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Guinée - "Nos jeunes ont du talent" : bilan d'une consultation inédite

  Société, #

Soixante-dix jours. C'est le temps qu'il aura fallu pour cette première consultation nationale de la jeunesse guinéenne, intitulée " Nos jeunes ont du talent ". Elle s'est achevée sous l'égide du président Alpha Condé. Les huit commissaires régionaux, la commissaire générale, Marlyatou Barry, et les autres acteurs du programme se sont entretenus avec la jeunesse guinéenne sur ses préoccupations mais les 70 jours ont été jugés relativement court en termes de délai par Omar Camara, l'un des rapporteurs du projet. " Se rendre deux jours dans un quartier, ce n'est pas assez pour que la jeunesse puisse s'exprimer. Je pense qu'il aurait fallu un mois de consultation intense ", confie ce juriste de profession.

Vingt doléances jugées prioritaires

En ce jour d'août, dans la salle du Palais Mohamed VI, tour à tour, le ministre de la Jeunesse et de l'Emploi des jeunes, Moustapha Naïté, la commissaire générale de la consultation, Marlyatou Barry, le consultant du programme, Claudy Siar, le chef de l'État, Alpha Condé et d'autres ont exposé à l'auditoire le résultat de ces deux mois et demi de travaux. Au total, ce sont 20 doléances jugées prioritaires, qui ont été retenues et transmises en main propre au président Alpha Condé à la fin de cette cérémonie de clôture.

Au total, ce sont 15 500 appels téléphoniques qui ont été reçus pour 12 000 dossiers de candidature déposés pour les fonctions de commissaires et de rapporteurs nationaux et régionaux. La diaspora n'a pas manqué à l'appel. Elle s'est vu attribuer un commissaire au même titre que les régions du pays. " Sur ces 12 000 postulats, ce sont 2 000 jeunes qui ont été retenus pour conduire le processus de consultation sur l'ensemble du territoire ", déclare Ibrahima Barry, le secrétaire général du ministère de la Jeunesse. Lors des concertations, plus de 48 000 jeunes ont été approchés. Comme l'a rappelé Séraphine Wakana, coordinatrice du Programme Nations unies pour le développement en Guinée, la tranche d'âge concernée par cette initiative, les 15-35 ans, représente à elle seule, 74 % de la population totale du pays. À ce titre, " la jeunesse est l'avenir et le présent du continent, il est temps que les vieux briscards, que les dirigeants comprennent que s'ils ne s'adressent pas à cette jeunesse, s'ils ne l'écoutent pas, s'ils ne profitent pas de cette énergie [...], s'ils ne prennent pas en compte la tranche la plus importante de la population, après tout ce que nous avons vécu (esclavage, colonisation, frontières héritées à la décolonisation), cela ne pourra pas fonctionner ", a souligné Claudy Siar au Point Afrique. " Je vois en Afrique des forums qui s'organisent à coût de millions d'euros, on approche des dizaines de millions d'euros pour deux ou trois de festivités. Pour nous, le travail a commencé au moins un mois et demi avant le 25 mai. Et du 25 mai jusqu'à aujourd'hui, il y a eu beaucoup d'énergie et très peu de moyens financiers ", a-t-il ajouté. D'après M. Naïté, le coût de l'initiative s'est élevé à 1,5 million d'euros.

Moustapha Naïté, ministre en charge de la Jeunesse et de l'Emploi des Jeunes. © FD

Des attentes identiques...

Dans un pays où la scolarité n'est pas obligatoire, l'accès à la formation figure parmi les problématiques les plus relevées au cours des rencontres avec les jeunes Guinéens. L'accès à l'emploi est également un besoin majeur pour les jeunes qui sont les plus touchés par le chômage. 60 % des 15-35 ans sont inactifs en raison d'une " inadéquation entre les formations et le marché de l'emploi ", précise le ministre de la Jeunesse et de l'Emploi des Jeunes, Moustapha Naïté. Les soins de santé, l'accès au logement et aux transports, sont d'autres problématiques qui ont été soulevées lors des rencontres. " On peut noter que ces attentes sont finalement celles de tout le peuple de Guinée. Tant elles couvrent l'ensemble des domaines de la vie de la Nation. Elles rejoignent et complètent des politiques sectorielles du gouvernement ", dixit le président Condé, lors de son discours à la fin de la cérémonie.

... avec des préoccupations différentes selon les lieux

Qu'ils vivent en zone urbaine ou en espace rural, dans la capitale ou une autre ville importante de Guinée, les réalités au quotidien varient en fonction de l'environnement. Cela a été observé par Marlyatou Barry, la commissaire générale et ses pairs, lors des différents échanges avec la jeunesse. " La région de Mamou nous a demandé de réhabiliter l'usine de l'USOA [NDLR : usine d'outillage agricole]. N'zérékoré nous parle de magasins céréaliers, pendant que Conakry parle d'insécurité, les autres régions ne font pas de cela une priorité. Donc, la délinquance n'est pas une préoccupation qui concerne l'ensemble des régions du pays ", a-t-elle ajouté.

" Des devoirs envers cette mission "

Au nom de la jeunesse de Guinée, la commissaire générale a pris l'engagement de poursuivre la mission civique déjà entamée avec cette consultation. " En contrepartie des doléances que nous avons exprimées, nous nous sommes consultés et avons conclu que si nous avons des droits, nous avons également des devoirs envers cette mission. C'est pourquoi nous avons pris des engagements. Nous, les jeunes de Guinée, nous nous engageons à participer à des actions de développement et d'intérêts communautaires dans nos collectivités à raison de deux heures par mois. Participer de façon responsable via une cotisation financière symbolique de 1 000 francs guinéens par mois dans le but d'alimenter un fond destiné à financer des projets en notre faveur. Participer à l'intérêt et aux objectifs de développement durable pour une Guinée émergente. Soutenir la création d'un comité de suivi pour la mise en œuvre des résultats de la consultation nationale de la jeunesse. " Du côté des autorités, le ministre Naïté a parlé de " nouveau départ, parce que aujourd'hui, le Président s'est engagé devant la Nation, devant cette jeunesse guinéenne à prendre en compte ses doléances. Et il a insisté sur le fait que cette prise en compte sera faite de façon progressive et c'est ce qui est important. Aujourd'hui, c'est une renaissance, c'est l'espoir qui renaît chez les jeunes. Savoir que, désormais, ils sont écoutés et que des politiques publiques seront menées en leur faveur, c'est l'enjeu et l'exploit de cet exercice de cette grande consultation. "

La patience comme mot d'ordre

" Je voudrais lancer un appel à tous les jeunes et les appeler à la patience dans la mesure où le Président et les autorités nous ont promis d'étudier nos préoccupations ", a déclaré M. Camara, l'un des rapporteurs du programme " Nos jeunes ont du talent ". Les effets de la consultation ne seront pas visibles du jour au lendemain et le ministre de la Jeunesse et de l'Emploi des jeunes l'a fait savoir. " Il est difficile de prendre en compte dans un avenir immédiat ses besoins exprimés, mais la prise en compte sera progressive. Il y a des besoins urgents auxquels nous devons faire face et nous y ferons face. Il y a des besoins par localité qui nécessitent une réponse immédiate, à long terme, à court terme et à moyen terme. " Tout cela a été organisé par et pour les jeunes dans le but " de réfléchir à des politiques publiques qui leur seront destinés. " Quoiqu'il en soit, alors que les candidats à la présidentielle fourbissent leurs armes électorales, cette consultation aura eu l'avantage d'éclairer l'opinion guinéenne sur les réalités complexes vécues par les jeunes. De quoi leur permettre d'être concrets dans leurs propositions en direction de la jeunesse.



Source : afrique.lepoint.fr


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Sasha
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