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Je m'appelle Coulibaly et je n'ai rien à voir avec Amedy ...

  Société, #

Coulibaly. Ce nom est devenu tristement célèbre à la suite des drames survenus à Montrouge et à l'hypermarché casher de la porte de Vincennes à Paris, les 8 et 9 janvier derniers. C'est que le patronyme Coulibaly est très répandu en Afrique de l'Ouest, mais aussi dans la diaspora vivant en France. En Afrique, ce nom de famille est synonyme de respect et de noblesse, car inscrit dans les hauts faits de l'histoire de la sous-région. Aujourd'hui, il accompagne les faits d'un terroriste qui se prénomme Amedy. Certains homonymes de ce Français devenu l'un des ennemis numéro un de tout un pays ont accepté de témoigner.

Pas de crainte de porter ce nom

Malgré les temps qui courent, pour Mikaël, un étudiant en anthropologie de 28 ans, son patronyme n'est pas un fardeau. "Je n'ai aucune crainte d'affirmer mon nom de famille, on ne le choisit pas, je ne l'ai pas choisi, pas plus que lui - Amedy Coulibaly. Cela n'a aucun impact sur ma perception de mon nom", déclare-t-il. Des propos qui trouvent écho dans l'esprit d'autres homonymes, comme c'est le cas de Mariame. Pour cette assistante commerciale de 34 ans originaire de la Mauritanie, rien n'a changé dans sa vie après les attentats. "Que ce soit dans mon immeuble ou dans mon entourage, je n'ai pas été victime d'amalgame à cause de mon nom de famille. Les gens qui mettent tous les Coulibaly dans le même sac n'ont rien compris", dit-elle.

La crainte de l'amalgame quand même

Les Coulibaly, sont-ils perçus comme des islamistes radicaux ? En tout cas, c'est ce que craint une étudiante de 20 ans qui prépare le concours d'école d'infirmière, Aïcha. La jeune femme se serait bien passée d'avoir comme homonyme Amedy Coulibaly. "Cela me dérange qu'il porte le même nom que moi parce que je ne veux pas être associée à lui. Personnellement, mon nom ne me pose pas de problème, mais je pense que certains doivent se demander si je suis apparentée au terroriste." Dans les Bouches-du-Rhône, son point de vue est partagé par Oumar, un médecin malien : "Le nom Coulibaly a été souillé, avec un risque de stigmatisation, mais il ne faut pas faire d'amalgame." Le praticien admet éprouver "une sorte de honte par le fait que le nom Coulibaly ait été trempé dans ces regrettables événements". "Je ne suis pas fier, mais je n'ai aucune crainte à divulguer mon nom, car je n'ai rien, absolument rien, à me reprocher", ajoute-t-il. Celui qui considère Amedy comme une "brebis égarée" salue l'acte de bravoure de Lassana Bathily "qui a sauvé des vies lors de ces événements tragiques". "Ce dernier est un frère et nous partageons les mêmes valeurs."

Près de Grigny, la tranquillité mise à rude épreuve

À quelques kilomètres de Grigny, la ville d'origine d'Amedy, vit Hamidou, un retraité de 69 ans. Celui qui s'excuse de ne pas très bien parler le français tient à dire que son patronyme "est présent au Mali, au Sénégal, en Guinée, en Côte d'Ivoire, en Mauritanie et en Gambie". Il avoue que sa tranquillité est mise à rude épreuve ces derniers temps, mais est satisfait de ne pas être victime d'actes malveillants. "Pour le moment, ma famille et moi n'avons pas eu d'incidents, mais beaucoup de personnes nous appellent pour savoir si l'on connaît la famille de celui qui a fait des bêtises", poursuit-il.

Finalement, des situations au cas par cas

L'Hexagone a condamné d'une seule et même voix les violences commises à son encontre en ce début de mois de janvier. "Je ne cautionne en aucun cas ces actes, étant issue d'une famille musulmane pratiquante, jamais on ne m'a inculqué un islam avec de la violence. Je me demande vraiment au nom de qui et au nom de quoi ces gens-là agissent", s'interroge Mariame. En dépit de cette terreur qui a secoué le pays, son nom n'a pas été un frein dans sa vie professionnelle. "Cela ne m'a pas empêché de décrocher des entretiens d'embauche - après la prise d'otages - pour ma recherche de stage", dit-elle. En tant que Coulibaly, sa vie n'a pas été chamboulée du jour au lendemain. Quant à Mikaël, il confie que le quotidien de sa petite amie est parfois perturbé par des personnes ayant une curiosité mal placée. "Si je devais retenir une anecdote qui m'est arrivée depuis les attentats, ce seraient les nombreux coups de fil et messages que ma copine a reçus lui demandant si j'étais bien un Coulibaly. J'ai trouvé la démarche assez étrange", affirme le jeune homme. Celui-ci tient à rappeler : "On ne peut déduire quoi que ce soit d'un nom de famille. En ce qui me concerne, même le nom Ben Laden n'est pas plus louche que le nom Martin."

Des questions bien dérangeantes d'un patron

Le beau-père d'Aïcha a vécu, après les attentats, une situation plutôt cocasse sur son lieu de travail. "Son patron lui a demandé au moins cinq fois s'il ne faisait pas partie de la famille d'Amedy Coulibaly. Mon beau-père avait beau lui dire qu'il n'appartenait pas à la même famille, mais cela n'a pas empêché son employeur de lui poser la question tous les jours pendant une semaine", précise-t-elle. "Je pense que ce nom va rester encore longtemps dans l'esprit des Français et qu'à l'annonce de celui-ci la référence au djihadiste se fera directement, et c'est cela qui est dommage", dit-elle d'une voix peinée.


afrique.lepoint.fr


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