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Espace francophone - Banques : consolidation, diversification, recomposition

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Avec environ 3 agences bancaires pour 100 000 adultes en 2014, l'Afrique subsaharienne est à la fois la région du monde la moins bancarisée et celle dont la croissance des réseaux bancaires est la plus forte. Le nombre d'agences y a progressé de plus de 50 % entre 2007 et 2014 et il devrait encore croître de plus de 40 % d'ici à 2020, selon les premiers éléments de l'enquête annuelle sur le secteur bancaire dans les marchés émergents (BSEM 2015) de l'agence Nouvelles Donnes.

Les banques marocaines en quête de stabilité

Bien implantées en Afrique francophone où elles enregistrent au moins un tiers de leurs revenus, les banques marocaines (Attijariwafa, BMCE, BCP) continuent de s'imposer sur ce marché, damant le pion aux banques françaises. Selon l'étude BSEM 2015, le groupe Attijariwafa compte à lui seul 1 647 agences en Afrique francophone fin 2014, soit 12,5 % du parc bancaire, un chiffre qu'égalent à peine les françaises BNP Paribas et Société générale réunies. Après une phase d'expansion considérable comprenant aussi bien des rachats que des créations à travers le continent, les banques marocaines "lèvent le pied" depuis 2014, selon Jean-Marc Velasque. "Elles sont désormais dans une recherche de stabilité. Les résultats financiers sont bons et les investissements sont plus raisonnables", précise-t-il. Parmi leurs points forts, des prix "tirés vers le bas", des offres avantageuses vis-à-vis de la classe moyenne, mais aussi face à des sociétés étrangères désireuses de s'implanter sur des marchés émergents, pour qui elles incarnent désormais "un acteur de référence". "La stratégie des banques marocaines vise à étouffer le marché", conclut Jean-Marc Velasque.

Les banques françaises en retrait hormis la Société générale

Du côté des vieilles dames que sont les banques françaises, l'enquête BSEM 2015 de Nouvelles Donnes confirme leur "érosion progressive" sur les marchés subsahariens. Il faut dire que la concurrence y est forte et que la prudence est de mise depuis la crise financière de 2008. "L'Afrique est une équation compliquée pour les banques françaises ou européennes. Elles sont tiraillées entre la volonté de conquête de marchés à fort potentiel et des règles de conformité de plus en plus lourdes, avec des objectifs de gestion du risque permanents et obsessionnels", souligne Pierre-Antoine Balu, associé PwC pour l'Afrique francophone. Si le Crédit agricole se désengage depuis une dizaine d'années et que BNP Paribas s'est séparée de nombreuses filiales, la Société générale - qui conserve son leadership en Côte d'Ivoire et au Cameroun - a toutefois dévoilé de fortes ambitions en avril. Arguant de son "fort ancrage historique", elle entend multiplier les acquisitions, les ouvertures d'agences ou de filiales, ou développer les services bancaires par téléphone.

De nouveaux acteurs : les banques régionales

Sur sa route, la Société générale doit désormais compter avec de nouvelles structures : les banques régionales. Portées par la croissance en Afrique francophone et particulièrement en Afrique de l'Ouest où elles sont plus nombreuses, les banques régionales tissent leurs réseaux à vive allure. Parmi elles, la burkinabè Coris Bank, NSIA Banque Côte d'Ivoire, la Banque de développement du Mali ou encore la gabonaise BGFI et la camerounaise Afriland First Group. Ces groupes expansionnistes sont confrontés à trois défis, selon l'économiste Paul Derreumaux : "Rattraper le groupe des banques marocaines et françaises, se positionner face aux nouveaux arrivants et s'adapter à la réglementation de la BCEAO (Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest), qui a décidé de doubler le capital de base des banques en le portant à 10 milliards de francs CFA d'ici à la fin 2017." Cette dernière mesure pourrait donner lieu à des fusions et acquisitions au cours des deux prochaines années. En ce qui concerne certains "nouveaux arrivants", Paul Derreumaux, président d'honneur du groupe Bank of Africa, insiste sur la nécessité d'être attentif aux groupes bancaires du Moyen-Orient. "Parce qu'ils disposent de capitaux importants et un focus très fort sur l'Afrique.

De nouveaux arrivants : les Chinois et les Qataris

Signe de cet intérêt : l'arrivée en septembre 2014 de Qatar National Bank, qui est devenue le premier actionnaire de la panafricaine Ecobank. L'Afrique francophone, dont le "principal atout" est sa "performance en matière de croissance" selon Paul Derreumaux, aiguise cependant l'appétit d'acteurs bancaires de plus en plus diversifiés. Tout récemment, le 12 octobre, a été inaugurée à Brazzaville la Banque sino-congolaise pour l'Afrique (BSCA), la première joint venture à l'international de Agriculture Bank of China (ABC). En mars 2015, la Banque nationale du Canada est quant à elle entrée au capital du groupe ivoirien de bancassurance NSIA. "Tout le monde fourbit ses armes", note Pierre-Antoine Balu. "Des start-up ou des filiales de grands groupes cherchent à se positionner sur les services financiers par téléphone, dont l'Afrique francophone est en train de devenir un laboratoire intéressant. On voit trois types d'acteurs, les opérateurs télécoms, les banques et les start-up", explique-t-il.

Promouvoir l'éducation financière

Ces projets cherchent notamment à contrer la figure peu rassurante de la banque, pour cette large part de la population qui ne possède pas de compte bancaire. Car si le secteur bancaire est l'un des moteurs de la croissance - les actifs des banques augmentent de plus de 15 % par an en Afrique subsaharienne selon l'agence de notation Moody's -, il doit aussi participer davantage au développement du secteur privé. "Les banques ouest-africaines affichent un retard en matière de bancarisation ou de distribution de crédit", constate Paul Derreumaux. "La plupart des petites entreprises ne font pas appel au crédit bancaire, selon nos collègues africains", renchérit Michel Vermaerke, administrateur général de Febelfin (Fédération belge du secteur financier). Cette structure fait partie de la vingtaine d'associations nationales et régionales qui composent l'Union bancaire francophone (UBF). "On a réalisé qu'il y avait dans chaque pays des problèmes de financement des jeunes entrepreneurs et d'accès aux services bancaires", reprend-il. Parmi ses missions, l'UBF cherche ainsi à promouvoir l'éducation financière à travers des programmes francophones. "La collaboration au sein de notre réseau se décline notamment à travers l'échange d'informations, de bonnes pratiques et d'outils de pédagogie. Il s'agit de mettre en place une stratégie d'éducation financière adaptée aux besoins spécifiques dans chaque pays", souligne Benoît de La Chapelle, directeur général délégué de la Fédération bancaire française. Assurément de nouvelles pistes pour renforcer le marché bancaire francophone.



Source : afrique.lepoint.fr


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