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Hailé Gébrésélassié : " J'aimerais me lancer en politique "

  Politique, #

Après vingt-cinq années à courir les stades, l'Ethiopien Hailé Gébrésélassié a pris sa retraite sportive en mai 2015, à l'âge de 42 ans. Sacré champion olympique en 1996 et 2000 sur 10 000 m, l'athlète au sourire permanent est considéré avec ses huit victoires aux championnats du monde et ses 27 records planétaires - dont deux sont toujours en sa possession - comme une légende de l'athlétisme.

Dans un entretien au Monde Afrique, l'écolier qui courait une vingtaine de kilomètres chaque jour pour se rendre en classe revient notamment sur les scandales de dopage et de corruption qui éclaboussent la fédération internationale. Il raconte aussi sa nouvelle vie d'homme d'affaires, loin des stades et de la compétition.

Vous avez arrêté la compétition il y a près d'un an. Que faites- vous aujourd'hui ?

Je gère mes différentes affaires [la fortune amassée au cours de sa carrière est évaluée à 20 millions d'euros]. J'ai en effet plusieurs complexes hôteliers, une ferme d'environ 1 500 hectares, deux écoles qui rassemblent près de 3 000 élèves et plusieurs immeubles à Addis-Abeba.

 

J'ai aussi une plantation de café et je m'intéresse actuellement à une mine d'or, ce qui constitue un nouveau défi. J'ai 1 700 employés dans mes différentes société s et c'est une responsabilité importante.

Dans cette nouvelle vie, trouvez-vous encore le temps d'aller courir ?

Bien sûr ! Je me lève tous les matins à 5 heures et, à 5 h 30 précisément, je pars courir 15 à 20 km, souvent tout seul. C'est un rituel immuable qui me permet de rester en forme. Vous savez, c'est beaucoup moins que lorsque je faisais de la compétition. Quand je m'entraînais pour un marathon, je courrais chaque jour 35 km...

Aujourd'hui, j'arrive à mon bureau à 8 heures et j'y reste jusqu'à 17 heures. Le week-end, je fais souvent la visite de mes hôtels [ils sont situés à Awasa, Shashamané et Ziway, à l'extérieur d'Addis-Abeba] pour voir comment les choses se passent, et je reviens dans la capitale le lundi matin.

La compétition ne vous manque pas ?

Ce qui me manque le plus, c'est le parfum de la course, la foule et le bruit. Mais, dans ma vie d'aujourd'hui, j'ai des motifs de fierté, notamment avec les écoles que j'ai créées il y a quinze ans. Elles proposent des diplômes de médecine et d'ingénierie, et c'est un immense plaisir de voir un jeune issu de mon école être embauché à l'hôpital par exemple. C'est comme un rêve qui se réalise.

J'aimerais aussi me lancer en politique [en 2013, il avait annoncé vouloir entrer au Parlement avant finalement de poursuivre sa carrière sportive]. J'ai envie de changer les choses en Ethiopie afin que mon pays devienne aussi grand et fort que l' Europe ou les Etats-Unis. J'ai envie de dire aux gens : " Levons-nous et faisons-le ! " J'aimerais que les Ethiopiens me suivent et pas seulement... pour aller courir !

Si vous êtes élu un jour, quelle sera votre priorité ?

Ma grande priorité sera l'éducation. Elle ne peut figurer qu'en première place de mon programme. Et quand je parle d'éducation, je parle surtout d'égalité face à l'éducation, d'égalité des chances si vous préférez. Elle doit commencer au jardin d'enfants, comme Nelson Mandela le disait si justement. C'est cette égalité devant la connaissance qui peut apporter la démocratie.

La Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) se retrouve actuellement au cœur de scandales de dopage et de corruption. Quel est votre sentiment ?

Je connais très bien Lamine Diack [l'ancien président de l'IAAF de 1989 à 2015 est accusé d'avoir couvert des contrôles antidopage positifs d'athlètes russes pour financer l'opposition sénégalaise lors des élections de 2012], nous avons été très proches l'un de l'autre. Il a fait pendant longtemps de très bonnes choses pour l'athlétisme. Mais aujourd'hui, il est accusé. Je ne veux pas dire qu'il a fait une erreur ou qu'il n'en a pas fait. L' enquête nous dira la vérité sur tout ce qui s'est passé.

 

Mais je pense que l'IAAF doit être nettoyée des accusations de dopage, de corruption... C'est vrai que j'ai été un peu déçu, parce que la fédération internationale que j'ai connue était très propre. Courir, ce n'est pas seulement gagner des médailles et de l'argent. On ne peut pas gagner à tout prix.

Regardez Lance Armstrong : il est la meilleure illustration de ce que représente la triche. Après des années à gagner, il s'est confessé : " J'ai remporté sept tours de France, mais désolé les gars... j'ai triché ". Il a détruit le rêve de millions de gamins, et je trouve ça très triste.

Pensez-vous qu'il soit possible de boucler un marathon en moins de 2 heures sans se doper ?

On peut faire de la compétition à haut niveau sans prendre de produits interdits et gagner. Quand je courais sur marathon, je disais souvent à mes partenaires d'entraînement : on peut y arriver en moins de 2 h 02. C'était il y a dix ans. Je ne l'ai jamais fait, mais je savais que c'était possible. Aujourd'hui, cela a été prouvé [le record du monde est détenu depuis 2014 par le Kényan Dennis Kimetto en 2 h 02 min 57 s].

Je pense que courir un marathon en moins de 2 heures est possible grâce à l'évolution technique, à l'amélioration des connaissances dans des domaines comme la diétététique, l'étude du sommeil... Il faut évidemment aussi un parcours plat, comme celui des marathons de Berlin ou de Dubaï.

Une chose est sûre : celui qui veut finir sous la barre des 2 heures doit être prêt à s'entraîner très dur, à faire beaucoup de sacrifices, à transpirer, à accepter les blessures... On ne gagne pas de médailles en restant assis à regarder le monde tourner.



Source : Le Monde.fr


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