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Société, # |
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Depuis plusieurs décennies, le téléphone portable a fait son entrée en Haïti et il est identifié comme un besoin. Une bonne partie de la population a fait l’acquisition d’un appareil.
Il est intéressant de constater que l’analphabétisme n’a pas freiné l’engouement des consommateurs.
Même que l’effort d’adaptation aux technologies de la communication demeure constant, malgré la difficulté de comprendre le menu des appareils par une grande partie des consommateurs, parlant uniquement le créole. Le menu de la plupart des téléphones portables peut être lu en français, anglais et espagnol. Cependant, il faut mentionner que non seulement les deux principales compagnies de téléphonie mobile offrent en général un service à la clientèle en créole, mais aussi elles ont un système de codes-outils qui permet une initiation sans échec aux rudiments élémentaires de la téléphonie, tenant compte de la réalité socio-éducative haïtienne.
Comment en Haïti, une personne analphabète arrive à apprivoiser son téléphone portable? Comment l’intelligence, cette faculté d’adaptation, réussit à saisir l’ensemble des procédés relatifs au téléphone portable? D’une part, c’est que les proches offrent de l’aide constamment à ceux ne qui maîtrisent pas le mode opératoire des réseaux de téléphonie et d’autre part, la composition répétitive des codes-outils à la longue aboutit à une mémorisation parfaite des procédés. Mais toujours-est-il, des apprentissages de contingence de grande importance se font, l’analphabète apprend à lier une calligraphie à chaque appelant, sans vraiment lire le mot ou le numéro. L’association des codes-outils et des réponses automatiques finit par créer une reconnaissance visuelle. L’usage du répertoire des contacts dénote qu’il y a une compréhension de l’ordre alphabétique du nom des appelants. L’information visuelle du tableau de bord est très précieuse, les icônes permettent d’identifier des fonctions telles que le courrier, le répertoire téléphonique, les outils, les options média etc. La mémoire visuelle est en puissance, elle crée des compilations d’informations de même type, ensuite elle les associe pour former un agrégat grandissant, au fur et mesure par l’intégration d’éléments nouvellement appris.
L’usage du portable par l’analphabète constitue une initiation au monde de la technologie, il rentre dans un univers où apprendre devient plus facile, il doit interpréter images et sons, en plus de s’initier quotidiennement à la lecture des instructions d’intérêt pécuniaire que sont les offres, les forfaits, rabais… Dans la mesure où le téléphone portable permet d’envoyer et recevoir un message audio numérique, le déficit de lecture et d’écriture de l’analphabète peut être comblé de manière virtuelle. Il peut écouter et voir son message en lettres, voire le répéter au besoin au moyen d’une touche de son clavier téléphonique. Les technologies de la communication traversent les mornes et les rivières et elles modifient le savoir-être et le savoir-faire silencieusement de l’ensemble de la population sans aucune exclusion.
Il n’est absurde de croire que l’analphabétisme et l’«analphanétisme» puissent être vaincus concurremment en se servant des mêmes moyens. Les acteurs significatifs d’Haïti ont donc un outil efficace pour accélérer le développement social. - source: Lydie Bruno | |||
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