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L'Afrique contre les OGM : Manifestation au Burkina Faso contre Monsanto ...

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" Les OGM n'élimineront pas la faim, mais nous les élimineront. " S amedi 23 mai, journée mondiale de résistance aux organismes génétiquement modifiés (OGM), qui devait donner lieu à quatre cent quatre manifestations dans cent quarante-neuf pays, la société civile burkinabée a elle aussi décidé d'organiser une marche à Ouagadougou pour défendre sa souveraineté alimentaire. Réunis depuis le 4 mars au sein du Collectif citoyen pour l'agroécologie, les organisations non gouvernementales et groupements agricoles à l'origine de cette mobilisation espéraient quelques milliers de manifestants venant du Burkina, mais aussi du Togo, du Sénégal, du Bénin..., pays voisins qui craignent que le Burkina ne soit la terre d'entrée des OMG en Afrique de l'Ouest.

 

C'est en 2003 que la firme américaine Monsanto a conclu un accord avec la recherche publique du Burkina Faso pour transformer génétiquement les semences locales de coton et les rendre résistantes aux insectes. Et en 2008, les premières distributions importantes de semences de coton dites " BT " ( Bacillus thuringiensis), dans lesquelles un gène insecticide a été introduit, ont eu lieu. Lors de la campagne de 2012, les surfaces ainsi cultivées ont atteint jusqu'à 70 % du total des cultures de coton du pays.

Depuis, celles-ci sont en recul et ne devraient pas dépasser les 50 % cette année. Face à la grogne montante des producteurs cotonniers, l'Etat et la société Monsanto, copropriétaire de la semence de coton BT, ont en effet levé le pied, limitant la quantité de semences transgéniques distribuées. Car les résultats obtenus lors des premières campagnes sont loin d'être à la hauteur des promesses.

Perte de qualité

Un producteur burkinabé de coton qui a arrêté l'utilisation des OGM Crédits : Fabien Fougère

" Lorsqu'on nous a proposé des nouvelles semences, nous ne savions pas ce que voulait dire "OGM". Il nous a juste été expliqué que nous allions produire beaucoup, beaucoup plus : au moins 30 % de plus qu'avec le coton conventionnel ", se souvient Mathieu Tinsoaba Basbila, 40 ans, cotonnier comme son père et ses aïeuls, qui a consacré ses 10 hectares au coton BT. Dès la première année, celui-ci a vu ses rendements passer de 700 kg à 800 kg par hectare. Cependant, " à la troisième campagne, nous avons commencé à nous poser des questions, car la rémunération de notre récolte avait brutalement chuté ", raconte Mathieu Tinsoaba Basbila, qui, avec l'ensemble des dix-neuf autres membres de son groupement de producteurs de Fada, dans la province de Gourma, dans l'est du pays, a alors finalement décidé de revenir au coton conventionnel. De fait, avec le coton BT, leur bénéfice annuel à l'hectare était tombé de 245 000 francs CFA (372 euros) à 225 000 francs CFA (342 euros), alors que le coût des intrants (semences, engrais, pesticides) était " au moins " multiplié par trois.

 

En cause, la moindre qualité des variétés transgéniques sélectionnées, dont les fibres se sont révélées plus abondantes mais plus courtes, et les graines plus petites et plus légères que celles du coton conventionnel cultivé dans le pays. Ce qui a conduit à un déclassement de la production nationale sur le marché international, et à une perte pour les producteurs, un même poids exigeant plus de fleurs de coton.

Sans compter qu'au bout de la troisième année, la variété transgénique a commencé à perdre sa résistance aux insectes. " Et la substance chimique que sécrète en permanence le BT n'est pas sans conséquence sur les sols, les appauvrissant ", souligne Christian Legay, de l'ONG belge Autre Terre, présente au Burkina.

Glyphosate

En janvier 2015, Monsanto constate le mécontentement des cultivateurs de coton burkinabés. La firme, dont les représentants au Burkina ont pour consigne de ne pas répondre aux médias, annonce alors l'introduction d'un gène supplémentaire qui permettra au cotonnier de supporter un herbicide " total ", le glyphosate. Ce désherbant, le plus vendu dans le monde et présent dans le fameux Roundup, vient d'être classé cancérigène " probable " en mars 2015 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)...

Monsanto n'entend pas s'arrêter là. La firme américaine aurait déjà versé 1,5 milliard de francs CFA à la recherche nationale pour travailler sur une semence de maïs transgénique notamment. Une incursion dans les cultures vivrières qui ne fait qu'accroître les inquiétudes. " Déjà, la première huile de consommation humaine au Burkina est l'huile de coton produite nationalement. Sur les étiquettes de ces bidons d'huile, le consommateur n'est pas informé qu'elle est faite avec du coton OGM ", fait observer Hervé Le Gal, de l'association agroécologique bretonne Ingalañ, impliquée au Burkina depuis 2007 et qui organise une marche à Rennes, parallèlement à celle de Ouagadougou.

Tourner la page des OGM

" Il est très important de sensibiliser les producteurs burkinabés et de leur donner du courage de dire non aux OGM. Y renoncer est difficile pour eux, car ils se demandent ce qui va leur arriver ", insiste Mathieu Tinsoaba Basbila, qui sait la contrainte que représente le système de préfinancement spécifique à la filière coton : la société cotonnière avance tous les intrants aux groupements locaux de producteurs, qui la remboursent quand la récolte leur est payée.

" L'Etat doit dire la vérité ", soutient Ousmane Tiendre Beogo, secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de l'agro-pastoral (Syntap), seul syndicat paysan burkinabé à résister aux OGM, devenu député du Conseil national de transition.

Celui-ci se félicite néanmoins que le travail de préparation de la marche de samedi ait ouvert le débat : le deuxième vice-président de ce Conseil de transition, Ibrahima Kone, s'est engagé à informer tous les députés, " dont peu, souligne-t-il, sont au fait du sujet ", et à rendre compte des inquiétudes exprimées au président Michel Kafando. " En octobre, la société s'est levée et a tourné une page. La page des OGM, qui ont été imposés par l'ancien régime, doit elle aussi être tournée. La priorité doit être de renforcer les systèmes de production locaux existants. Si l'on perd le contrôle de l'agriculture, c'est une catastrophe pour le pays ", s'alarme celui-ci, rappelant que 80 % des Burkinabés vivent de l'agriculture.



Source : www.lemonde.fr


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