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Girma Beyene, retour d'un vétéran du groove d'Abyssinie

  Musique, #

Les amateurs d'éthio-jazz se sont frotté les yeux en lisant la nouvelle : Girma Beyene, dont on retrouve le nom sur les pochettes de vinyles et dans les notes érudites de la collection de compilations Ethiopiques, revient sur scène. Vendredi, l'arrangeur, pianiste et à l'occasion chanteur sera l'invité d'Akale Wube, groupe parisien qui s'est lancé avec passion dans le groove d'Abyssinie.

Dans le local où ont commencé les répétitions, Girma, à 70 ans passés, retire ses lunettes noires qui lui donnent un air de Ray Charles et répond aux questions en attachant à chaque nom de musicien cité la mention "good friend". "J'ai appris le piano d'oreille, sans professeur, explique-t-il. A 20 ans, j'ai été admis au sein du Ras Band, l'orchestre rattaché au Théâtre national." Ses influences : "Ce qu'on écoutait à la radio : Elvis, Nat King Cole, Sam Cooke, Jackie Wilson..." Pendant les années 60 et 70, âge d'or de la production discographique en Ethiopie, il arrange des dizaines de titres, et rivalise avec Mulatu Astatke, lui aussi "good friend". Dans le volume 7 des Ethiopiques, la collection lancée par le producteur français Francis Falceto, on découvre quatre superbes titres soul de 1967, seules traces de sa carrière de chanteur. "Ils ont été enregistrés par mon ami le producteur Amha Eshete lors de la même séance, et ont donné lieu à deux 45-tours. Une des chansons était une commande pour un concours de beauté."

D'autres formations suivront, dont le Girmas Band et, dans les années 70, le Wallias Band, qui enflamme les nuits de l'hôtel Hilton avec son chanteur vedette, Mahmoud Ahmed. C'est ce groupe qu'Amha Eshete, entre-temps exilé à Washington, choisit pour la première tournée de musiciens éthiopiens aux Etats-Unis. Nous sommes en 1981, sous le régime marxiste du lieutenant-colonel Mengistu. Et la moitié du Wallias ne rentre pas au pays. Dont Girma Beyene, qui refuse de donner un sens politique à sa défection : "C'était naturel pour moi, ma fille et mon petit-fils vivaient là-bas." Il réfute aussi tout démêlé avec la censure éthiopienne : "Je n'ai jamais écrit que des chansons d'amour."

Dans son pays d'accueil, la musique devient vite "un job à temps partiel. Je gagnais ma vie dans une station-service." C'est sur la Côte Est que Francis Falceto retrouve sa trace, et l'interviewe pour nourrir les livrets des Ethiopiques. En 2008, il invite Girma à un festival à Addis-Abeba. Le musicien décide de rester dans la capitale éthiopienne et de se remettre au piano. "J'ai arrêté la musique pendant quinze ans mais j'y ai repris goût. J'ai deux projets. D'abord avec Akale Wube, pour ce concert à Paris et, j'espère, d'autres ensuite. Et nous travaillons à une réunion du Wallias Band. Le 22 août, j'ai joué avec ceux qui vivent en Ethiopie, reste à faire la jonction avec ceux restés aux Etats-Unis."

Et vendredi au Studio de l'Ermitage, aurons-nous le bonheur de l'entendre chanter ? L'homme ouvre la bouche pour répondre mais se ravise, avec un éclair de malice dans les yeux : "Venez au concert, ça sera la surprise."



Source : next.liberation.fr


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Astou
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