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L'aide au développement ne doit pas obliger l'Afrique à importer des modèles d'ailleurs

  Société, #

L'aide publique internationale au développement a constamment augmenté ces dix dernières années pour se situer depuis 2011 à 161 milliards de dollars (122 milliards d'euros). Mais les résultats dans les pays bénéficiaires n'ont pas toujours été au rendez-vous. C'est ce qui ressort du rapport sur le développement de la Commission européenne, présenté lundi 4 mai, à Bruxelles.

Cette augmentation a été due en partie à l'urgence de mettre en œuvre les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), dont le but était d'éradiquer la pauvreté d'ici à... 2015. Or 1,5 milliard de personnes dans 91 pays en voie de développement - dont de nombreux africains - vivent toujours " en situation de pauvreté marquée par des carences cumulées en matière de santé, d'éducation et de niveau de vie ", selon des indications du Programme des Nations unies pour le développement. Et avec moins de 1,25 dollar par jour, ajoute la Banque mondiale.

Le rapport européen indique que le financement de l'aide au développement sera vain tant que de véritables politiques ne seront pas définies en matière de santé et d'éducation, d'infrastructures ou encore dans l'énergie verte. Pour Abraham Tekeste, ministre éthiopien des finances et du développement économique, qui était présent à Bruxelles lors de la présentation de ce rapport, l'aide internationale au développement est nécessaire mais elle doit laisser la latitude aux gouvernements africains de définir eux-mêmes leurs propres orientations.

L'une des critiques faites aux pays bénéficiant des aides au développement est qu'ils n'utilisent pas toujours ces financements de manière appropriée...

Ce n'est pas exact, car malgré de nombreuses difficultés encore persistantes, des investissements sont faits dans des secteurs aussi essentiels que l'éducation, la santé, l'agriculture et les infrastructures. Il se trouve simplement que nous ne faisons pas toujours les choix que les donateurs tentent parfois de manière insidieuse d'imposer aux pays en développement. Bien entendu, le soutien de nos partenaires est précieux pour accompagner et mieux canaliser la croissance en Afrique. Mais le développement de nos pays est d'abord de notre responsabilité, c'est à nous de définir des politiques qui correspondent à nos propres besoins de transformation sociale. L'aide au développement ne doit pas être conditionnée par une quelconque obligation à importer des modèles d'ailleurs.

Pensez-vous que l'aide publique au développement maintient les pays africains dans la dépendance ?

Il nous appartient de ne pas tomber dans cet écueil et de profiter de l'émergence économique du continent pour réfléchir à de nouvelles approches. Par exemple, est-ce que l'Afrique peut se développer sans les soutiens financiers internationaux ? Je crois que oui, si cela est bien négocié. Nos pays ont des ressources et des compétences, mais encore faut-il qu'ils puissent parler d'une même voix et mettre en place davantage de partenariats entre eux. Il faut aussi qu'ils soient solides dans leur engagement à répondre aux besoins essentiels des populations, y compris en matière de libertés individuelles. Se développer signifie acquérir de l'autonomie. Et pour parvenir à un développement durable, nous devons d'abord nous appuyer sur nos propres ressources.

Le développement est-il uniquement une question de moyens financiers ?

" Nous devons définir notre propre modèle de développement ", Abraham Tekeste, ministre éthiopien des finances

Non. Il s'agit d'abord d'une volonté politique, d'une vision de la société. Quel monde voulons-nous construire et comment pouvons-nous y arriver avec ce que nous avons ? Ces questions me semblent fondamentales. Nos pays ont besoin d'institutions encore plus fortes, de renforcer la gouvernance, et de nombreux pays africains le font déjà. Nous devons sans cesse réfléchir à la meilleure façon d'agir pour le mieux-être des populations, être imaginatifs pour générer des ressources nouvelles. Par exemple, l'un des enjeux aujourd'hui consiste à lever des recettes fiscales pour soutenir les projets de développement. La croissance économique en Afrique est de 6 % en moyenne. Cela signifie que les recettes fiscales devraient proportionnellement augmenter. Or ce n'est pas encore le cas. Il y a donc quelque chose à creuser ou à améliorer à ce niveau.

Addis Abeba accueille en juillet prochain la 3e Conférence internationale sur le financement du développement. Que faut-il en attendre ?

L'idée est d'aboutir à un accord suffisamment ambitieux pour financer les Objectifs de développement durable fixés pour l'après-2015. Il ne s'agira pas seulement de dire où nous trouverons les financements pour poursuivre les Objectifs du Millénaire. Mais il faudra aussi qu'un meilleur cadre politique et réglementaire international soit défini sur la biodiversité, par exemple, et en matière de transfert de technologies liées à l'énergie verte.


Source : www.lemonde.fr


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