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Le silence de Taizé en terre africaine

  Culture & Loisirs, #

Cotonou, la capitale économique du Bénin, a accueilli 7 500 jeunes du 31 août au 4 septembre pour un « pèlerinage de confiance sur la terre » à l’appel de la communauté de Taizé.

Et soudain, le silence se fait. Sous le grand « apatam », immense tente dressée sur la terre sablonneuse et rougeoyante de Cotonou, la foule se tait longuement, derrière les hommes agenouillés, vêtus de grandes aubes blanches?: 7 500 jeunes ont répondu à l’appel de la communauté de Taizé, entre le 31 août et le 4 septembre, pour un pèlerinage dans la capitale économique du Bénin.

Quelques minutes avant, pourtant, le groupe togolais entamait, sous le soleil brûlant, une danse énergique au son de deux grands tambours. Une alternance entre musique et silence, frappante, et caractéristique de ce rassemblement de Taizé en terre africaine.

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Prières et réflexions communes, les recettes sont les mêmes qu’en Europe

Ce « pèlerinage de confiance sur la terre », comme aiment à l’appeler les frères de la communauté de Taizé, est le quatrième du genre sur le continent. Après Johannesburg (Afrique du Sud) en 1995, Nairobi (Kenya) en 2008 et Kigali (Rwanda) en 2012, la communauté bourguignonne a réuni à Cotonou plusieurs milliers de jeunes venus de toute l’Afrique.

Ici, la recette est la même qu’en Europe, et elle est fidèle à la vocation de la communauté œcuménique?: invitation adressée aux protestants et aux catholiques, accueil assuré par des familles, prière commune organisée autour des frères de Taizé, participation des jeunes à des ateliers de réflexion…

Mais à Cotonou, il y a une différence de taille?: parmi les jeunes présents, nul n’avait, il y a quelques semaines encore, entendu parler de la communauté œcuménique française installée en Bourgogne, et encore moins de son fondateur, Frère Roger.

Découvrir « un autre style de prière »

« Pour nous, les Africains, Taizé est un autre style de prière », témoigne ainsi Pédros Mitan. À 25 ans, ce jeune Tchadien se destine à devenir directeur d’école. Il est arrivé de N’Djamena en juin, pour aider à la préparation de la rencontre, après avoir découvert Taizé par l’intermédiaire d’une religieuse française.

« Dans nos cultures, nous sommes habitués aux chants, au djembé, aux maracas, aux danses. Chanter est un moyen de rendre grâce, d’exprimer notre joie, de louer le Seigneur. Grâce à Taizé, nous découvrons que ce n’est pas la seule forme de prière possible. C’est une grande richesse. Car c’est bien dans le silence que Dieu me parle. » Aujourd’hui, le jeune homme va même plus loin?: il craint que le« bruit » de certaines messes, dans son pays, ne masque « un manque de réflexion profonde sur la foi ».

« L’Évangile nous a-t-il vraiment traversés jusqu’au fond de nous-mêmes?? »s’interroge Prosper Aïmade, 28 ans, séminariste à Cotonou, en allusion aux tensions ethniques qui existent sur le continent. « Lorsque je vais dans une administration, le traitement que l’on me réserve peut être très différent selon que je tombe sur un fonctionnaire ou un autre. Si mon interlocuteur n’est pas de la même ethnie que moi, les choses peuvent traîner des semaines et des semaines. »Pour « briser ce verrou ethnique », le jeune homme s’est mis récemment à l’apprentissage d’un autre dialecte que le sien.

Spiritualité et économie au programme des conférence

Dialogue interculturel et échanges fraternels sont des grands classiques de ces rencontres de Taizé. Mais à Cotonou, la communauté a tenu à adapter les ateliers aux préoccupations locales?: « Entrepreneuriat?: une opportunité pour une majorité de jeunes », « Construire la paix en nous-mêmes et autour de nous », « Les cultures africaines célèbrent la confiance et la réconciliation »…

Cet après-midi-là, la conférence sur l’amélioration du rendement dans les petites exploitations agricoles a fait le plein, tandis que celle sur le dialogue avec les croyants des religions traditionnelles africaines a suscité des échanges passionnés. Quant aux chants de Taizé, traduits en langues mina, fon et en yoruba, ils témoignent de la même volonté d’inculturation.

Opération recrutement?? « Non, répond le F. Luc, frère de Taizé installé à Nairobi (Kenya) et coordinateur de la rencontre. Il ne s’agit pour nous ni de recruter des vocations, ni de nous installer au Bénin. » Au cours de ces quatre jours, les frères n’ont d’ailleurs consacré aucun atelier à la communauté ou à son fondateur.

Faire vibrer les cœurs

« Cela aurait été très mal pris. Il était hors de question pour nous de plonger dans une forme de récupération. » Les fruits de cette rencontre seront ailleurs, insiste-t-il. « C’est maintenant que tout commence?! » Chaque groupe a reçu une « icône de l’amitié » avec laquelle ils iront prier auprès des plus pauvres.

« Nous croyons qu’une fois qu’un cœur humain a connu la liberté, a vibré, il ne l’oublie pas, poursuit le F. Luc. Une fois que des gens ont traversé des frontières, ils en traverseront d’autres. »

« Une disponibilité pour approfondir leur foi »

Frère Alois, prieur de la communauté de Taizé

« Je suis frappé, ici, par le mélange entre la joie et le sérieux de ces jeunes. La joie est très forte. Elle prend tout le temps le dessus. C’est quelque chose que nous, Occidentaux, pouvons apprendre de l’Afrique. Mais pour nombre d’entre eux, l’avenir est encore un grand point d’interrogation, du fait des difficultés matérielles. Et sur un plan spirituel, ils expriment des questions existentielles très fortes. Le fait qu’ils entrent ainsi dans le silence de la prière montre une grande soif spirituelle, et une disponibilité pour approfondir leur foi. »

Loup Besmond de Senneville, à Cotonou (Bénin)


Source : La Croix


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