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Les Arméniens véhiculent leur Histoire, les Antillais enterrent la leur...

  Société, #

Pascal Légitimus n'était plus retourné au 1 bis rue Rouget-de-Lisle, à Choisy-le-Roi, depuis une vingtaine d'années. Il était bien présent samedi devant cette maison qui a accueilli des réfugiés du génocide arménien, ainsi que leurs descendants, à partir de 1926 : sa grand-mère en faisait partie.

Une plaque commémorative y a été déposée, à l'occasion du centenaire du génocide arménien. L'acteur et réalisateur l'a bien connue, pour l'avoir fréquentée pendant dix années, à partir de 1966.

Quelle histoire vous lie à cette maison ?

PASCAL LÉGITIMUS. C'était la demeure de ma grand-mère maternelle. On y allait un week-end sur deux. Il y avait une quinzaine de personnes du noyau familial du côté de ma mère qui vivait là. Il y avait un grand jardin derrière de 400m2 : on s'amusait aux cow-boys et aux indiens, le dimanche après-midi.

Quels souvenirs gardez-vous de ce lieu ?
Des odeurs de cuisine particulières. Et puis aussi la langue, des comportements, des récits historiques. On avait en " live " le vécu de ces gens-là, qui ont subi la diaspora. Quand j'y allais ce n'était pas forcément de la joie, parce qu'il y avait cette ambiance un peu triste. Ces gens-là ont subi des choses assez graves : il y avait une énergie, une vibration qui était un peu anxiogène. Mais quand j'étais avec mes petites-cousines, c'était beaucoup plus agréable.

Vous avez parlé de cette histoire assez tard...
Oui, car je n'avais pas de raison d'en parler. Je suis assez pudique et discret, donc je ne voyais pas l'intérêt. Mais au fil des années j'aimis de côté des souvenirs, des notes sur un cahier, qui concernaient toutes les anecdotes que j'ai pu vivre. J'en ai parlé la première fois l'année du tremblement de terre en 1988, dans 7 sur 7, l'émission d'Anne Sinclair.

Que vous a apporté cet héritage ?
C'est bizarre, c'est comme se demander ce que ça apporte d'être français. Mais c'est vrai que je suis " Caucase et cocotier ". A fortiori je suis métisse, ballotté entre deux énergies assez différentes mais avec des points communs. Entre le zouk d'un côté et les danses folkloriques de l'autre. Je suis emprunt de tout ça. La culture arménienne c'est une culture très familiale, les déracinés sont très soudés. Du côté antillais, des gens qui viennent de l'esclavage, il y a une douleur aussi mais un peu plus rentrée.

Les Arméniens véhiculent l'Histoire et les Antillais l'enterrent. Je me suis demandé comment faire rire avec deux malheurs ? J'ai écrit un spectacle (Alone man show) pour rendre hommage aux deux entités et à mes parents. Dans les années 1960, qu'une Arménienne se marie avec un homme noir c'était improbable, et c'était courageux de leur part. J'ai eu l'occasion de participer à plusieurs événements, le Phonéton, la Croix-bleue des Arméniens. Aujourd'hui c'est le centenaire du génocide, et c'est nécessaire d'en parler.

Une exposition sur la vie des Arméniens de Choisy et la double-culture de leurs descendants sera visible sur les grilles du Parc de la mairie jusqu'au 30 novembre. Des objets sont exposés aux Archives municipales. 


Source : www.leparisien.fr


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