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"Je suis le genre de mec qui épargne ses dollars"

  Musique, #

A trop réclamer un dollar, il en a gagné une montagne. Riche et célèbre, Aloe Blacc ne dort plus dans le bus de tournée quand il passe à Montreux. On le retrouve au Funky Claude's Bar du Palace, sapé façon milord, courtois, le langage châtié des Afro-Américains nés du bon côté de la barrière. Ce soir, il tire le rideau sur le 49e festival de jazz, lui qui est venu du rap pour briller en chanteur pop. I Need a Dollar a lancé la machine à cash, en 2010. Quant à Wake me up, son duo de clubbing-folk avec Avicci, il accumule 670 millions de vues sur YouTube. La tentation était trop grande, alors, de ne pas proposer au Californien de 36 ans une interview fric.

 

Le succès a-t-il changé votre vie?

Énormément, oui. Il m'a ouvert un monde de possibilités en tant que musicien, businessman et philanthrope. J'ai pu développer mes intérêts pour la production, aider des amis à entrer dans le music business, investir dans de nouvelles technologies. J'ai aussi pu découvrir le monde de la télé et du cinéma, écrire et lire des scénarios. Le succès m'a permis de diversifier ma palette artistique et entrepreneuriale.

 

Vous paraissez loin du musicien tête brûlée. Avez-vous un modèle?

Quincy Jones, of course. Il est passé du jazz aux films, de la composition de bandes originales à la pop, de la production à la télé.

 

Comment avez-vous gagné votre premier dollar?

Vers 12 ans, je tenais la caisse à la cantine de mon école, pendant le repas. Tous mes potes étaient attablés et me chambraient. C'était un bon exercice d'humilité. Sinon, vers 8 ans, je gardais l'argent que ma mère me donnait pour le repas, j'achetais des bonbons que je revendais avec bénéfice dans la cour d'école. Que des bonbons, je vous rassure!

 

Dans quel disque avez-vous investi votre premier dollar?

L'album Illmatic, de Nas. En cassette! J'avais 14 ans, j'habitais dans l'Orange County, à une heure de Los Angeles. C'est une banlieue résidentielle, plutôt aisée et très conservatrice. Tu pouvais acheter du rock, de l'electro, mais pas de rap. Alors je suis allé seul à Downtown L.A. pour trouver cette cassette et la ramener chez moi. Ce fut une expérience précieuse, formatrice, surtout musicalement: les rimes et l'intelligence de Nas m'ont influencé plus que les autres. J'ai travaillé avec lui depuis.

 

Quel fut votre premier dollar gagné grâce à votre musique?

En 1995, j'avais fait avec un ami une mixtape de notre hip-hop, sur cassette. Nous l'avons produite, tirée à 500 exemplaires et vendue de main à la main. C'était il y a vingt ans et j'ai l'impression de parler d'un ancien monde! Vendre une cassette ou un CD de sa musique à quelqu'un, c'est faire l'expérience de la valeur réelle: j'apprécie celui qui achète ma cassette et l'acheteur apprécie ma musique.

 

Un rapport définitivement perdu avec Internet?

Le Net permet de garder un contact régulier avec sa base de fans, mais ce monde est évidemment fragile et flou. La multiplication des sources musicales, la facilité d'accès, tout cela a réduit le mystère - et le mystère est important. Je veux que mes fans entrent dans ma musique mais je ne veux pas qu'ils soient concernés par ma vie. Hélas, il est plus difficile pour un chanteur de rester hors de son art, à la différence d'un peintre ou d'un cinéaste. Quand on chante, on se livre. Le public réclame cette authenticité.

 

Surtout dans le rap.

Exactement. C'est d'ailleurs cela qui m'en a éloigné. Je ne voulais pas tricher sur mes origines, ou régater avec des rappeurs de South Central. J'en suis sorti quand les voix fortes du hip-hop sont devenues celles des gangsters.

 

Avez-vous aimé cette scène?

La musique était fun et intéressante, oui. J'ai apprécié toute cette masculinité exhibée. Mais le gangsta rap était si codifié qu'il a rendu toute fusion obsolète. A Tribe Called Quest, De la Soul n'avait plus le même écho, c'est dommage.

 

Il vous reste un dollar en poche: le jouez-vous ou l'épargnez-vous?

Mmmh, compliqué... Je suis le genre de mec qui épargne. Mais je sais aussi que j'ai besoin d'aller de l'avant et de croire en mes idées, alors je pourrais bien le jouer.

 

Les millionnaires du rap sont-ils plus stupides que les millionnaires rock?

Oui, car la plupart gâchent leur argent. Ils viennent d'un environnement où le fric est révéré, alors ils achètent des bateaux plutôt que de développer leur quartier. Il y a moins d'argent dans le rap. Le nouveau truc n'est plus de montrer sa collection de voitures mais sa capacité à accumuler les drogues. Lamentable.

 

Quelle a été votre plus grande folie financière?

La maison que j'ai offerte à ma mère, sur un coup de cœur. Mais ce n'était pas une folie, plutôt une excellente affaire immobilière. Je ne fais pas trop de trucs fous. Ah oui: ma femme vous dira que j'ai fait une folie en achetant le livre de Nelson Mandela, A Long Walk to Freedom. C'était le dernier exemplaire dédicacé, je l'ai payé... un max! (Rire.) Ma femme est tombée sur mon relevé de carte de crédit quelques jours plus tard. Mais comme il s'agissait d'une vente de charité, la morale est sauve. (24 heures)

 

(Créé: 17.07.2015, 18h14)



Source : www.24heures.ch


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Victoire
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