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La réalité psychosociale des afro-descendants martiniquais

  Politique, #

 

Par Christian Magloire

Comment peux -t-on croire qu'un pays entortillé dans le manque de repère de sa condition de peuple; dans son égarement culturel, dans sa personnalité identitaire non définie peut-il se construire? Pour imager mon propos , comment un dépressif peut-il trouver un chemin de guérison lorsqu'il n'a aucune idée réelle de là où il doit aller pour trouver l' équilibre nécessaire à son bien -être.

 

La réalité est là , l'histoire montre que tous les peuples déracinés sont sujet à des troubles d'une identité non définie qui restreignent leur capacité à progresser. Ce n'est ni une particularité , ni une spécificité martiniquaise , mais une altération psychosociologique qui se rapproche du syndrome du jumeau perdu .

Le déracinement, la perte d'identité culturelle sont en grande partie les causes de l'éparpillement de notre force à se constituer en peuple mature. Il faut de multiples générations pour éliminer les résurgences des troubles psychosociologiques engendrés par l'abstraction des mécanismes sociologiques intrinsèques à tous groupes sociaux désocialisés pour permettre l'érection d'une société stable dont les différences psychosociales antagoniques sont gommées afin d'atteindre une relative stabilité sociale.

L'homme s'adapte toujours au milieu dans lequel il vit, mais pour nous afro-descendants, de quoi découle notre adaptation à cette société, quelles sont la nature et les causes de notre personnalité sociologique dichotomique, ambivalente et perturbée ?

Certes, tout ne s'explique pas par notre personnalité identitaire troublée et incernable.

Les changements et altérations de la conscience qui opèrent dans les mécanismes sociologiques propres aux peuples ayant subits traumatismes, désocialisation et dépersonnalisation modifient la vision de leur réalité sociale la plus ordinaire.

Croire que les martiniquais sont peu volontaires ; souffrent d'inconfiance, de manque de détermination etc... Est vrai et faux à la fois.

Vrai parce que la valeur culturelle identitaire n'est pas innée donc absente chez lui, ce qui ne lui a pas permis de crée de lien de reconnaissance entre sa personnalité culturelle intrinsèque issue de ses atavismes ethnologiques et sa personnalité culturelle adoptée par l'exigence d'acceptation d'une culture dominante imposée.

Ces deux modes opposés de construction psychosociale ne peuvent avoir pour effet de créer une personnalité identitaire instable puisque née de l'agencement de deux conceptions psychosociales antagoniques.

Tous les apatrides du monde, les immigrés gardent au fond d'eux une partie de leur mode d'existence profonde et cela au-delà de plusieurs générations lorsqu'ils ont embrassés une culture différente de la leur. Un Sénégalais , Malien , Ivoirien, indien, Chinois ou tous autres resteront fondamentalement attachés aux valeurs sociales et culturelles qui ont structurées leurs identités profonde , c'est cette identité première qui crée le lien d'attachement aux particularismes héréditaires fondamentaux , et la rémanence des caractères psychosociologiques dont découlent les atavismes .

Dans le cas du Martiniquais afro-descendant, des dizaines de décennies après l'abolition de l'esclavage, à quelles valeurs fondamentales pouvait -il s'attacher ,sinon aux valeurs reconstruites à partir de l'assemblage du socle immuable de sa culture atavique forcée d'être bannie de sa conscience et l'assujettissement engendré par la déshumanisation , l'acculturation et la contrainte d'adhérer à une nouvelle mentalité .

Cela ne pouvait avoir pour conséquence que créer un être psychologiquement désorganisé et inconsciemment perturbé. De cette obligation naturelle de se construire une nouvelle personnalité, il ne pouvait résulter que d'une entité sociale hybride bivalente dont la formation ne pouvait ni désagréger ni dissoudre le socle ethno social inhérent à la construction homogène de tous groupes humains.

Comment de ce fait une personnalité peut reposer sur une forme d'ubiquité identitaire et comment ne pas penser que d'un tel assemblage ne puisse résulter une personnalité schizophrénique? Comment sociologiquement peut se structurer l'identité sociale d'un groupe hétéroclite issu de multiples types de cultures ataviques dissemblables en une entité homogène et solidaire dont le socle serait issus de traumatismes ineffacés de l'inconscient. Il est à remarquer que la population martiniquaise d'origine afro-descendante s'est construite sur l'agencement de plusieurs ethnies de cultures et fondements sociaux différents.

L'Africain devenu en un laps de temps Martiniquais a été privé de son instinct grégaire par acculturation et toutes sortes de processus dénigrant, sa fierté, son sens de l'homogénéité, de la cohésion, de l'organisation sociale furent annihilés et substitués par de nouveaux concepts sociétaux qui étaient subordonnés aux désirs et volontés du maître, civilisateur de circonstance.

Ces deux conceptions antagoniques formateurs de sa conscience et néfaste sur le plan de la conscience rationnelle ont instillés le mépris , le dénigrement, la mésestime de soi , les complexes de toutes sortes, car le nouvel homme libre ne se sentait pas répondre pas à l'image de la représentation culturelle imposé en modèle idéal parfait, celle du maître.

En regard du temps de construction et d'édification d'une groupe social ethnique ou communautaire relativement bien structuré, la population afro-descendante martiniquaise serait une jeune communauté érigée sans socle commun fondateur , elle serait née uniquement de l'obligation de cohabiter avec les descendants de colons dans un respect inconditionnel des mœurs étrangères et divergentes dans une même société en totale dénégation de son nouvel état d'homme libre .

Dans les années qui suivirent sa prise de liberté, le nouveau membre de cette communauté ne pouvait s'attacher qu'aux nouvelles valeurs relatives au mode de vie du moment, la déshumanisation a engendré des traumatismes qui ont détruits tous les mécanismes de cohésion nécessaire à l'appropriation de l'idée de groupe homogène et solidaire, principe de base fondateur de la construction de tous groupes communautaires tendant à la stabilité et à l'efficience .

Le nouvel homme hybride social s'est construit sur la base de deux modes culturels ethnologiques opposés, l'un dont la prépondérance a ordonné un changement par une sorte de transfiguration presque spontanée en regard du temps imposé pour ériger une société évolutive et constructive, l'autre, son fondement culturel atavique qui lui est sommé d'expurger de sa conscience pour s'adapter à sa nouvelle identité composite.

Dès lors il se trouve incapable de construire une identité propre à partir de ses expériences puisque les amalgames entre ses expériences ataviques et ses acquis nouveaux s'interpénétrant de fait dénient toute volonté d'existence sans parrainage.

Les conséquences rémanentes des bouleversements sociologiques provoqués par les traumatismes endurés par les afro-descendants dont nous sommes issus sont bien actives dans notre sociologie comportementale, une immaturité qui se vérifie par la peur de se prendre en main , par l'incapacité de constituer en une unité sociale homogène, par la peur de sortir du conditionnement et de la léthargie induite par une double personnalité créant une entité psychosociologique perturbée.

Individuellement chacun croit en soi, collectivement cette confiance n'existe quasiment pas. La notion de confiance collective a été détruite par l'évolution cahoteuse de la société martiniquaise engendré par le choix involontaire d'une image identitaire proche de celle de nos colonisateurs dans laquelle l'antagonisme entre notre identité profonde et celle qui nous a été obligé d'adopter ne peuvent s'accorder à fortiori s'harmoniser.

Les conséquences d'une instabilité issue du manque de cohésion entre la culture forcée d'être assimilée et celle d'origine ont créés une incapacité à définir toute notion de mentalité fondatrice de peuple suite aux pertes de repères sociologiques et des errements psychosociologiques récurrents provoqués par l'assistanat qui en découla de fait.

Il est faut d'éluder la question d'identité d'un revers de main qui consiste penser que nous vivons dans une erre nouvelle, qu'il faut sortir des idées reçues pour se délivrer de nos conditionnement, nous devrions progresser ne pas tenir compte du passé pour aller de l'avant etc...etc....Tout cela ne sont que de simples postulats sans fondements rationnels qui ne créent aucun mécanismes de résilience des traumatismes issus de la déshumanisation de nos ancêtres africains déportés en Martinique et inscrits dans notre mémoire cellulaire.

Une réflexion profonde de la réalité de notre culture tronquée laisse à penser que nous sommes des êtres pris en sandwich entre notre entité sociale conditionnée et notre culture atavique indéfectible transmuée par obligation en culture communautaire compensatrice. La culture compensatrice imposée, n'estompe ni ne détruit les atavismes, mais les renforcent quand rien ne permet de réparer les altérations de la personnalité psychosociale intrinsèque de tout groupe humain.

Nous assistons à une autre forme d'acculturation involontaire pour faire accepter l'idée que nous ne serions qu'une seule famille avec les mêmes valeurs séculaires qui ont structurées les hommes de ce pays.

C'est quelque peu manipulateur de vouloir fondre une culture dans une autre qui refuse de sortir de la sienne en restant cloisonné dans ses pratiques et conceptions d'un autre temps.

Cette propension pour certains à vouloir mixer des valeurs culturelles dénote d'une méconnaissance des mécanismes et actions simples qui peuvent permettre de corriger l'ordre des choses établies ou accomplies.

Vouloir corriger de manière consensuelle la perception naturelle d'un schéma issu de l'histoire est à certains égards noble, mais encore faut-il se pencher sur les méfaits de la déshumanisation et porter une doléance de pardon aux plus hautes instances de la république . Pour se faire, il faut au préalable susciter le débat sur une éventuelle réparation tout au moins morale. Cela va de soi.

Comment de ce point de vue ébaucher une réconciliation quand les descendants de colons ne démontrent pas le désir la volonté de sortir de leur condition clanique sans que l'on ne croit à une prévalence atavique de supériorité d'une culture sur l'autre.

La question n'est pas d'avoir de bons rapports simplement cordiaux entre les uns et les autres cela se conçoit et existe de fait.

Il faut c'est vrai arriver à une cohésion entre différents groupes , békés et afro-descendants , cela ne peut se faire que par l'acceptation de l'idée de réparation morale.

Le pardon-réparation est la condition sine qua none à toutes idées de réconciliation stable et durable, les mots les postulats , la sémantique n'apporteront qu'une vague idée de désir de rapports sereins et non un rapprochement harmonieux que tente de créer différentes personnes issues d'association dont on refuse les avancées si imperceptibles et minimes soient-elles .Les idées évoluent petit à petit du seul fait de les exprimer , elles tracent elles mêmes les chemins de leurs avancées.

C'est seulement et exclusivement par une réparation morale qui serait une vraie reconnaissance de ce crime contre l'humanité qu'est l'esclavage que les stéréotypes, les préjugés , les rancunes inconscientes finiront par s'estomper pour faire place à une réelle cohabitation fraternelle entre les descendants des maitres et les descendants d'esclaves . L'histoire est en cours.

Toute velléité de changement sincères ou pas seront vouées à l'échec si à l'image de cette forme simple de thérapie analytique on ne casse pas le processus de rémanence des atavisme qui sont sources des douleurs, des déconsidérations, des chosifications refoulées qui perturbent et perturberont encore longtemps les équilibres sociologiques des martiniquais et qu' il n'intervient pas une réparation morale avantageuse pour les deux parties.

Tous les amis et consorts associés à l'idée d'une opération de réconciliation devraient se pencher sur les causes qui freinent la progression de l'idée de réparation -réconciliation

entre békés et descendants d'esclaves pour une meilleure compréhension des blocages au projet de réconciliation en manque ou en absence de base sérieuse de réflexion.

Il est facile d'excuser le rapport particulier qui existe entre les békés et les martiniquais et descendants d'esclave en limitant l'explication de ce problème par la question de race.

Pour comprendre les réticences à accepter une refondation harmonieuse de nos deux culture simplement par un appel aux bonnes volontés, il faudrait se pencher sur certains aspects déterminants de la psychosociologie des peuples qui ont eu a subir des traumatismes déstructurant leur psychosociologie originelle. Les Juifs ; les Arméniens les Canadiens d'origine chinoise , les Héréros , les aborigènes , etc..

La réparation n'est pas une idée saugrenue véhiculée , ni une quelconque stratégie pour se cacher derrière des impossibilité à se rassembler ; mais une action concrètement ordonnée qui estompera au fil du temps les blessures , les douleurs et les humiliations qui perdurent au delà du temps par atavisme .

Ces document peuvent faire comprendre l'importance et la nécessité d'une réparation .

politiques-publiques.com


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