Société, # |
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Les noirs d'Afrique font partie des populations où le risque de souffrir d'ostéoporose est l'un des plus bas au monde. Jusqu'à présent, les scientifiques attribuaient ce phénomène à trois principaux facteurs: une espérance de vie moins élevée -la perte pathologique de densité osseuse intervenant le plus souvent vers 65 ans-, un mode de vie plus actif -faire marcher ses muscles protège ses os- et un taux de diagnostic moins élevé -ce n'est pas que ces individus souffrent moins d'ostéoporose, mais qu'ils n'ont pas assez de médecins pour le détecter. Une étude menée par Constance Hilliard, historienne de l'Université de North Texas, soutient une autre hypothèse: beaucoup d'Africains, et d'individus d'origine africaine, sont génétiquement adaptés à un régime alimentaire pauvre en calcium, via une intolérance au lactose.
De fait, les données analysées par Hilliard montrent que dans les régions d'Afrique de l'Ouest infestées par la mouche tsé-tsé, ce qui rend l'élevage laitier quasiment impossible, les femmes ont un taux de fractures de fragilité (causées par l'ostéoporose) significativement moins élevé que leurs homologues d'Afrique de l'Est. Et si les femmes d'Afrique de l'Ouest sont, selon Hilliard, "quasiment immunisées" contre l'ostéoporose, reste que les fractures de fragilité chez les femmes d'Afrique de l'Est sont aussi bien moins fréquentes que chez les femmes d'autres pays, notamment occidentaux. L'influence du mode de vieLeur point commun? Elles sont très majoritairement d'ascendance nigéro-kordofanienne, un bassin ethnique qui a comme particularité d'être dénué de l'allèle permettant à l'organisme de métaboliser le lactose alimentaire. En compensation, leurs os retiennent beaucoup mieux le calcium que ceux des populations d'ascendance européenne, où cet allèle est présent chez 85% des individus. Interrogée par Mother Jones, Connie Weaver, chercheuse en nutrition à l'Université Purdue et spécialiste de l'ostéoporose, juge l'article de l'historienne "très intéressant. Nous savons que la génétique détermine entre 60 et 80% de la densité osseuse, et que le mode de vie se charge du reste. Cet article souligne une différence génétique qui est probablement plus décisive sur la masse osseuse que le régime alimentaire ou d'autres éléments d'ordre culturel". Selon Hillard, les médecins devraient faire "plus attention à l'hérédité lointaine des individus, car les races sont bien plus diverses que les quelques catégories dans lesquelles on a l'habitude de les ranger". La scientifique travaille désormais sur un type de cancer de la prostate particulièrement fréquent et mortel chez les hommes d'ascendance africaine et qui pourrait relever du même phénomène. "La littérature montre une très forte corrélation entre le cancer de la prostate et une consommation élevée de produits laitiers, sauf que les Afro-américains sont très touchés par ce cancer et consomment relativement peu de produits laitiers", précise-t-elle.
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