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L'Afrique, nouveau champ de bataille des majors des semences

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Difficile de ne pas remarquer les panneaux Seed Co. Plantés au milieu de rangs de maïs atteignant parfois quatre mètres de haut. Ils sont là pour témoigner de la qualité des semences du groupe zimbabwéen. " Seed Co est le meilleur partenaire possible en Afrique ", affirme Emmanuel Rougier, directeur général de Vilmorin. Le groupe français est monté en deux fois au capital de Seed Co, de très loin le premier semencier en Afrique. Il en détient désormais un peu plus de 30 %, le maximum autorisé par la loi zimbabwéenne.

Né il y a soixante-quinze ans, Seed Co bénéficie d'une position confortable. Le groupe contrôle 65 % de part de marché en volume et entretient des liens étroits avec un grand nombre d'agriculteurs africains. Il lui faudra cependant trouver de nouveaux moyens pour faire face à la concurrence, car le potentiel de l'Afrique intéresse tous les grands groupes du secteur. Qu'il s'agisse de Monsanto, de DuPont Pioneer, de Syngenta ou d'autres encore. Le marché africain des semences ne représente encore que 800 millions de dollars sur un marché mondial de 37,2 milliards. Mais " les perspectives démographiques sont extrêmement prometteuses ", souligne Emmanuel Rougier. La population doit plus que doubler, pour passer de 1 milliard d'âmes à 2,2 milliards d'ici à 2050. Un défi en termes de couverture alimentaire auquel les semenciers se font fort de contribuer, en promettant des rendements quatre fois supérieurs. Les besoins s'accroissent à grande vitesse, mais tout le développement agricole reste à faire dans un continent qui possède 17 % des terres arables de la planète et d'énormes réserves d'eau.

Pour l'heure, le maïs blanc règne en maître. Il constitue la base de la nourriture en Afrique sous forme de polenta, consommée à tous les repas, matin, midi et soir, avec quelques légumes, parfois du poulet. C'est la céréale sur laquelle se concentrent les géants mondiaux. Elle représente à elle seule 80 % du marché des semences. L'enjeu pour les industriels du secteur est de remplacer les semences que les agriculteurs ressèment d'une année à l'autre par des hybrides incomparablement plus productifs mais stériles, ce qui oblige les exploitants à en racheter chaque année. Dans la plupart des pays africains, les agriculteurs n'ont pas les moyens de financer les intrants, qu'il s'agisse de semences, d'engrais ou de pesticides. La majorité des fermes (80 %) sont minuscules, ne travaillant que 1 à 2 hectares pour une agriculture vivrière. Pour faire évoluer cette situation et augmenter la production, de nombreux gouvernements financent en partie les achats d'intrants et en font don aux agriculteurs, qui représentent encore la moitié de la population.

L'Afrique du Sud acquise aux OGM

Attiré par ces promesses de croissance, Monsanto a acheté la coopérative sud-africaine Sensako en 2000. Il s'est ainsi hissé à la première place en Afrique du Sud avec 45 % du marché des semences de maïs dans un pays massivement acquis aux OGM (maïs et soja), où le leader africain Seed Co est quasiment absent. Le géant américain n'a gardé que les activités maïsicoles de Sensako, rétrocédant tout le reste. Monsanto exporte sa production en Zambie, au Zimbabwe et au Malawi, des marchés massivement contrôlés par Seed Co.

Son concurrent DuPont Pioneer s'est installé lui au deuxième rang en Afrique du Sud avec une part de marché de 40 % en faisant l'acquisition du groupe familial Pannar en 2014. Cela a permis à DuPont Pioneer de se développer dans de nombreux autres pays de l'Afrique subsaharienne. Vilmorin vient en troisième position en Afrique du Sud, très loin derrière Monsanto et de DuPont Pioneer, avec une part de marché de 5 % grâce à Link Seed, une société acquise en 2013.

Vilmorin est en revanche leader pour les semences de soja, un marché encore modeste qu'il contrôle à 45 %. " Les perspectives en soja sont intéressantes dans cette partie de l'Afrique et au-delà, car le continent est déficitaire en huile de table. C'est une alternative à l'huile de palme et à l'huile de coton de très médiocre qualité ", estime Michel Debrand, directeur de Vilmorin Afrique. Les surfaces ont bondi de 50 %, à 600.000 hectares, en trois ans en Afrique du Sud.

L'Afrique du Sud reste aujourd'hui le seul pays du continent à autoriser le maïs OGM. Pourtant, Monsanto développe un lobbying extraordinaire avec l'appui de l'administration américaine, qui veut y voir la meilleure réponse contre la faim. Les ONG ainsi que des organisations africaines tentent de faire barrage, organisant des manifestations contre le géant de l'agrochimie et les OGM. Mais le rempart commence à se fissurer. Le Kenya a adopté une loi encadrant les OGM et leur ouvrant la porte par la même occasion. L'Institut de recherche agricole de l'Ethiopie négocie l'achat de semences OGM de coton, malgré la décision toute récente du Burkina Faso, très mécontent de la qualité des fibres après sept ans, de diviser par deux ses surfaces de coton OGM. L'Ouganda, la Tanzanie, le Mozambique, le Nigeria et le Malawi ont eux aussi donné l'autorisation de tester les OGM sur leur territoire.

Marie-Josée Cougard, Les Echos de Harare, au Zimbabwe



Source : www.ressources-africaines.com


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