart


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