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Juan Antonio de la Morena, un premier maire noir d'Espagne très conservateur

  #TDI, #

 Juan Antonio de la Morena est élu mais également avocat.

Maire de Villamantilla, près de Madrid, depuis 2007, ce premier édile noir d'Espagne n'hésite pas à se prononcer pour le contrôle des flux migratoires.

Le 16 juin 2007, en début de soirée. Dans les bureaux de la mairie de Villamantilla, une commune à quarante kilomètres à l'ouest de Madrid, personne n'est surpris d'apprendre que Juan Antonio de la Morena vient d'être élu à la tête de la municipalité avec la majorité absolue. "Je suis devenu maire parce qu'on me l'a demandé, explique l'intéressé.

Il fallait remplacer mon prédécesseur, au même poste depuis trente-deux ans, et j'ai été choisi pour incarner une continuité." À l'époque déjà, son visage est familier aux 1 200 habitants, en raison de sa couleur de peau, mais surtout parce qu'il vit dans le village depuis son plus jeune âge et travaille comme conseiller municipal depuis douze ans. Tous les maires des environs connaissent bien ce jeune homme souriant qu'ils ont côtoyé lors de nombreuses réunions.

Très vite, son élection suscite l'intérêt de journalistes venus de toute l'Espagne. Morena est le premier maire noir du pays et, jusqu'à ce jour, le seul. Pour ses voisins, en revanche, ce vacarme médiatique est bien inhabituel. "L'intégration de ma famille est telle que les gens ont été surpris de voir la presse défiler ici", raconte celui que l'on surnomme parfois l'Obama espagnol.

 

Originaire de Villamantilla, son père était parti à Malabo pour y trouver du travail en 1954.

Nichée entre les collines sèches de Castille, la commune fondée au XVe siècle a vu débarquer, en 1974, Benigno de la Morena, avec sa femme équato-guinéenne et leurs trois enfants. Originaire de Villamantilla, Benigno était parti à Malabo vingt ans plus tôt pour y trouver du travail. Employé dans une exploitation de bois et de cacao, il y a rencontré Milagros Doca : elle est à peine âgée de 18 ans quand ils se marient. Cinq ans après la proclamation d'indépendance de la Guinée, en 1968, Benigno décide de rentrer en Espagne. Juan Antonio a tout juste 3 ans.

"Mon frère était revenu quelques années avant nous, les gens étaient habitués à rencontrer un Noir dans le village", explique-t-il. À partir de ce jour, les villageois croisent régulièrement les enfants Morena - ils seront huit - accompagnant leur père dans ses tournées de facteur, ou leur mère, qui n'a pas renoncé à ses tenues africaines. Plus tard, le départ de Juan Antonio pour la faculté de droit de la Complutense, à Madrid, le plonge dans un milieu moins tolérant, où, raconte-t-il, ses amis prennent régulièrement sa défense face aux moqueries dont il est victime.

Diplômé, il revient à Villamantilla en tant qu'avocat. Aujourd'hui, à 43 ans, il exerce en parallèle son activité professionnelle et sa fonction de maire : la matinée à la mairie, l'après-midi à son bureau pour recevoir ses clients. "La vie politique ne doit pas être une profession, insiste-t-il. Je veux être au service des autres et pour une durée déterminée. Je commence d'ailleurs à dire autour de moi qu'il faudra me remplacer l'année prochaine. Le problème aujourd'hui en politique c'est que beaucoup d'élus n'ont aucune porte de sortie et s'accrochent à leur poste." Il reconnaît d'ailleurs qu'au sein de sa formation, le Parti populaire (PP, droite, au pouvoir), il est nécessaire de changer les mentalités.

 

Chez les Morena, la politique est une affaire de famille.

Avec la crise et le chômage, les "professionnels" de la politique fleurissent. Son appartenance au PP ? "J'ai toujours été de droite, ainsi que ma famille." Durant la période franquiste, son oncle Tomasín est maire de Villamantilla, puis remporte les premières élections libres comme candidat de l'Union du centre démocratique (UCD, centre droit). Son père, Benigno, fut quant à lui adjoint au maire quelques années plus tard. Chez les Morena, la politique est une affaire de famille.

Assis dans son bureau, gilet sans manches et chignon serré derrière la nuque, le maire jette des coups d'oeil à la photo aérienne de son village. "Pour beaucoup de choses, je suis politiquement incorrect", lance-t-il en souriant. L'économie capitaliste ? Il y croit fermement. "J'ai toujours été un libéral". L'immigration ? Elle doit être contrôlée par les pays d'origine. "Il est impossible d'accorder la libre circulation à tous ceux qui le voudraient. Imaginez que 5 000 personnes veuillent venir s'installer à Villamantilla, comment ferions-nous ? Notre village n'est pas prévu pour un afflux si important."

En 2011, Juan Antonio a failli partir avec un groupe d'entrepreneurs espagnols en Guinée équatoriale - où il n'est jamais retourné -, mais les budgets ont été gelés en raison de la crise. "De même, j'ai refusé un voyage en Colombie pour un sommet sur les afro-descendants parce que les frais étaient à ma charge." Le village s'enorgueillit néanmoins d'un terrain de golf, d'un complexe sportif et d'un terrain de football avec gazon artificiel. Une grande fierté pour son maire, qui, s'il peut encore améliorer Villamantilla et que personne ne se porte candidat, n'exclut pas de se représenter, en mai 2015...

Source : www.jeuneafrique.com


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