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Justice climatique : l'Afrique frappe du poing sur la table

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A la Convention Cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC), la Conférence des Parties (COP) au protocole de Kyoto se retrouve pour sa dixième session pendant deux semaines et ambitionne d'asseoir un texte facilitant un accord contraignant à Paris en 2015. Crée en 2008 , lors de la COP 14 à Poznan, le réseau Panafricain pour la justice climatique (PACJA) comme son l'indique oeuvre pour l'équité face au dérèglement météorologique. Il se base sur un des principes d'égalité présenté dans la Convention de l'ONU sur le Climat. Pour y parvenir , ce réseau continental de 1000 ONG travaille en étroite collaboration avec les ONG du Nord comme Oxfam Amerique ( depuis 2010) et du Sud telle que Enda Sénégal. Depuis la COP 14, PACJA sillonne le monde, oeuvre pour le développement et milite pour l'équité, le dialogue international sur le changement climatique, la justice pour tous, l'intégrité, la transparence et la responsabilité.

À Lima, Samson Ogallah , le gestionnaire de Programme de PACJA organise son réseau pour défendre la position africaine dans les discussions . " Ensemble, avec les partenaires, nous militons pour trouver une solution , " explique-t-il lors de l'ouverture, en marge des travaux. PACJA est membre et partenaire de " Climate Justice Now ", une alliance d'ONG qui se bat elle aussi pour la justice climatique. En Juin 2013, lors d'un atelier, PACJA impulse la création d'un Réseau de Journalistes Panafricains dédiés à cette cause (PAMACC). PAMACC a été crée dans la vision d'améliorer la couverture sur le changement climatique avec des coordinateurs pour chaque régions. Conscients que le changement climatique est une menace existentielle et que cela peut aussi être une opportunité pour le développement, PACJA et PAMACC s'engagent à montrer l'Afrique sous un autre angle, l'angle de la prise de conscience et de l'action.

Une volonté de voir l'Afrique différemment

"Nous pensons qu'il faut changer l'image de l'Afrique par les médias au niveau international", affirme Atayi Babs, 36 ans, journaliste du Nigéria spécialiste de l'environnement depuis 2007. Et cet ancien responsable du service Haoussa, de RFI multimédia entre 2007 et 2013 d'ajouter: " Nous vous faisons part de notre volonté d'être à vos côtés, à chaque fois que que vous sollicitez notre présence et nos services professionnels de manière formelle." Des propos tenus il y a quelques mois à Marrakech lors de la clôture de la CCDA-4.M. Babs s'exprimait au nom du Réseau de journaliste panafricain pour la justice climatique (PAMACC). C'est le Coordinateur de l'Afrique de l'Ouest de ce réseau, mais c'est aussi le coordinateur du Réseau National du climat et du développement durable au Nigeria ( CSDEVNET)*.

Le Nigeria face à la corruption

Dans un récent rapport présenté par l 'ONG Transparency international, le Nigeria est cité comme l'un des pays les plus corrompus au monde, classé au 136ème rang sur 175 pays." La corruption est tellement omniprésente dans le gouvernement et au sein des organisations," souligne le journaliste engagé. Les trois principaux producteurs de pétrole, Shell, Exxon Mobil et Chevron sont selon lui responsables de la pollution dans les villages au Nigeria. " Ces trois compagnies influencent le gouvernement. Ils ont des bons contacts et ces contacts cachent la vérité aux journalistes, " précise-t-il. D'après M. Babs, ces producteurs de pétrole souhaitent aussi soudoyer les journalistes. Le journaliste couvrant les questions d'énergie au Nigeria est menacé s'il n'accepte pas des "pots de vin". Mais ces menaces ne font pas peur à ce polyglotte ( il parle le russe, le haoussa, l'anglais et le français) et à son réseau national de 55 journalistes spécialisés connus sous le nom de "Journalistes sur le changement climatique".

"Nous sommes partis il y a deux mois dans la plus grande source d' eau dans le sud du Nigeria dans l'Etat d'Akwa Ibom [Delta du Niger], pour analyser l'impact de la production de gaz par Mobil sur les communautés," souligne-t-il. Et le jeune homme, habitué du travail communautaire, ancien membre pendant 15 ans du Rotary International, a constaté que l'eau est souillée " Nous ne pouvions pas laver nos mains ni boire cette eau, clairement polluée!" s'exclame-t-il. Et d'ajouter: "'Mobil n'a pas souhaité parler aux journalistes.". En 15 ans d'activités dans cet Etat, Exxon Mobil , selon M. Babs ne fournit aucun moyen de prévention ni de protection aux communautés environnantes. Les femmes et les enfants sont les premières victimes.

Le Delta du Niger est le second plus grand Delta au monde. D'après un communiqué de presse publié en septembre dernier, par la Fondation pour l' Environnement des droits des défenseurs pour le développement (FENRAD)*, les statistiques montrent qu'environ 168 milliards de gaz naturel sont actuellement brûlés dans le monde, et 13% viennent du Nigeria. Cette exploitation de Gaz contribue au changement climatique et à des conditions météorologiques extrêmes entraînant entre autres l'érosion côtière.

Un parallèle avec l'histoire

Dans son article intitulé "Trade and human rights in the Niger Delta" (Commerce et droits dans le Delta du Niger), publié en 2006 Nnimno Bassey, poète et militant nigérian environnementaliste depuis les année 90, explique les origines du non respect des droits humains dans le Delta du Niger. Pour ce militant de la première heure, ancien président des Amis de la Terre International," le commerce extérieur reste le principal précurseur de la destruction du Delta du Niger par les échanges de marchandises , mais aussi par le commerce des esclaves qui s'est traduit par la perte de ressources humaines.

Nous l'avons par écrit, en février 1895, la ville commerçante de Brass [située dans le sud] a été attaquée par les forces navales britanniques sous l'impulsion de la compagnie royale du Niger afin de s'assurer que la compagnie obtienne le monopole sur le commerce de l'huile de palme qui faisait la notoriété de la ville. Au moins 2000 personnes, majoritairement des femmes et des enfants, ont perdu la vie dans cette attaque," rapporte M. Bassey.

Une situation économique en mutation

 

 

Depuis le mois d'Avril dernier, le Nigeria est la première économie d'Afrique avec"un PIB nominal estimé à 510 Milliards USD, contrairement au 352 Milliards USD de l'Afrique du Sud", d'après le rapport de l'OCDE sur les perspectives économiques 2014 en Afrique . "Le secteur des hydrocarbures a souffert suite à des vols de pétrole et des actes de vandalisme sur les oléoducs en 2013" au Nigeria. C'est toutefois le premier producteur de pétrole dans le continent.

 

L'agriculture, moteur de croissance

"Le Nigéria peut s'autosuffire et je peux aussi dire que l'Afrique peut s'autosuffire, mais cela dépend de notre capacité à suivre chaque politique, chaque cadre tels que la déclaration d'Abudja* ou le CRDP* (Le programme de développement rural), recommande M. Babs, originaire du Sud-Centre du Nigeria, dans la ville d'Idah dans l'Etat à de Kogi. L'agriculture, selon le rapport de l'OCDE, fait aussi partie des moteurs de croissance du Nigeria pays, le plus peuplé d'Afrique avec une population estimée à 177 millions d'habitants en 2014. En 2012, d'après les Réseaux d'informations régionaux intégrés (dépendant de l'ONU), IRIN, neuf des vingt et une zone de l' Etat de Kogi a subi de sévères inondations entraînant des déplacement de population suite à la disparition de nombreuses maisons. 1,3 millions de personnes avaient été affectées. "Une catastrophe d'une ampleur sans précédent," avait à l'époque souligné les autorités. Les agriculteurs n'ont pas été épargnés. Les autorités selon IRIN ont décidé depuis de travailler sur une réforme de l'agriculture. Ils souhaitent passer dorénavant d'une agriculture de subsistance à une agriculture irriguée. L'agriculture irriguée est un procédé de pompage d'eau de ruisseau des villages vers les fermes.

"Grâce des générateurs", les fermiers ont la possibilité de produire les aliments de la région tels que le manioc, la patate douce et le riz. Face au changement climatique, et à l'eau souillée, les communautés seront-elles intégrées réellement dans les programmes présentés par les autorités nigériannes ?Dans un climat en mutation, il est nécessaire d'intégrer les communautés dans les différents programmes afin de maîtriser l'intéraction entre l'eau, l'alimentation et l'énergie, avait souligné Belinda Pétrie, de l'ONG de conseil stratégique, One World, lors de la CCDA-4 à Marrakech.

afrique.lepoint.fr


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