Devenez publicateur / Créez votre blog


 

Il suffirait de trois fois rien pour que la mode africaine habille tout le monde

  Mode & Beauté, #

Il existe bon nombre d'idées reçues sur l'Afrique, notamment qu'elle a encore tout à construire. Depuis plus d'une décennie, le discours " Africa is the Future " laisse entendre que le continent entre tout juste en phase d'éveil. Nous sommes pourtant bel et bien debout, le dynamisme de la mode sur le continent en témoigne. Comment transformer ce secteur bouillonnant en industrie durable ?

    Une fédération panafricaine de la mode

La mode africaine a besoin d'une union panafricaine de ses fédérations pour poursuivre sa croissance, réunir les syndicats nationaux ou favoriser leur la création. Avec plus d'une douzaine de " semaines de la mode " dans et hors du continent, et parfois deux à trois " semaines " par pays, difficile de s'y retrouver, même pour les initiés. Trop souvent, l'exécution est médiocre, les calendriers peu fiables. Quant aux designers, ils manquent de cadre et de ressources.

A court terme,un calendrier annuel, commun et officiel, permettrait d'éviter les chevauchements constants d'une " fashion week " sur l'autre, et à la presse internationale, aux acheteurs, aux stylistes locaux et aux sponsors de s'y préparer correctement. La Lagos Fashion & Design Week, la Johannesburg Fashion Week ou la Dakar Fashion Week sont déjà leaders et en tireraient profit. Cela servirait aussi de référence pour le reste du continent.

Une fédération aiderait à la normalisation de cet écosystème par la création de labels de qualité, et d'accès aux informations : propriété intellectuelle, ressources financières, documentation et formations. Il est impossible pour une industrie d'émerger d'un système opaque. Les professionnels et les acheteurs ont besoin de savoir qui est qui et qui fait quoi, avec une base de données claire (à l'instar d' AfricaFashionGuide.com, par exemple).

    Les créateurs africains ont besoin de plus de formation

Les meilleures écoles comme la Lisof School of Fashion à Johannesburg, la Vogue Style School au Ghana ou l'Ethiopian Fashion Institute doivent être renforcées pour attirer les créateurs en devenir du continent. Les gouvernements pourraient pousser à la mise en œuvre des programmes mode dans les universités, complétés par des cursus de courte durée pour intégrer plus de jeunes sur le marché du travail dans les prochaines années.

Ce n'est pas irréaliste quand on connaît les habitudes de consommation africaines en matière de vêtements et la relation très particulière des Africains avec les artisans et les tailleurs de proximité. Des ONG et des organisations comme l'ITC Ethical Fashion Initiative, l'AFI Fastrack & Next Gen ou la LFDW Fashion Focus organisent également des formations et créent des emplois à travers le continent ; elles devraient être plus largement célébrées. Pour construire une industrie forte, nous avons besoin de mettre fin à cette conception de la mode folklore, qui ne constituerait pas un emploi à temps plein.

Il n'y a pas assez de médias qualitatifs de niche, spécialisés dans la mode ou le textile sur le continent. L'accès à une information précise est donc compliqué à obtenir pour le consommateur. Il est crucial de renforcer les médias existant en support papier, TV ou Web, tels que StyleMania, Africa Fashion TV, Fashizblack, Spice TV, Africa Fashion Guide, The Style HQ ou HauteFashionAfrica...

En complément d'aides financières, ils ont besoin d'une meilleure distribution, de modèles économiques adaptables à des marchés complexes et en plein essor, et bien sûr de ressources humaines qualifiées, ce qui reste un grand défi. D'autre part, les médias africains généralistes doivent reconnaître la mode comme une industrie essentielle, et lui offrir un tremplin.

    La mode africaine a besoin d'un rendez-vous professionnel saisonnier

Les défilés de mode sont pléthore. Les organisateurs ajoutent parfois des rencontres avec les acheteurs dans leurs programmes, mais il est nécessaire d'avoir au moins un salon panafricain saisonnier, où des partenariats, contrats et négociations peuvent être conduits dans des conditions adéquates. Sur quelques jours, sans défilés et avec une ferme volonté de prendre part à des discussions d'affaires ou des conférences ciblées, les créateurs, propriétaires d'usines et ateliers, acheteurs, expert en communication, journalistes, investisseurs et autres acteurs économiques pourront se rencontrer pour créer des opportunités communes et modeler ainsi l'industrie.

Les questions de financement ne sont pas nouvelles, toute maison de mode fait face aux mêmes types de défis. Cependant, les créateurs africains manquent réellement de structures vers qui se tourner en cas de besoin. Les opportunités et initiatives sont relativement rares. Vlisco a créé son Fashion Fund en 2013, et la South Africa Fashion Week organise avec Renault un concours de talents chaque année. Le magazine Elle en Afrique du Sud aide aussi les jeunes créateurs à démarrer depuis plus d'une décennie. Mais les sommes à disposition restent modestes.

Alors qu'une fédération africaine aiderait certainement à rendre plus de ressources accessibles pour les créateurs et les autres parties prenantes de l'industrie, les capital-risqueurs et business angels doivent être prêts à investir davantage dans notre industrie de la mode pour qu'elle atteigne son plein potentiel. Un concours de jeunes créateurs plus important devrait être organisé chaque année, ainsi que la création d'un fonds de capital-risque afin d'assurer un bon suivi stratégique et financier de nos meilleurs talents.

Laura Eboa Songue est cofondatrice du média Fashizblack.



Source : Le Monde.fr


PARTAGEZ UN LIEN OU ECRIVEZ UN ARTICLE

Pas de commentaire

Pas de commentaire
 
ayo
Partagé par : ayo@Nigeria
Black is beautiful that's my hobby :)
VOIR SON BLOG 69 SUIVRE SES PUBLICATIONS LUI ECRIRE

SES STATS

69
Publications

6430
J'aime Facebook sur ses publications

263
Commentaires sur ses publications

Devenez publicateur

Dernières Actualités

Pas d'article dans la liste.