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Ils parlent de communautarisme...

  Société, #

Disclaimer : Je rappelle, une fois de plus, ne pas être un agent ni du complot LGBT-Islamo-marxiste-conquérant, ni du choc des civilisations. Je précise également ne pas bosser pour l'establishment, ni pour Daesh ou encore les frères musulmans. Je rappelle encore, pour finir, qu'il est pénible d'avoir à rappeler ces choses là pour être lu car une fois qu'on vous qualifie (sans la moindre preuve) de " faux nez de Tariq Ramadan " ou d'être allié de l'islamisme, vous avez presque perdu...

Il existe des termes qui sont à la mode tellement on les entend. En ce moment, je n'en peux plus de ce mot : communautarisme. Ce serait la cause de tous nos malheurs. Vous cherchiez un dénominateur commun au terrorisme, au machisme " de banlieue ", au chômage, à la précarité, à l'échec scolaire, à la faillite de " l'intégration "? Ne plongez pas le nez dans des études et n'allez surtout pas sur le terrain régulièrement, lâchez juste le mot " communautarisme " : tout le monde comprendra,en se contentant juste d'esquisser un léger rictus d'approbation. Ironie de l'histoire : même si ce mot est dans toutes les bouches, personne ne sait réellement de quoi il est question. Pour caricaturer les discours dominants, on parlera de communautarisme lorsqu'on verra un groupe d'individus " qui ressemblent et donc s'assemblent ". On leur prêtera également un nombre d'intentions jamais vérifiées mais présentées comme des revendications destinées à perturber la paix sociale et l'égalité avec bon nombre de fantasmes pour endormir le peuple. Cela devrait, à priori, concerner tout le monde sauf que, dans les discours ambiants qui n'existent que pour lutter contre le communautarisme, cela ne concerne uniquement des minorités racisées et aucun autre groupe.


Vu que je prêche par l'exemple, je vais faire appel à votre pop culture pour comprendre ce concept foireux. Prenons les héroïnes de Sex & The City; elles pourraient être considérées comme communautaristes. Après tout, il s'agit de 4 femmes hétérosexuelles, élégantes, New Yorkaises, bourgeoises, consuméristes, centrées sur elles... Mais pour l'establishment, ce n'est pas du communautarisme. Par contre, bande de filles, à savoir 4 noires d'origine modeste car " issues des banlieues ", pour l'establishment, c'est du communautarisme. La différence entre les deux ? La liberté : le premier groupe, Sex & The City, composé à 100% de femmes blanches est libre d'exister sans avoir à se justifier sur sa composition alors que le second doit justifier dans son existence le fait qu'il ne compte pas de femmes blanches. Le groupe de femmes racisées est perçu comme un groupe de femmes qui se sont " unies " sur une base ethnique tandis que l'autre apparait comme normal alors qu'il est tout aussi " critiquable " d'un point de vue " diversité ". Par conséquent, privilège blanc oblige, Sex & The City échappe à l'appellation " communautariste " tandis que Bande de Filles ne peut être qu'une horreur de communautarisme. Cette simple comparaison est déclinable à l'infini. Regardez les émissions de TV qui traitent du sujet : le communautarisme, c'est toujours 3 arabes, 3 noirs ou 3 rroms ensemble. Par contre, pas un mot sur 3 blancs ensemble, jamais. Pourquoi ? Parce que c'est le privilège blanc : lorsque le sujet est évoqué, ce n'est jamais sous l'angle blanc qui ne peut pas être menaçant et à l'origine des failles évoquées en introduction. Jamais remis en cause.

Alors, le communautarisme - des racisé-e-s, cela va sans dire, c'est super mal. Ca fait flipper. Ils sont la menace qui pèse. Sauf que... en réalité, le " communautarisme " d'un groupe n'existe que pour celui qui se perçoit à l'extérieur du groupe sans jamais questionner ses dynamiques culturelles et / ou sociales. Avant de mépriser des populations qu'on prétend vouloir sauver, s'est-on réellement posé la question de ce qui crée ce qu'on a décelé de communautariste chez ces gens-là ? Est-ce qu'on peut s'imaginer deux secondes, soyons fous, que des gens peuvent former un groupe qui a des choses en communs qui ne sont pas ce qu'on voit d'elles ? Est-ce qu'on peut se dire que ces 4 filles arabes - désignées sous le terme de " beurettes " pour faire fantasmer le vieux beauf qui s'est découvert un faible pour les maghrébines depuis qu'il a vu Tabatha Cash dans Raï - forment un groupe avant tout parce qu'elles sont amies, soeurs, collègues, cousines, camarades et pas forcément parce qu'elles sont arabes ? Par contre, 3 lesbiennes " visibles " ou 3 gays " visibles ", eux, n'auront jamais à répondre d'accusation de communautarisme, pas plus que l'ensemble de la rédaction de journaux qui font fortune sur ce concept depuis des années, à coup de Unes et d'articles à tout va. Pourquoi les racisés seraient, tout à coup, devenus communautaristes ? Personne n'a daigné y répondre. Personne n'a daigné interrogé les principaux concernés. Personne n'a questionné le rapport entre l'environnement social, la différence de traitement d'un groupe à l'autre, non. On nous montre des communautaristes qui font peur et à nous de nous démerder avec cette horrible menace qui plane sur nous, blablabla...

Pour nous faire haïr les minorités visées à travers la haine du pseudo communautarisme qui n'existe que dans la tête de ceux qui en parle, il faut une caution. Et pas n'importe laquelle : une caution bisounours, prête à penser, facile d'emploi et qui tient en deux mots puisqu'elle s'appelle le " vivre ensemble ". Forcément, quand on prend les gens pour des moutons, pas la peine de se lancer dans des théories foireuses : on va utiliser un mot simple à retenir et à comprendre. Par conséquent, en pointant du doigt " les communautaristes ", on veut nous monter des gens qui refusent le " brassage " car ils refusent le vivre ensemble. On nous fait croire, que parce que passe devant nos yeux un groupe d'individu-e-s " de couleurs ", que ce groupe refuse tout ce qui ne lui ressemble pas car il s'est fondé sur sa propre " couleur ". C'est à la fois prendre les gens pour des cons mais surtout faire dire, une fois de plus, aux premier-e-s concerné-e-s ce qui n'a jamais été dit. Cela n'est bien entendu valable que pour les minorités. Une bande d'amis blancs qui va au golf, sort en boite, dîne en terrasse, se balade en voiture, fait son shopping ou la queue devant la cigale, ça, c'est pas du communautarisme et eux, ils veulent vivre ensemble. Que faudrait-il faire pour ne pas donner l'impression d'être communautariste ? Rester une minorité et se trimballer avec un panneau qui dirait " je suis racisé-e mais je reste ouvert-e aux blancs, venez me voir, y'aura des Free Hugs ! " ? Et pourquoi émettre une remarque toujours aux mêmes groupes lorsque d'autres semblent avoir le privilège de faire sa petite vie tranquillement sans qu'on ne lui consacre des doubles pages dans Libé, sans qu'on mette le doigts sur ses caractéristiques communes de ses relations, sans décortiquer méticuleusement son mode de vie, sans qu'on lui dise combien son " comportement " trahit ses revendications politiques ? Pourquoi ne pas faire exploser ce privilège blanc si on veut vraiment " vivre ensemble " ? Et surtout... pourquoi ceux et celles qui fustigent le communautarisme sont... eux mêmes communautaristes. Il existe donc un communautarisme blanc, d'en haut, humaniste, laïque et fier mais que le débat actuel ignore pour mieux ce concentrer sur le communautarisme du pauvre, qui est définit par les autres.

Pour ce qui est du " vivre ensemble ", ne nous laissons pas avoir par cette énorme farce. Si la démarche était sincère, le vivre ensemble devrait impliquer des actes concrets à savoir l'abolition des frontières : plus de classes, plus de castes, plus de différences, la chance pour tout le monde. Plus de petits, plus de grands, plus de banlieue, plus de ville. Cela voudrait signifier un abaissement des riches au niveau des pauvres pour que " ensemble " soit une réalité mais, bizarrement, là, personne ne répond présent. D'ailleurs, humanistes anti-communautaristes auto-proclamés, où étiez-vous, lorsque nous parlions d'identité nationale, d'unité nationale? Où était votre fabuleuse idée du " vivre ensemble " lorsque l'on expulsait des sans papiers, qu'on parlait de " ghettos " pour désigner les quartiers populaires, qu'on liquidait des budgets essentiels, qu'on racialisait des maux " bien français " comme le sexisme lorsque l'on parlait de banlieue ? Où étiez-vous, lorsque au nom d'une laïcité qui serait garante du " vivre ensemble " et un rempart contre le grand vilain communautarisme, on excluait des jeunes femmes portant le voile de l'école comme on s'apprête à les exclure de l'université ? Vous voulez " vivre ensemble " mais selon des règles qui ne bénéficient pas à tous.

Comme on peut pas parler de communautarisme sans évoquer son hypocrisie face aux " mouvements " tout aussi " communautaires " mais jamais décriés car majoritairement blancs, on ne peut pas évoquer des soit disant revendications communautaristes avec lesquelles on terrorise la France, de l'extrême gauche à l'extrême droite. Qu'en est-il réellement ? Rien. Ah si, les catholiques de la manif pour tous. Sauf qu'on ne parle pas d'eux en terme de " communautaristes ", y compris lorsqu'ils fricotent avec un candidat à la présidentielle à des fins vraiment politiques. Par contre, quand des musulmans se rencontrent annuellement à un salon au bourget, on ne râtera pas une occasion de parler de communautarisme, allant même jusqu'à créer des liens complètement incongrus avec les évènements de Janvier. Lorsque des musulmans prient dans la rue, l'alarme communautariste est sonnée, de gauche à droite, quitte à parler d'ordre public ou d'occupation... Vous existez, et ben, vous existez trop ! Par contre, lorsque des gens animés par une islamophobie qui vit dans leurs veines se rassemblent autour du saucisson et du pinard dans la rue, on est choqué du silence de nos élites qui " luttent contre le communautarisme ".

Pour se rendre compte de l'arnaque qu'est le concept de communautariste, il suffit de regarder qui en parle à outrance : des beaufs qui n'ont aucune expertise à faire valoir en la matière, qu'ils soient de gauche ou de droite. Je ne vais pas tous les énumérer mais ce sont en général des personnes qui vivent loin des personnes désignées comme communautaristes et qui, par conséquent, sous couvert de lutte pour le vivre ensemble et donc pour le " bien commun ", pensent avoir une quelconque expertise en la matière. Sauf que, le communautariste est fondé sur des intentions stéréotypées qu'on prête aux gens : on pense que tel groupe est dans la revendication juste parce qu'il est racisé. Les plus grands théoriciens bidons de la lutte contre le communautarisme oublient juste une chose et il est possible que ce soit un oubli volontaire : le communautarisme dont il parle, il n'est que le produit d'une politique d'état et donc décidé par l'état sans qui il n'existerait pas. C'est l'état qui parque les pauvres dans des " ghettos ", tout comme c'est lui qui est responsable de la politique de la ville et du chômage. Vous considérez 3 noirs ensemble sur un banc comme une immonde provocation, un immonde affront au " vivre ensemble ", un " repli communautaire " féroce qui narguerait l'indivisibilité de la République ? Allez donc vous mélanger. C'est facile de fustiger mais, vous, la haute France qui méprise et prête des intentions à des individus qui n'ont aucune démarche politique dans le simple fait d'exister et d'être visibles, quelle est votre contribution? Pourriez-vous nous communiquer une liste de vos amis, collègues et proches qui vienne apporter de la crédibilité à votre " combat "? On pourrait calculer le taux de juifs, musulmanes, animistes, hindous, noirs, arabes, réunionnais, indiens, chinois, protestants et vous dire, en fonction des résultats si vous êtes universalistes ou communautaristes, avec remise d'une carte tricolore avec une médaille " anti-communautariste ". On pourrait également demander aux anti-communautaristes du Dimanche de nous donner des gages de sincérité de leur " vivre ensemble " afin d'évaluer si leur démarche vise à promouvoir réellement la mixité ou juste à créer une atmosphère de péril " communautariste " dont le but serait de mettre à terre la France.

La vérité, c'est que le communautarisme est inévitablement partout. Ce n'est pas juste un " phénomène " qu'il faut cantonner aux banlieues et aux quartiers " ethniques " des grandes villes. Je considère le public d'un meeting de l'UMP aussi communautariste que celui du FDG, tout comme je considère Barbès aussi communautariste que St Michel, Belleville ou Haussman. Le public d'un film de Jennifer Aniston, celui d'un film de Stallone, d'un concert de 30 Seconds to Mars ou de Béyoncé... tous ces groupes sont communautaristes, selon ce qu'on a décidé de voir en premier lieu. La différence, c'est que, contrairement aux humanistes obsédés par les " obsédés du complot ", je ne tombe pas dans le complotisme pour éviter de me pencher sur les échecs des différentes politiques de la ville. L'establishment a décidé de mettre la focale sur le communautarisme des pauvres pour rassurer les dominants et leur garantir le statut quo de leurs privilèges. Ce faisant, il invalide le vrai travail qui est mené par des populations qui n'aspirent qu'à exister autant que n'importe qui d'autre. En attendant, on pourra toujours s'ériger en martyr du communautarisme qui détruirait la société en découvrant des sites de drague dits " ethniques " mais on ne rentrera jamais dans des analyses aussi virulentes lorsqu'il est question de la pornographie qui exploite aussi le communautarisme ou du CSA qui se montre très frileux à l'idée d'intégrer - car c'est au sommet d'intégrer et non la base - des minorités raciales. On pourra toujours pleurer en voyant un groupe perçu comme " communautariste " mais tant que l'on continuera à enfermer et à coller des étiquettes pleines de mépris, comment voulez-vous qu'on croit au " vivre ensemble " ? D'ailleurs, vous avez peur de la viande halal, d'un foulard, d'une barbe, d'une jupe longue mais vous tenez à vivre ensemble ? Pour ma part, je ne veux pas vivre avec un grand nombre de personnes - l'axe qui va de l'islamophobie à l'antisémitisme en passant par le sexisme, le racisme et l'homophobie - à commencer par ceux qui, à votre façon, surfent sur des peurs fondées sur des fantasmes sans jamais s'attaquer à leur origine : l'état.



Source : paigepalmer.neowp.fr


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