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La difficile ascension des enfants d'immigrés

  Société, #

Tirer la sonnette d'alarme ! C'est l'objectif du nouveau rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur l'intégration des enfants d'immigrés en France, paru en août 2015. L'OCDE pointe les difficultés d'ascension de ces jeunes, même lorsqu'ils sont diplômés du supérieur.

Comment lutter contre le déterminisme social ? Le Monde a posé la question aux lauréats du concours We Made It, organisé par l'association Passeport Avenir, qui permet à des étudiants issus de milieux populaires de partir une semaine à Shanghaï, en Chine. Autocensure, manque de réseaux et de moyens, les difficultés évoquées se ressemblent. Mais en s'appuyant sur les conseils des tuteurs de l'association et sur leur propre détermination, ces jeunes ont réussi à capitaliser sur leurs différences.

Le poids des différences sociales

Issu d'une famille marocaine émigrée en France dans les années 1980, Youssef Meskini grandit dans un quartier populaire de la banlieue de Nancy. " Haut-du-Lièvre, c'est une zone en hauteur. On est séparés des autres classes sociales. " Scolarisé en ZEP, il détourne la carte scolaire en demandant une langue étrangère qui n'est pas proposée dans sa zone et découvre qu'il existe un milieu autre que le sien.

Mais c'est surtout lorsqu'il intègre l'Institut supérieur du commerce de Paris (ISC Paris) que Youssef est frappé par le poids des différences sociales. " C'est violent : il y a ceux qui sont à l'aise et ceux qui ne le sont pas. Les frais de scolarité prenaient une place énorme pour moi. Je ne pouvais pas faire d'échanges ni de stages parce que j'enchaînais les petits boulots, dix à quinze heures par semaine. "

Découragé, il envisage de changer de filière, mais son premier emploi, un CDD comme conseiller commercial chez Orange, le remet sur les rails. " C'était la première fois que je gagnais autant d'argent, j'ai vu que je pouvais m'en sortir. " Aujourd'hui, à 23 ans, Youssef Meskini s'est accordé une année de césure avant son master 2, pour économiser et apprendre l'anglais. " À Shanghaï, j'ai compris que c'est indispensable. On ne finit jamais d'apprendre comment s'en sortir quand on vient d'un milieu comme le mien. Et ça continuera en entreprise. Mais c'est possible : quand je suis arrivé à Paris, j'ai découvert qu'un jeune de mon quartier avait fait Dauphine. Jamais je n'aurais cru ça possible. "

Le manque de confiance en soi, c'est aussi ce qui a pénalisé Fiona Dongang, 24 ans. Née au Cameroun, elle arrive en France à 5 ans. Bonne élève, elle ne postule que dans des écoles médiocres. " Je ne croyais pas pouvoir être acceptée ailleurs. Heureusement, un prof m'a poussée à tenter une prépa, et j'ai été prise. " Elle intègre ensuite l'école de management Neoma Reims dont elle sort diplômée en décembre 2014.

Son parcours n'a pourtant pas été facile, notamment lorsqu'il a fallu trouver un apprentissage. " Je n'osais pas évoquer mon unique expérience professionnelle : le marché de Sarcelles. Heureusement, j'étais suivie par une tutrice qui m'a expliqué que tenir un stand, choisir les produits, c'est un vrai travail, et que je devais capitaliser sur ma différence. "

Une stratégie gagnante : après deux années d'apprentissage chez IBM, Fiona Dongang s'apprête aujourd'hui à partir aux États-Unis pour un stage en marketing digital. Elle est également ambassadrice pour Passeport Avenir et intervient auprès de jeunes dans lesquels elle se reconnaît : " Je me souviens d'un étudiant qui parlait tamoul et n'osait pas le mentionner sur son CV. Il faut valoriser cette double culture ! Personne ne t'explique ça : dans les écoles, on revoit ton CV en corrigeant les fautes d'orthographe, c'est tout. Il n'y a aucun suivi personnalisé. "

Pas de job sans réseau

Sans réseau, sans conseils, avec des parents qui ne connaissent pas le système français, la recherche d'emploi se révèle impossible, Vanelson Valerus fait le même constat : " J'ai perdu un temps fou sur Internet, je ne cherchais jamais au bon moment, au bon endroit. Je me suis fait recaler sous prétexte que je n'avais pas le bon look. "

Vanelson, étudiant à Montpellier Business School, décide alors de créer son entreprise, Stud'Rent, un service de location d'électroménager pour étudiants. " Je n'ai peut-être pas les codes, mais j'en veux. C'est ma boîte, elle me ressemble, et son succès ne repose que sur ma motivation. "

Très impliqué dans son projet professionnel, Vanelson passe moins de temps sur ses études et perd la bourse qui lui permet de financer ses frais de scolarité. Mais il ne lâche rien. À 24 ans, pour la première fois dans sa vie, il prend l'avion pour se rendre à Shanghaï et compte répéter l'expérience : " J'y reviendrai pour faire du business. De toute façon, j'en ferai toute ma vie. C'est plus équitable. "



Source : www.lemonde.fr


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gad
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