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La RDC, paradis du vol du bois congolais par les blancs ?

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Faut-il encore importer du bois de République Démocratique du Congo (RDC) ? Global Witness publie, mercredi 3 juin, un rapport accablant sur les pratiques des grandes entreprises forestières opérant dans ce pays d'Afrique centrale où le contournement des lois se fait avec la complicité notoire de l'administration.

L'ONG britannique s'est appuyée sur le travail de l'Observatoire de la gouvernance forestière (OGF) en compilant les cas d'infraction relevés entre 2011 et 2014 par cet organisme indépendant mandaté par le ministère des forêts pour suivre les fonctionnaires dans leurs missions de contrôle. Dans une moindre mesure, elle a aussi tenu compte d'enquêtes réalisées par des " observateurs forestiers issus des communautés " ou d'ONG.

Corruption et impunité

Les conclusions retenues dans le texte de 18 pages intitulé, L'impunité exportée sont sans appel : chacune des 28 concessions inspectées - soit la moitié des concessions industrielles congolaises réalisant la grande majorité des exportations- présentait des entorses au code forestier.

Exploitation en dehors des zones autorisées, dépassement des volumes de coupe, collecte d'espèces protégées exportées avec de faux permis CITES (Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction), marquage frauduleux du bois, non-paiement des redevances, non-respect des engagements de compensation économique et sociale prises auprès des communautés reviennent en priorité dans ce catalogue d'illégalités.

" L'extrême faiblesse des contrôles gouvernementaux est aggravée par l'isolement et l'immensité de la forêt tropicale congolaise. Les atteintes documentées à ce jour ne constituent probablement que la partie visible de l'iceberg " écrit Global Witness. " La totalité du bois récolté de manière industrielle en RDC et commercialisé à travers le monde devrait être considéré comme risquant fort d'être illégal. "

Les violations du code forestier sont fréquentes, selon l'Observatoire indépendant de la gouvernance forestière

Contacté par Le Monde, le coordonnateur de l'Observatoire de la gouvernance forestière, Essylot C.Lubala confirme le tableau dressé l'Ong britannique. " Les violations du code forestier sont fréquentes. La gouvernance en RDC est très faible et l'impunité généralisée. La corruption gangrène le pays car chacun cherche à manger " explique ce juriste de formation en se plaignant du peu de moyens dont dispose son équipe de six personnes.

Le brûlot de Global Witness est loin d'être le premier avertissement. Il y a moins d'une semaine, Greenpeace pointait le cas particulier de Cotrefor - une société libanaise opérant depuis 2011 mais connue bien avant sous le nom de Trans M. Et vendredi 5 juin, s'ouvrira à Bandaka (province de l'Equateur), au terme d'une longue instruction, le procès mettant en cause la société Siforco pour des cas de viols et de destructions dont a été victime la population de Yalisika en 2011. Ce sera la première fois, dans la longue histoire des conflits entre les communautés et les exploitants forestiers en RDC, qu'une plainte arrive jusqu'à la barre d'un tribunal.

Le coeur de la forêt africaine

Le " grand Congo " possède plus de 150 millions d'hectares de forêts denses et humides, soit près de 60 % du bassin forestier d'Afrique centrale. Dix millions d'hectares sont exploités dans le cadre de grandes concessions accordées à des entreprises industrielles. Jusqu'à présent, l'agriculture et le bois utilisé comme combustible restent les deux moteurs principaux de la déforestation. " C'est le cœur de la forêt africaine, sa préservation est cruciale " argue Frédéric Amiel, de Greenpeace pour expliquer le tir groupé des ONG internationales.

La France porte une responsabilité particulière. Elle importe la moitié des quantités écoulées vers l'Europe et les ports de Caen et de la Rochelle font partie des principaux points d'entrée du bois congolais. Selon les manifestes de navires déclarés au port de Matadi et que Le Monde s'est procuré, plusieurs entreprises françaises sont clientes des principaux exploitants forestiers mis en cause.

 

Des peines jusqu'à deux ans de prison

Peltier Bois, une entreprise bretonne qui fabrique, entre autres, des terrasses et des parquets et achète des grumes à la Sicobois, a refusé de répondre à nos questions. Laurent Angot, gérant de la société de négoce, Angot bois, qui importe du bois de Cotrefor par le port de Caen et par le Portugal, récuse les allégations des ONG : " Cotrefor possède une concession attribuée par l'Etat. Elle exploite en suivant un plan d'aménagement validé par une société d'audit reconnue et avec laquelle nous travaillons. Le règlement bois de l'Union européenne (RBUE) nous impose d'être en mesure de prouver l'origine légale du bois que nous achetons. Nous sommes responsables pénalement, on ne va pas faire n'importe quoi. "

Depuis mars 2013 en effet, un règlement européen reposant sur le principe de la " diligence raisonnée " est entré en vigueur pour juguler les importations massives de bois qui contribuent à la déforestation tropicale.

En France, le gouvernement a cependant tardé à transposer ce texte et à adopter un régime de sanctions qui prévoit jusqu'à 2 ans de prison. Les premiers contrôles viennent à peine d'être lancés. Ils sont menés par le ministère de l'environnement, celui de l'agriculture mais aussi par " le commerce du bois ", l'association qui regroupe les entreprises du secteur. Eric Boilley, son délégué général, défend la fiabilité du système et promet que " si Siforco est condamnée, elle sera rayée de la liste des exploitants congolais avec lesquels il est possible de travailler ".



Source : www.lemonde.fr


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Jeremy
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