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Et ces Hommes qui ont couché pour réussir... On en parle ?

  Société, #

 

La promotion canapé est désormais un sport unisexe. Où le plus cynique des deux n’est pas toujours celui qu’on croit. Trois prétendants nous confient comment ils ont couché pour réussir.

 

Cette place, ils en rêvaient. Ils ont fait ce qu'il fallait pour l'obtenir, notamment simuler le désir ou l'amour. Payer de leur corps. Certains en ressentent de la culpabilité, d'autres une jubilation un peu perverse. Mais aucun ne regrette. Si ces moyens semblent peu glorieux, et même moralement contestables, ils n'ont rien de surprenants, selon le sexothérapeute Alain Héril, qui résume : « Compétition, consommation et performance, qui sont les fondements de notre économie, revêtent plusieurs formes dans notre société, et le sexe peut être une d'entre elles. Notamment dans les entreprises qui fonctionnent sur le principe tacite de "la fin justifie les moyens". »

 

Rien de bien nouveau, certes, sauf qu'aujourd'hui les rôles sont devenus interchangeables, les femmes accédant progressivement aux postes à responsabilité. « Cela nous confère le même pouvoir et, donc, les mêmes projections et convoitises, confie Claire, 42 ans, directrice des affaires financières d'une société informatique. Je ne suis pas dupe des numéros de charme des uns et des autres, certains pourraient se faire plus entreprenants si je leur envoyais les bons messages. Ça ne m'intéresse pas, je sais que certaines en profitent, chacun place sa ligne rouge suivant ses valeurs. »

 

Sophie, ancienne directrice des programmes d'une chaîne de télévision privée qui, elle, a laissé franchir cette limite, s'en souvient comme d'une « agréable récréation qui a profité aux deux parties. J'étais à une période compliquée de ma vie, cette histoire m'a apporté de l'air et, en plus, ce jeune homme avait un super potentiel professionnel. Je savais que je pouvais lui faire confiance côté discrétion... Bref, je suis contente d'avoir été son booster de carrière et d'avoir pris du bon temps avec lui ». Certes, les rôles s'inversent, mais pas les règles du jeu. Elles exigent toujours de part et d'autre autant de discrétion et d'habileté. La preuve avec trois témoignages troublants de vérité.

 

 

VLADIMIR, 34 ANS, DIRECTEUR D'UN GROUPE D'AGROALIMENTAIRE : "ELLE A ÉTÉ CASH : JE LUI PLAISAIS"

 

Je plafonnais dans ma boîte depuis un an, et c'était d'autant plus dur à avaler que j'avais été « chassé » et embauché en tant que pièce majeure d'un nouveau dispositif ultra-performant. Mais je stagnais sous les ordres d'un directeur qui considérait qu'il ne fallait rien brusquer. Et puis Lauren est arrivée. Elle venait de Philadelphie et prenait la tête de mon département, avec mon directeur directement sous ses ordres. C'était une très jolie femme, une blonde sophistiquée à l'américaine, directe et souriante mais assez glaciale. Elle nous a convoqués un par un. Lorsque mon tour est venu, j'ai joué le tout pour le tout et lui ai fait part de tout ce qui aurait pu être amélioré dans le service. Elle buvait mes paroles. Quinze jours plus tard, je recevais un e-mail me demandant de déjeuner avec elle. Ça a été un déjeuner de travail épuisant et passionnant.

 

J'ai tout de suite compris que cette femme fonctionnait comme un homme, même si l'expression est un peu idiote. Elle aime le pouvoir, elle est très frontale dans sa communication, et blindée au niveau émotionnel. Nous avons poursuivi notre discussion stratégique autour d'un verre le soir même. Elle a été cash : je lui plaisais, elle n'avait ni le temps ni l'envie de développer une relation sentimentale, mais si je voulais passer des weekends de décompression avec elle, ce serait avec plaisir. Elle a ajouté que si je n'étais pas intéressé, cela ne changerait rien car elle comptait me nommer quand même à la place de mon directeur, qu'elle allait licencier.

 

 

J'étais sonné.

 

 

Ma petite voix intérieure m'a aussitôt dit que si je ne passais pas quelques week-ends avec elle, les choses ne seraient pas aussi simples. Je me suis donc empressé d'accepter. Et j'ai découvert le sexe « made in USA » lors de notre première escapade à Rome : pas de sexe oralet de longs préliminaires à base de massages, ce que je déteste. Hygiène irréprochable, pilosité sous haut contrôle, et une sorte de souplesse et d'endurance de gymnaste qui me faisait me féliciter de faire mes 50 km à vélo chaque week-end. Je ne peux pas dire que je n'ai pas eu de plaisir, mais je ne me suis pas éclaté non plus. Je me sentais sous surveillance, et une ou deux fois j'ai déclaré forfait, ce qui, m'a-t-elle dit, l'a attendrie. En réalité, je la soupçonne d'avoir pris plaisir à mesurer l'étendue de son pouvoir sur moi. Notre « affair », comme elle disait, a duré environ huit mois. Entre-temps elle m'a donné carte blanche pour faire prendre une nouvelle orientation au département. C'est elle qui a mis fin à notre liaison, elle voulait se perfectionner en chinois et se recentrer sur son travail. Nous avons depuis de très bonnes relations mais uniquement professionnelles, il n'y a jamais eu de vraie intimité entre nous. Finalement, c'était du business et c'était clair pour nous deux.

 

 

ADRIEN, 41 ANS, DIRECTEUR D'UNE ASSOCIATION : "JE ME SUIS CONDUIT COMME UN SALAUD"

 

Je venais d'être embauché comme chargé de mission dans une association d'utilité publique et j'ai vite compris que si je ne me démarquais pas autrement que par mon travail, je continuerais à vivoter. Nous étions quinze salariés, l'ambiance n'était pas mauvaise, mais elle aurait pu être meilleure. Surtout, nous aurions pu être bien plus efficaces avec un directeur plus motivé et compétent. Celui-là était en outre en conflits réguliers avec la présidente de l'association. Et quand j'ai assisté à un de leur clash, je me suis dit qu'il y avait une carte à jouer : séduire la présidente et lui montrer que j'étais un candidat sérieux au remplacement du directeur.

 

Je me suis débrouillé pour avoir des infos sur elle : divorcée depuis trois ans, elle vivait seule avec sa fille de 6 ans. Elle avait 36 ans, moi 28. Elle n'était pas spécialement mignonne ni sexy, plutôt le genre souris de bibliothèque, effacée et classique, limite vieillotte. Je me suis dit que si je la rendais amoureuse de moi, elle me ferait nommer directeur. Cela m'a pris six mois.

 

 

 

Je me suis débrouillé pour paraître timide et qu'elle fasse le premier pas. Ensuite, j'ai joué l'amant passionné et je l'ai rendue accro. Elle m'a dit qu'elle n'avait jamais éprouvé de telles sensations.

 

 

Cela me rendait fier et m'inquiétait un peu aussi, car je pensais déjà à la façon dont je devrais me désengager... Ma stratégie a fonctionné, car j'avais mis le paquet en préparant un grand projet de réorganisation de l'association. Elle a convaincu les administrateurs que j'étais l'homme providentiel et que ma jeunesse était un atout. J'ai été nommé directeur. Le problème, c'est que Nathalie se faisait de plus en plus pressante. Notre relation a duré encore quatre mois après ma nomination. C'est lorsqu'elle a voulu me présenter à sa fille que j'ai dit que je n'étais pas prêt à endosser ce rôle et qu'il ne fallait pas jouer avec l'équilibre d'un enfant. Ce qu'elle a fini par comprendre, après des semaines de supplication. Je ne me suis jamais senti aussi mal de ma vie. Je m'étais conduit comme un salaud. Un parfait salaud, voilà ce que j'étais. Et voilà ce que je ne serai jamais plus, pour rien au monde.

 

 

LAURENT, 37 ANS, PRODUCTEUR AUDIOVISUEL : "JE JOUAIS LE "REBOOSTER" D'EGO"

 

A la fin de ma formation, je galérais pour trouver des stages et enchaînais les petits boulots. Jusqu'au jour où mon voisin de palier m'a dit que la boîte de sa copine, comptable dans une société de production, cherchait deux stagiaires. C'était l'occasion où jamais !

 

Dès que j'ai mis le pied dans l'entreprise, j'ai perçu une ambiance tendue, très concurrentielle. Les gens se saluaient à peine ou aboyaient dès que quelque chose n'allait pas. L'autre stagiaire avait l'air aussi « affamé » que moi, et il avait un avantage : il avait accumulé des super stages en gestion de production. Cela m'a affolé. Quinze jours après mon arrivée, j'étais présenté à Mona, la directrice. J'ai été impressionné par cette femme très belle et sûre d'elle, stylée, qui menait son monde à la baguette. J'ai travaillé comme un fou, sans compter les heures ni les week-ends. Et puis j'ai appris, toujours via la copine de mon voisin, que la boîte allait embaucher un de nous deux. J'ai d'abord pensé que je n'avais aucune chance, mais le hasard a bien fait les choses.

 

Un dimanche soir, je me suis retrouvé seul avec Mona. J'étais dans son bureau en train de chercher un dossier quand elle a fait irruption, en pleurs. J'étais tétanisé, j'ai voulu sortir, elle m'a fait signe de ne pas bouger. Elle s'est assise à mon bureau et m'a demandé de lui préparer un thé. Je me suis exécuté, très mal à l'aise. Elle a bu son thé et m'a raconté son histoire. Une histoire banale et triste, de tromperie. Et puis au thé a succédé du vin, et je me suis retrouvé à embrasser cette femme de quinze ans mon aînée, tout en me disant que ça allait me servir ou signer mon arrêt de mort. Nous avons pris un dernier verre chez moi et passé la nuit ensemble.

 

Cela a été le début d'une liaison qui a duré trois mois.

 

 

 

Je ne la désirais pas spécialement, je n'étais pas amoureux, mais je jouais le confident, le « rebooster » d'ego.

 

 

Je lui écrivais des petits mots, lui faisais livrer des fleurs. Jusqu'à ce que ce qu'elle pardonne à son compagnon. Personne ne s'est aperçu de rien. J'ai senti que j'avais remporté la partie le jour où elle m'a annoncé qu'elle reprenait la vie commune avec lui et m'a dit : « Je n'oublierai pas le bien que tu m'as fait. » Non seulement j'ai été embauché, mais j'ai sauté deux échelons d'un coup. Je n'ai pas honte, elle s'est autant servie de moi que moi d'elle.

 

 

L'AVIS DU PSY : "DANS L'ENTREPRISE, CHACUN EST L'OBJET DE L'AUTRE"

 

  • Marie Claire : La promotion canapé au masculin est-elle une expression de l'égalité entre les sexes ou juste de la marchandisation de la sexualité ?

Alain Héril* : L'utilisation de la sexualité pour servir son ambition a toujours existé. Ce qui est nouveau, c'est qu'elle ne soit plus l'apanage des femmes. Comme les femmes sont plus nombreuses à des postes de pouvoir, les rôles peuvent s'inverser. Dans tous les cas, cela correspond à une utilisation de la sexualité qui raconte ce qu'est l'entreprise : un monde où chacun est l'objet de l'autre, régi par la notion de plus-value.

 

  • Il semblerait que les hommes qui couchent pour réussir le vivent en « chasseurs », alors qu'ils sont, de fait, en position d'infériorité...

Lorsqu'un homme amène une femme dans son lit, il reste, dans l'inconscient collectif masculin, le conquérant. Il est également celui qui remporte la victoire sur ses rivaux. Il est, dans son imaginaire et dans celui des autres hommes, le vainqueur. Dans cette perspective, coucher pour réussir n'est donc pas pour lui un motif de honte ni une perte de sa puissance symbolique. Alors que dans l'inconscient collectif féminin, cela le renvoie au statut de « proie »...

 

  • Quelles sont les motivations des femmes qui acceptent qu'un homme se serve d'elles pour réussir ?

Il peut s'agir du désir d'affirmer son pouvoir sur l'autre, de pratiquer une sexualité ludique ou purement sexuelle, celle qu'on prête traditionnellement aux hommes de pouvoir. Mais il se peut aussi qu'elles soient abusées par un comportement habilement séducteur, qui simule le désir et l'amour. Lorsque la femme découvre qu'elle a été utilisée, elle peut restaurer son narcissisme en retournant la situation à son avantage. Elle peut toujours dire et se dire qu'elle était en position dominante, donc de choix, et que c'est elle qui a « eu » l'autre.

 

 

(*) Psychothérapeute et sexothérapeute, auteur d’« Aimer » (éd. Marabout).

Par Louise Malder


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