Dans un contexte de défiance entre l'opposition et le pouvoir, l'élection présidentielle du 11 octobre prend des allures de test démocratique pour un pays habitué à une succession de régimes militaires.

Il y a 57 ans, la Guinée devenait indépendante vis-à-vis de la France, l'ancienne puissance coloniale dirigée par le Général de Gaulle.

Histoire des indépendances

Le 28 septembre 1958, Sékou Touré a refusé d'entrer dans la Communauté française, entraînant avec son refus un vent d'indépendance qui devait souffler dans toute l'Afrique.

L'indépendance de la Guinée, deux ans avant les autres pays de l'Afrique Occidentale Française (AOF), est devenue un symbole de liberté pour de nombreux pays africains et une référence dans l'Histoire postcoloniale.

Régimes militaires

La République de Guinée a d'abord été dirigée d'une main de fer par son premier président Sékou Touré jusqu'à sa mort en 1984.

Fervent défenseur de l'unité africaine, le régime du président Touré a été vivement critiqué pour ses pratiques autoritaristes copiées à l'Union soviétique.

Mécontentements, critiques et protestations conduiront le régime à se durcir à partir du milieu des années 60 et finalement à se transformer en dictature.

Il sera remplacé par une éphémère transition renversée par le Général Lansana Conté qui a introduit le multipartisme en 1993.

Il a dirigé le pays de 1984 à sa mort en décembre 2008.

Le Capitaine Moussa Dadis Camara s'est emparé du pouvoir à la tête d'une junte militaire deux jours après la mort du président. Il a par la suite fait emprisonner le gouvernement de transition.

Massacre du 28 septembre 2009

Alpha Condé , premier président démocratiquement élu de la Guinée en 2010, est candidat à sa propre succession.Face à lui, sept autres candidats :

• Cellou Dalein Diallo de UFDG, Sidya Touré de l'Union des Forces Républicaines (UFR),
• Lansana Kouyaté du Parti de l'espoir pour le développement national (PEDN),
• Papa Koly Kourouma de la Génération pour la Réconciliation, l'Union et la Prospérité (GRUP),
• Georges Gandhi Tounkara de l'Union guinéenne pour la démocratie et le développement (UGDD),
• Faya Lansana Millimono du Bloc libéral (BL)
• Marie Madeleine Dioubaté du Parti des écologistes de Guinée (PEG).

Le 28 septembre 2009, des mouvements civils organisent une manifestation pacifique pour demander à Dadis Camara de respecter sa parole et de ne pas se présenter aux présidentielles.

Les militaires ouvrent le feu sur les manifestants faisant plusieurs centaines de morts.

Dans un rapport détaillé publié le 17 décembre 2009, Human Rights Watch (HRW) fait état de " meurtres, agressions sexuelles et autres abus perpétrés pour la plupart par des membres de la Garde présidentielle guinéenne".

Le HRW a déterminé un nombre de victimes décédées se situant probablement entre 150 et 200.

À la suite du tollé général soulevé par cet évènement, des dissensions apparaissent au sein de la junte et le 3 décembre 2009, le président est grièvement blessé par son aide de camp Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba.

Evacué au Maroc, Dadis Camara est remplacé par le Général Sékouba Konaté, ministre de la Défense et numéro 2 du Conseil national pour la démocratie et le développement.

Elections démocratiques en 2010

Ce dernier accepte le principe d'une transition militaire et organise les élections présidentielles en novembre 2010.

Alpha Condé (candidat du RPG et de l'Alliance Arc-En-Ciel) obtient 52,5 % des suffrages face à son adversaire Cellou Dalein Diallo (candidat de l'UFDG et de l'Alliance des bâtisseurs), qui a fini par accepter les résultats de la cour suprême qu'il avait initialement contestés en raison de soupçons d'irrégularités.

Ressources naturelles

Premier exportateur de bauxite, la Guinée est dotée d'énormes ressources naturelles et d'après le Financial Times, "de certaines des réserves de minéraux les plus convoités de la planète" dont des gisements de minerai de fer très convoité par les firmes multinationales, mais aussi de l'or, du diamant, du pétrole et des quantités indéterminées d'uranium.

Il n'en demeure pas moins que plus de 50 % de la population vit encore sous le seuil de pauvreté, selon les Nations unies, le plus souvent sans eau potable ni électricité.

Reconstruction post-Ebola

Après la crise que la population guinéenne a traversée pendant plus d'un an causée par l'épidémie d'Ebola, le pays se situe à un tournant majeur.

Et ces élections pourraient être déterminantes dans la reconstruction du pays.