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Johannesburg, mine d'art

  Culture & Loisirs, #

Les galeristes et collectionneurs français se sont distingués à la foire d'art contemporain africain, dont la septième édition s'est achevée dimanche.

Est-ce l'altitude qui fait tourner la tête à Johannesburg? À 1.700 mètres au-dessus de la mer, l'air de la capitale économique de l'Afrique du Sud grise le voyageur fraîchement débarqué. Mais on est aussi étourdi par la myriade de galeries d'art qui ont essaimé partout en ville, jusque dans ses quartiers abandonnés aux squatters et aux crimes depuis la fin de l'apartheid en 1991, New Town et Maboneng, où créateurs, boîtes de nuit, musées et boutiques arty ont investi les anciens bâtiments désaffectés.

Vingt ans après l'avènement de la démocratie en 1994, l'énergie créatrice sud-africaine draine des artistes, des marchands et des collectionneurs de tout le continent et au-delà. Preuve en est, le succès grandissant de la foire d'art contemporain africain, Joburg Art Fair, dont la septième édition a fermé ses portes dimanche soir après trois jours d'expositions-ventes autour d'une trentaine d'exposants, pour la plupart sud-africains, mais aussi venus du Mozambique, du Zimbabwe, du Nigeria, et quelques Occidentaux parmi lesquels les Français se sont taillé la part du lion.

Dans les allées de la foire installée au Sandton Convention Centre, Jean-Philippe Aka, directeur de la Handpick Galerie à Paris et consultant discret d'Artcurial pour ses ventes d'art contemporain africain, avait entraîné dans son sillage quatre collectionneurs français, dont le financier Louis Nègre et l'amateur d'art vidéo Jean-Claude Quemin. À côté d'Aka, la galerie sud-africaine Stevenson exposait les aquarelles sur papier de l'artiste camerounais résidant à Paris Barthélémy Toguo. Étonnamment, il s'agissait des mêmes pièces que celles qui eurent un grand succès sur le stand de la galerie Lelong lors du salon parisien du dessin Drawing Now, en mars dernier.

Juste en face, on s'étonna de voir une plate-forme artistique dédiée au Fonds régional d'art contemporain (Frac) de la Réunion. Une initiative inédite due à sa proximité géographique. Parmi les sept artistes réunionnais exposés, le sculpteur photographe Thierry Fontaine présentait son "Marchand de rêve", fabricant des ballons de foot sur des noix de coco, sans pouvoir vendre son œuvre. Mais la directrice de la galerie des Filles du Calvaire qui le représente, Christine Ollier, veillait de loin, venue officiellement "prospecter ce nouveau marché". Les saisons croisées de la France en Afrique du Sud et vice et versa, en 2012 et 2013, ont sans doute posé les jalons de ce nouveau carrefour pour des galeristes qui peinent à sortir leur épingle du jeu face à la concurrence des maisons de vente aux enchères et l'élitisme des grandes foires comme Art Basel et la Fiac.

Caroline Smulders, ancienne de chez Taddeus Roppac et de la maison Christie's, trouve ici un nouveau souffle. Galeriste sans fenêtre sur rue à Paris, elle proposait à la foire des huiles sur toile de la réunionnaise Pascale Simont. Baudouin Lebon joua aussi la carte de la francophonie, avec des peintures abstraites d'Alain Clément, et des photos et collages de Patrick Willock inspirés d'un voyage au Congo. "II y a dix ans, l'art indien était une niche à prendre, maintenant, c'est l'art africain", observe Baudouin Lebon. Lui veut séduire de nouveaux acheteurs avec ses artistes traditionnels. Eric Galéa, galeriste à L'Isle-sur-la-Sorgue, a au contraire l'intention de se spécialiser sur les artistes africains "qu'on ne trouve pas sur les autres foires qui se ressemblent toutes". Sur son mur, les photos du Sud-Africain Huw Morris, 36 ans, questionnent la peur des habitants de Johannesburg, qui se calfeutrent chez eux, derrière des hauts murs coiffés de barbelés. "Lequel a le plus peur, celui qui est dedans ou celui qui est dehors?", interroge Huw Morris.

De fait, l'intention des artistes, plus que leur cote qui reste à faire, a intéressé la plupart des 11.000 visiteurs de Joburg Art Fair. Une foire d'amateurs d'œuvres sincères, viscérales, autobiographiques, qui puisent leur énergie dans la revendication politique et identitaire.

Ainsi des sculptures de la Sud-Africaine Mary Sibande, représentée par l'un des rares galeristes noirs du pays, Monna Mokoena, connu sous le nom de MoMo, originaire de Soweto. Et des œuvres sur papier d'une immense poésie du metteur en scène, marionnettiste et plasticien sud-africain William Kentridge, à la galerie Goodman. Kentridge, qui donna à son ami, l'ancien producteur et guide pour National Geographic Ross Douglas, l'idée de créer cette foire unique sur le continent.



Source : www.lefigaro.fr


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sey
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