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Ils donnent un parfum d'Afrique à nos villes

  Business, #

"Akwaaba." Bienvenue, en akan du Ghana, la langue maternelle de Rosena Davis - que tout le monde appelle Rose. Parce que le sens de l'accueil leur est inné, "Akwaaba" est le nom que Rose et Mike Davis ont choisi pour leur société, qui coiffe les magasins Inside Africa, à Lausanne et à Genève. On y trouve produits alimentaires, fou-fou (ou fufu, aliment de base de la cuisine africaine), fruits exotiques ou bière au gingembre. Mais aussi des objets artisanaux et des produits cosmétiques, des mèches et des perruques, ainsi qu'un salon de coiffure. "Chez nous, les clients doivent se sentir à l'aise, relève Rose. Ils sont inside Africa!"

 

Exubérante, bavarde et marrante, Rose est le feu, comme Mike, calme, concentré, précis, est l'eau. Les deux font la paire depuis plus de vingt ans. Ils travaillent ensemble depuis ce mois d'août 1995, où ils tenaient un stand de nourriture lors d'un festival de musique africaine. "Les gens faisaient la queue pendant des heures pour manger chez nous, se souvient Rose. On s'est dit: "Wouaw, ça, c'est intéressant!"

Au régal des festivaliers

"On est allés prospecter du côté du Paléo, se souvient Mike. Comme on n'avait que 10?francs, on s'est contenté d'un riz sauce cacahuète sur un stand africain. Et on s'est dit qu'on pouvait faire mieux." Quelques années plus tard, le riz de M.?Mike, l'igname trois sauces, les bananes plantains et les accras de Mme Rose faisaient les délices des festivaliers sur le terrain, après des débuts difficiles au camping. Même succès au Festival de la Cité, à Lausanne, au Marché de Noël, à l'Afro- Pfingsten de Winterthour, dans les restaurants d'entreprises où ils proposent des semaines africaines et partout où Mike et Rose installaient leur cuisine ambulante.

 

Tombés amoureux de Vevey, les Davis y louaient un petit local pour stocker leur matériel. "C'est là qu'un Suisse, M. Von Burg, ancien boucher, nous a adoptés, se souvient Rose avec émotion. Il est venu nous voir, nous a dit qu'il nous observait depuis un bout de temps, qu'il voyait que nous étions des bosseurs et qu'il voulait faire quelque chose pour nous permettre d'avancer." Il leur propose un local de 250?m2 au centre de Vevey à un loyer raisonnable.

Après avoir hésité, les deux Africains vont s'y épanouir. Divorcée d'un Suisse, Rose travaillait jusqu'alors comme aide de cuisine dans un restaurant valaisan. Elle a le commerce dans la peau: "Au Ghana, mon papa était chef du village, manager dans une imprimerie, ma mère commerçante. J'étais la cinquième de huit enfants, il fallait se battre tous les jours pour survivre. A 9?ans, afin d'aider ma maman, je mettais des articles sur ma tête pour aller les vendre dans les bureaux après l'école. A 14?ans, j'avais mon propre business."

Mike, qui a fui la guerre au Liberia, était réfugié: "Mon père aussi était commerçant, en maïs et tabac. Ici, j'ai fait tous les jobs que j'ai trouvés. Je ne pouvais pas rester sans rien faire. J'allais à pied chercher du boulot." C'est ainsi qu'il débarque un jour à la ferme de Jean-Louis Goël, à Carrouge, en pleine récolte des patates. "On a vu arriver ce jeune homme, prêt à donner un coup de main et qui savait tout faire, se souvient l'ancien député UDC. On s'est liés d'amitié, et depuis, il appelle ma femme Mama Lili." Souriant jusque dans le désespoir, Mike est croyant et tenace: "Dans la vie, on souffre, mais un jour Dieu peut ouvrir grand la porte."

"Dans la vie, on souffre, mais un jour Dieu peut ouvrir grand la porte"

"Notre histoire n'est pas ordinaire, complète Rose. Aujourd'hui, on peut dire qu'on a réussi, mais on a beaucoup travaillé, la nuit s'il le fallait, malgré les échecs, en réinvestissant nos économies car les banques ne voulaient pas nous prêter." Le premier magasin de Vevey n'était qu'une rampe de lancement. Après quelques années et face au succès, le duo cherche une boutique à Genève. Rose s'esclaffe: "On ne savait pas ce qu'était un business plan! Mais on s'est dit qu'on avait des compétences et que Dieu allait nous aider à trouver le chemin."

Ils commencent petit, à la gare de Cornavin. Mais face à leur bon chiffre d'affaires, la régie des CFF leur propose un local à la gare de Lausanne. Agitée par les travaux de transformation, leur affaire ne s'en développe pas moins. Les Davis ont engagé du personnel, voyagent en Afrique de l'Ouest, aux Etats-Unis, à Dubaï ou en Chine pour dénicher leurs produits et ont plein de projets. Devenus Suisses, installés à Corseaux, ils n'oublient pas d'où ils viennent. Pour fêter les 20?ans de leur entreprise, ils viennent de créer l'association Nhyira (bénédiction en akan) dans le but d'ouvrir un orphelinat dans le nord du Ghana. "C'est un projet qui me tient à cœur depuis l'enfance, relève Rose. Nos trois filles grandissent. Si on peut aider les gens de là-bas, il faut le faire. Nous avons déjà acheté un terrain." (24 heures)

(Créé: 09.02.2016, 09h20)



Source : 24heures.ch/


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