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Le défi urbanistique des mégapoles africaines

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Les faits - Selon le dernier rapport de l'Institut national d'études démographiques (Ined), la population africaine passera de 1,1 milliard à plus de 2,4 milliards d'habitants d'ici à 2050. Plus de 60 % des Africains pourraient alors vivre dans des centres urbains. Cette croissance démographique vertigineuse - la plus forte du monde (124 %) - est due à la dynamique de natalité de pays comme le Nigeria, l'Egypte, la République démocratique du Congo ou l'Ethiopie.

Héberger près d'un milliard de nouveaux citadins d'ici 2050. C'est le vrai défi qui se pose aux dirigeants africains dont les villes grossissent à un rythme effréné. En 1960, l'Afrique comptait 30 millions de citadins (seules Le Caire et Lagos dépassaient un million d'habitants). Ils sont 415 millions aujourd'hui. "

L'urbanisation n'a pas encore atteint le niveau de l'Europe, de l'Amérique, de l'Asie et les disparités régionales sont importantes", nuance Gilles Pison, démographe à l'Ined. L'Afrique du nord est très urbanisée (80 % de la population vit en ville en Libye, 70 % en Tunisie et en Algérie, 60 % au Maroc), mais les pays sahéliens le sont beaucoup moins (les taux varient de 17 % à 40 %). Les pays du Golfe de Guinée se répartissent équitablement entre population urbaine et rurale avec une forte concentration urbaine au Gabon (80 %), au Cameroun et au Congo (60 %).

 

La dynamique ne semble pas prête de s'arrêter. Les " gens des villes " croient au rythme vertigineux d'environ 7 % par an.

" Notre continent vit une urbanisation accélérée, explique Fathallah Oualalou, le maire de Rabat au Maroc. La mutation qui s'est déroulée en Europe en un siècle se fera en vingt ans en Afrique ". Déjà, on voit émerger de grandes mégapoles comme le Caire (11 millions d'habitants), Lagos (10,7 millions), Kinshasa (9 millions) accueillant chaque jour de nouveaux arrivants (populations des campagnes poussées, faute d'emploi, à l'exode rural, migrants...).

Souvent, leur installation se fait de manière anarchique en périphérie, sur des terrains non viabilisés, et des constructions précaires où les services de base (eau, électricité, transports) ne sont pas assurés.

De Casablanca à Johannesburg en passant par Dar es Salam et Lagos, de nombreux bidonvilles ont vu le jour. " Les villes africaines sont le nouveau laboratoire de la mondialisation ", considère le maire de Rabat. Un laboratoire où se côtoie le meilleur (villes nouvelles et vertes, effervescence artistique, espaces de loisirs) et le pire. Les laisser pour compte des métropoles tentent de joindre les deux bouts par tous les moyens. Et n'hésitent pas, pour certains, à se lancer dans les arnaques, les trafics, la criminalité organisée. Ils sont aussi un terreau fertile pour le recrutement par les groupes religieux radicaux de kamikazes. Certains experts craignent la naissance de mafias se nourrissant sur le trafic de drogue, le kidnapping ou le racket... à l'image de ce qui se passe à Rio ou Mexico. Dans plusieurs villes africaines, des brigades de police et de gendarmerie spécialisées voient le jour pour répondre à ces menaces.

Tout espoir n'est cependant pas perdu. Depuis une dizaine d'années, les pouvoirs publics ont pris conscience de l'ampleur du phénomène urbain. Plus de 3 000 décideurs - ministres, maires et autres responsables locaux, bailleurs - participent actuellement à Rabat au Congrès mondial des villes et collectivités territoriales pour réfléchir sur les modèles urbains.

S'il n'existe pas de prototype idéal de la cité africaine, plusieurs agglomérations ont déjà pris des initiatives pour réduire les logements précaires, améliorer la sécurité, revoir les schémas d'aménagement... Bénéficiant d'une tradition citadine plus ancienne, le Maghreb est parvenu à mieux maîtriser l'expansion de l'informel et de l'habitat précaire (*).

A la suite des attentats kamikazes de Sidi Moumen, dans la banlieue de Casablanca, en 2003, le Maroc a lancé un programme " villes sans bidonvilles ". Aujourd'hui, ce quartier, autrefois abandonné, renaît. Les autorités ont introduit des logements sociaux, construit des écoles, des centres de santé, des terrains de sports. Des commerces s'y sont implantés.

Johannesburg, la grande métropole sud-africaine tente de réinventer le " vivre ensemble " en introduisant de la mixité. Le bidonville de Soweto, emblématique de la période de l'apartheid, n'a pas disparu. Mais, dans des quartiers comme Melville, Braamfontein et Maboneng, Blancs et Noirs, classes moyennes et huppées, jeunes et artistes, se côtoient. A Kinshasa, les autorités ont remis en place un service de transport en commun... une mesure insuffisante mais apprécié des citoyens. A Abidjan, deux ans après la fin de la crise post-électorale, la ville a retrouvé un peu de lustre. Les autorités ont rétabli les services de base, améliorer la collecte des ordures, balayé une partie des constructions anarchiques.

L'Etat, les collectivités locales, la chambre de commerce, les sociétés de services publics, avec l'aide de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme d'Ile de France, tentent actuellement de concocter une feuille de route cohérente sur les zones d'habitation, la fluidification des transports, les pôles économiques et commerciaux... De quoi satisfaire une classe moyenne en essor. A l'échelle des villes africaines, celle-ci devrait représenter plus de 300 millions de personnes en 2050.

Toutes ces initiatives seront-elles suffisantes ? Rien n'est moins sûr tant les besoins sont criants, notamment en termes d'emplois des jeunes générations. Ce challenge, certains maires veulent le relever. Ils appellent leurs autorités de tutelle à accélérer la décentralisation et à leur donner plus de moyens pour attirer les investisseurs. Ils demandent également un meilleur accès aux emprunts des grandes banques.

Seule l'Afrique du sud et les pays du Maghreb ont des politiques en la matière. Cela implique de mieux former les cadres territoriaux, de favoriser les structures de concertation en y incluant la nouvelle génération d'urbanistes, d'architectes, de paysagistes, de favoriser les partenariats public-privé.

Ce formidable développement des villes suscite enfin la convoitise des grands groupes mondiaux. Les Français (Bouygues, Vinci, Eiffage), leurs concurrents chinois, turcs, indiens, marocains se positionnent sur tous les marchés (ponts, voiries, immeubles résidentiels, logement sociaux, transports comme le tramway, collecte des ordures...). Des financements innovants commencent à voir le jour. Des sociétés de construction et des banques privées travaillent main dans la main, pour proposer des appartements clés en main, aux classes moyennes ou défavorisées. Comme partout ailleurs sur le globe, le rêve de tout Africain est d'avoir son propre toit.

lopinion.fr


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