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Le Quai Branly cultive la photographie

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Le 19 mars 2015, le Musée du quai Branly a fait sensation lors d'une vente aux enchères à Drouot, en préemptant deux pièces fortes du XIXe siècle : un daguerréotype de la Cordillière des Andes (65 000 euros prix marteau), sans doute l'une des premières photographies faites dans cette région, et un portrait d'un jeune Noir au regard effronté (8 000 euros), qui détonne par rapport aux portraits ethnologiques de l'époque. Deux exemples du dynamisme de l'institution qui enrichit chaque année sa vaste collection de photographies selon deux axes très différents : la photo ancienne et les œuvres contemporaines.

Le musée, qui a ouvert en 2006, détient des archives énormes, près de 700 000 pièces. Celles-ci ont été en grande partie héritées de deux ensembles, la photothèque du Musée de l'Homme et celle du Musée des arts d' Afrique et d'Océanie, ex-musée des colonies. Des images dont beaucoup font écho à l'histoire coloniale française et qui balaient l' histoire du monde entier, sur quatre continents, mais aussi l'histoire du médium, depuis ses tout débuts. " Nous avons des exemples de quasiment tous les procédés connus. La collection datant de la période 1840-1870 est sans équivalent dans le monde, avec des incunables ",explique Christine Barthe, conservatrice pour la photographie au Musée. La plus ancienne pièce de la collection date de 1841 - soit juste deux ans après l'invention de la photographie.

Premiers portraits anthropologiques

Au XIX e siècle, ce sont les voyageurs - militaires, amateurs, scientifiques - qui rapportent des images de leurs voyages, avant que ne soient organisées des missions officielles. " A l'époque, on s'adresse à de bons photographes, comme les frères Bisson, on forme les gens pour constituer des collections de photographie. " De très beaux albums décrivent ainsi les explorations menées dans des zones lointaines : Auguste Houzé de l'Aulnoilt, un marin, en réalise un de 1861 à 1864 à partir de ses voyages au Gabon. Son album relié de cuir est presque un journal intime, qui mêle les souvenirs personnels, des portraits de marins qui sont ses collègues et des photos d'habitants rencontrés sur place - dont un roi africain avec sa couronne. Il réalisera un autre album, plus " officiel ", sans doute destiné à des lecteurs importants.

De la fin du XIX e siècle datent aussi les premiers portraits anthropologiques, de face et de profil, qui visent à étudier les " types " humains d'une façon qui se veut scientifique. Autre période-clé pour les collections du musée : les années 1930, qui voient s'épanouir l'anthropologie, parallèlement avec la naissance du Musée de l'Homme. Cette époque, note Christine Barthe, est aussi marquée par la montée des théories raciales, et " on voit renaître un intérêt pour les portraits anthropologiques du XIXe siècle... ".

Une section dédiée à la photographie

Toutes ces images avaient été rassemblées à l'époque dans un but de documentation. C'est seulement dans les années 1980 qu'on se met à considérer la photographie comme un objet artistique et de collection. Lors du transfert des collections au Musée du quai Branly, la question se pose : qu'en faire ? Comment les considérer ? Comment les classer ?L'institution se voulant à la fois un musée ethnographique et d'art contemporain, il est décidé de ne pas faire de distinction dans les photographies entre le documentaire et l'artistique. " Nous n'avons pas voulu cette coupure, qui existe ailleurs ", précise Christine Barthe, qui s'occupait auparavant des collections de photos du Musée de l'Homme. Lors du transfert des collections au Musée du quai Branly, la photographie gagne un statut à part, avec une section dédiée, la seule qui soit transgéographique et transhistorique.

Mais la principale décision, à Branly, a été d'inverser le regard du regardant et du regardé. " Toutes ces images anciennes ont en commun de refléter une vision européenne, et française, du monde exotique,explique Christine Barthe. Nous avons décidé de nous intéresser à la création contemporaine sur les quatre continents, mais en les prenant non pas comme des sujets de photographies, mais comme lieux de production de photos. "

De là la création d'une bourse annuelle d'aide à la production d'œuvres, dotée de 15 000 euros, qui aide aussi à enrichir les collections, et de la biennale Photoquai, qui met en avant tous les deux ans la jeune création venue de contrées lointaines. Le présent, le futur, mais toujours le passé : le musée soutient aussi, en parallèle, des travaux de recherche sur les premières photographies non européennes.



Source : www.lemonde.fr


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