Jennifer Teege a découvert à presque 40 ans qu'elle était la petite-fille du " boucher d'Hitler ", immortalisé dans le film de Spielberg " La liste de Schindler ". Elle raconte dans " Amon, mon grand-père m'aurait tuée " comment la révélation de ce secret a bouleversé sa vie.

Son grand-père, Amon Göth, était le commandant du camp de concentration de Plaszow, près de Cracovie, rendu célèbre par le film " La liste de Schindler ". Responsable de la mort de milliers de personnes, Amon Göth a été pendu en 1946. Sa compagne, Ruth Irene, la grand-mère de Jennifer, s'est suicidée en 1983.

Leur fille, Monika, a mis au monde en 1970 la petite Jennifer, née de sa relation avec un Nigérian (d'où son métissage). A quatre mois, encore bébé, Jennifer est confiée à un orphelinat puis sera adoptée à 7 ans par une famille juive. " J'ai vu de temps en temps ma mère jusqu'à 21 ans mais elle ne m'en avait jamais parlé. " La honte, sans doute.

Jennifer Teege ne s'est doutée de rien pendant des années avant, on imagine le choc, de découvrir ce secret de famille par le plus grand des hasards, dans une bibliothèque de Hambourg, où elle était tombée sur un livre de sa mère, Monika Göth.

" En voulant emprunter un livre, j'ai vu un livre avec une couverture rouge qui a attiré mon attention. Je ne connaissais pas l'auteur mais la photo m'a rappelé ma mère et à la fin du livre, en annexe, il y avait des données biographiques. J'ai réalisé que cela racontait l'histoire de ma mère biologique... et de mon grand-père ", a-t-elle déclaré sur Europe 1.

Élevée dans une famille adoptive juive donc, Jennifer Teege a fait ses études en Israël. Quand elle est soudain confrontée à ce secret, elle qui travaille dans la publicité à Hambourg, les questions se succèdent dans sa tête : comment vivre avec cet héritage familial ? Que dire à ses amis juifs ? A ses propres enfants ?

" Sur le coup, je suis sortie, me suis allongée sur un banc et j'ai appelé mon mari, sous le choc. Puis je me suis mis à chercher un maximum d'informations sur ce sujet. Dans le miroir, je me suis rendu compte que j'ai la même ride que mon grand-père, cela m'a terrifié. "

Elle en a écrit un livre : " Amon, mon grand-père m'aurait tuée ". Et ce n'est pas qu'un titre pour le buzz. " Il m'aurait vu comme une salissure, une batarde, j'aurais sali à ses yeux l'honneur de la famille. Il ne fait aucun doute qu'il m'aurait tuée. La probabilité est très grande. "