La baisse des prix des denrées a affaibli la compétitivité de l'industrie manufacturière et du secteur des services en Afrique. Attirer de nouveaux investissements leur permettrait de se relever, d'après Aida Kimemia, Responsable de l'industrie manufacturière et du secteur des services en Afrique subsaharienne à l'International Finance Corporation (IFC).
" Ce que nous constatons à l'IFC ", explique Aida, " c'est que l'envie d'investir dans l'industrie manufacturière et le secteur des services africains est faible, alors que ces secteurs sont essentiels à la transformation structurelle des économies africaines. L'IFC dirige les investisseurs privés vers des affaires intéressantes dans l'industrie manufacturière et le secteur des services africains, et joue un rôle de catalyseur en mobilisant du capital pour ces secteurs. Sans l'IFC, l'investissement aurait bien lieu, mais pas à son rythme actuel. "
Création d'emplois qualifiés
L' International Finance Corporation est un membre du Groupe de la Banque mondiale et la plus grande institution de développement à vocation mondiale dédiée au secteur privé dans les marchés émergents. L'IFC est présente dans plus de cent pays. L'Afrique est une priorité pour l'IFC dans la mesure où le continent fait face à des défis de taille en matière de développement : un taux de pauvreté élevé, une urbanisation rapide et un besoin de construire une assise industrielle solide.
L'IFC aide à relever ces défis en investissant dans le secteur privé. Au cours de l'année fiscale 2015, les investissements sur le long terme de l'IFC en Afrique ont totalisé la somme de 3,4 milliards d'euros, dont plus de 1,7 milliard mobilisé par d'autres investisseurs. Près de 0,5 milliard a été investi dans les secteurs de l'agroalimentaire et des services et l'industrie manufacturière. " Mon équipe investit dans un certain nombre d'activités de l'industrie manufacturière et du secteur des services qui créent des emplois qualifiés et stimulent la productivité ", affirme Aida.
Un effet multiplicateur
" Lorsque je parle d'emplois qualifiés, j'entends des emplois stables et rémunérés décemment, et qui permettent à beaucoup de sortir de la pauvreté. Investir davantage dans l'industrie manufacturière permettrait d'accélérer le processus de changement structurel pour passer d'économies agricoles limitées (qui sont susceptibles de ralentissement économique) à des économies plus diversifiées et urbaines. Ces types d'économies généreront des emplois qui offriront aux Africains de formidables opportunités d'améliorer leurs conditions de vie. "
Aida continue d'expliquer pourquoi il est impératif d'investir dans l'industrie manufacturière et le secteur des services : " L'industrie manufacturière est reliée à de nombreuses chaînes d'approvisionnement, ce qui multiplie l'impact de la croissance et de l'emploi. Dans l'industrie du ciment, par exemple, le ciment est mis dans des sacs, transporté et distribué, vendu par des commerces de détail, et finit par servir à construire des routes, des barrages, des maisons, etc. dans le cadre de projets de construction. D'après nos estimations, un seul emploi dans l'industrie du ciment a un effet multiplicateur de 8 à 10 sur l'emploi indirect dans les autres industries. "
Des facteurs de réussite
Selon Aida, le terrorisme au Nigeria et au Kenya et un évènement comme l'épidémie du virus Ebola en Afrique de l'Ouest exercent une pression sur l'industrie manufacturière et le secteur des services. " Un évènement qui se produit à l'extrémité du continent a des effets désastreux sur l'industrie touristique du reste de l'Afrique, par exemple. Malgré des tendances et évènements négatifs, l'IFC continue de repérer des entreprises viables et productives dans lesquelles investir, et l'Afrique a besoin de ces investisseurs. "
Lorsqu'on cherche à investir dans l'industrie manufacturière et le secteur des services en Afrique, à quels secteurs en particulier faut-il s'intéresser ?
" Les secteurs qui se concentrent sur le dividende démographique. Selon moi, les secteurs qui peuvent satisfaire à la fois les foyers à moyen et faible revenu, qui sont en hausse et qui reconnaissent les activités économiques qui prospèrent à la base de la pyramide, seront ceux qui auront le plus de réussite. Je vois du potentiel dans le secteur de la vente au détail ainsi que dans ceux de la médecine privée et de l'éducation. Ce potentiel pourrait permettre de répondre à la demande grandissante de qualité et de services de santé et d'éducation abordables en complétant l'offre du secteur public. Les entreprises qui ne se contentent pas de s'intéresser aux clients finaux, mais qui cherchent des modèles incluant les foyers à moyen et faible revenu, seront les entreprises africaines de l'avenir. "
PwC envisage une Afrique capable de se nourrir et surtout de générer des revenus pour pérenniser son économie.
L'Afrique a connu une forte croissance économique entre 2000 et 2010. Ces dernières années, le monde des affaires a connu un déclin indéniable.