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L'Afrique, moteur de la croissance mondiale

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La croissance mondiale connaît actuellement un ralentissement marqué en raison de plusieurs facteurs, parmi lesquels la stagnation économique de la zone euro, les moindres performances chinoises et la récession en cours dans trois pays des Brics (Russie, Afrique du Sud, Brésil). Plus globalement, la convergence des pays émergents avec les pays développés est remise en cause par plusieurs économistes. Barry Eichengreen, professeur à l'université de Berkeley, a expliqué, dès 2011, le ralentissement de la croissance des pays émergents. Larry Summers, professeur à l'université de Harvard, a également publié un "working paper" pour critiquer "l'Asiaphoria". Selon ses calculs, le taux de croissance de la Chine, supérieur à 7 % aujourd'hui, ne devrait pas dépasser, au cours des deux prochaines décennies, les 4 %, et celui de l'Inde devrait plafonner à 3 %.

 

Un duo États-Unis-Afrique comme locomotive

La croissance mondiale se retrouve ainsi tirée actuellement par deux moteurs : les États-Unis et l'Afrique. Si les États-Unis conservent une extraordinaire capacité de rebond économique, l'Afrique, de son côté, confirme son décollage économique. L'Afrique s'engage dans la voie d'un développement structurel qui s'appuie sur une population jeune, une urbanisation exponentielle et un afflux de capitaux.

Des indicateurs macroéconomiques "sains"

Cette croissance africaine est d'autant plus remarquable qu'elle atteint, en moyenne, 5,5 % par an depuis une décennie, indépendamment des aléas de la croissance mondiale, des risques souverains et de la crise financière. La croissance africaine s'est ainsi autonomisée, et est en mesure de poursuivre son chemin sur le long terme. Plus remarquable encore, les grands indicateurs macroéconomiques sont "sains" après les ajustements structurels des années 1980 et 1990. Six des dix pays connaissant la plus forte croissance dans le monde sont en Afrique, dont le Nigeria (7,5 %) et la Côte d'Ivoire (8,5 %). La richesse par habitant a crû de 3,5 % par an depuis une décennie. Huit pays africains ont un revenu par habitant de 10 000 dollars, supérieur à celui des Brics. L'inflation est contenue à 8 %. La balance commerciale est excédentaire de 4 % du PIB.

La consommation porte de plus en plus la croissance

La croissance africaine, qui est endogène, est portée par la consommation, avec pour moteurs le recul de la pauvreté de 42 % à 32 % de la population, et l'apparition d'une classe moyenne de 400 millions d'habitants selon la Banque mondiale. L'urbanisation de 40 % de la population, contre 28 % en 1980, est allée de pair avec le développement des services de première nécessité tels que l'assainissement de l'eau, l'école pour les enfants et le recours aux transports collectifs. Grâce à cette urbanisation accélérée, l'Afrique a connu des gains de productivité élevés, de 3 % par an depuis 2000.

Une diversification des économies

La croissance africaine diversifie les économies. C'est notamment le cas avec le développement des nouvelles technologies, et tout particulièrement du téléphone mobile, dont l'Afrique est le deuxième marché mondial, et qui a permis l'apparition d'une nouvelle classe d'entrepreneurs africains, pour certains devenus milliardaires. L'Afrique compte désormais 35 milliardaires et plus de 2 500 millionnaires.

Un mieux commercial incontestable

L'Afrique est également devenue un acteur commercial à part entière et non plus seulement un réservoir de matières premières pour le reste du monde. L'ouverture commerciale s'est ainsi traduite par la diversification des partenaires commerciaux, au premier rang desquels la Chine, qui est devenue le premier partenaire commercial pour l'Afrique (93 milliards d'exportations et 69 milliards d'importations). L'Inde et le Brésil sont également très présents, tout particulièrement dans les pays africains riverains de l'océan Indien pour le premier et dans les pays africains lusophones pour le second.

Des financements plus consistants

Enfin, l'Afrique dispose désormais des moyens de financer son développement. Outre une épargne interne qui trouve désormais à s'investir localement, les financements africains se sont développés et professionnalisés avec l'apparition de véritables réseaux bancaires, l'utilisation de services bancaires innovants, à l'instar du paiement par téléphone mobile, et l'afflux de fonds d'investissement souverains et privés. Dans le même temps, les bourses africains se structurent, notamment à Johannesburg, Lagos et Nairobi.

Un bémol à intégrer : certaines fragilités africaines

Certes, pour être complet, il convient d'ajouter que la croissance africaine conserve des fragilités intrinsèques. Tout d'abord, la croissance sera à géométrie variable selon les régions du continent. De plus, le développement des conflits sahéliens est un frein au développement de cette zone géographique. La poussée islamiste au Nigeria, le niveau de corruption dans plusieurs États, la pandémie Ebola, l'absence de grandes infrastructures routières et ferroviaires, et la fragilité des structures étatiques sont également des obstacles à une croissance forte. Mais globalement, il convient de penser raisonnablement que ces éléments ne feront pas vraiment obstacle au développement progressif de l'Afrique. La croissance démographique, le développement de la classe moyenne et les richesses des terres permettront de soutenir la croissance africaine.

Désormais, l'Afrique doit poursuivre sa transformation pour consolider sa croissance, et contribuer à être pleinement un moteur de la croissance mondiale, prenant progressivement le relais de l'Asie. Cela implique plusieurs conditions, parmi lesquelles le renforcement de l'intégration régionale, le développement des infrastructures, l'amélioration de la gouvernance et la priorité donnée aux grandes agglomérations de taille mondiale. La prochaine décennie sera peut-être africaine.

* Laurence Daziano, maître de conférences en économie à Sciences Po, est membre du conseil scientifique de la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol) et auteur de "Les Pays émergents. Approche géo-économique". (Armand Colin, 2014)


afrique.lepoint.fr


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