George Zimmerman, l'Américain acquitté en 2013 du meurtre du Trayvon Martin, 17 ans, aurait vendu le pistolet utilisé pour tuer le jeune homme. Selon l'ancien vigile de quartier de Stanford, en Floride, " il s'agissait d'une occasion unique d'acquérir un fragment de l'histoire américaine ". La vente aux enchères s'est conclue mercredi soir aux États-Unis, ravivant les polémiques et parachevant la réputation sulfureuse du personnage.

L'issue de cette mise aux enchères soulève encore quelques questions. Parmi les 10 profils participant à la vente en ligne, certains, comme Alex White ou John Smith, auteur de l'ultime offre à hauteur de 138 900 dollars, avaient d'ailleurs été temporairement supprimés par le site. Le sérieux de ces participants est d'autant plus remis en question que certains commentaires revendiquaient avoir falsifié la vente.

Un communiqué de United Gun Group, le site qui a hébergé la vente, affirmait cependant après la clôture des enchères que Georges Zimmerman examinait les offres et les fonds des acheteurs déclarés. En parallèle de l'enchère publique menée sur le site, une autre a été organisée auprès d'acheteurs pré-sélectionnés. L'acheteur réel de l'arme, dont l'identité n'est pas connue, pourrait avoir préféré cette voie.

Des enchères qui ravivent les tensions raciales

La mise aux enchères du pistolet utilisé pour le meurtre de Trayvon Martin a connu son lot de r ebondissements. Un premier site de vente en ligne, GunBroker, avait fait machine arrière jeudi dernier, refusant d'accueillir les enchères par crainte de la mauvaise publicité. Le représentant de l'United Gun Group n'a pas eu les mêmes scrupules. Il a déclaré que " contrairement aux réseaux sociaux comme Facebook, leur site ne cherchait pas à dicter aux gens leur conduite morale ", mettant en avant la liberté fondamentale des citoyens et le respect strict de la loi.

Le site n'avait pas réussi à bloquer les piratages lors d'une première vente. En moins de 24 heures, plus de 1 000 offres avaient été faites, atteignant très vite des sommes astronomiques de plus de 65 millions de dollars. Des offres provenant de profils fictifs utilisant des pseudonymes comme Tamir Rice, en référence au garçon noir de 12 ans abattu par la police en novembre 2014 parce qu'il jouait avec un pistolet en plastique, à Cleveland.

Provocations, violences et insultes racistes

La mise aux enchères de l'arme qui a tué Trayvon Martin a suscité des commentaires virulents à l'encontre de George Zimmerman. Alors que cette affaire et l'acquittement prononcé par la justice américaine en 2013 avaient déjà ravivé les tensions raciales dans le pays, l'ancien vigile de quartier est devenu le nouveau symbole d'une Amérique raciste et décomplexée dans son rapport aux armes, et prête à tout pour se faire entendre. Lors de l'annonce de cette mise aux enchères, l'Américain avait notamment évoqué les dons qu'il ferait aux forces de l'ordre du pays, victimes selon lui de violences de la part du mouvement Black Lives Matter. Un mouvement qui dénonce la brutalité des forces de l'ordre vis-à-vis des Noirs...

Sans complexe, Geroge Zimmerman n'a pas hésité dans une interview donnée au Daily Beast mercredi, à blâmer les parents de l'adolescent, qui, selon lui, " n'ont pas bien éduqué leur fils. " Ils ont répliqué sur CNN, dénonçant le comportement du meurtrier de Trayvon et évoquant leur propre combat contre le port d'armes aux États-Unis.

George Zimmerman n'en est pas à sa première provocation. Sur Twitter, en 2015, il avait créé un autre scandale en qualifiant le président Obama de " babouin ignorant " et en se vantant d'avoir tué Trayvon Martin. Celui qui a également fait l'actualité pour des violences domestiques à l'encontre de sa compagne (échappant une nouvelle fois aux poursuites) est en passe de devenir une des personnes les moins fréquentables des États-Unis.