L'année 2014 a été riche pour le photographe toulousain Philippe Guionie, entre l'Afrique, l'Europe centrale et d'autres contrées encore à explorer. L'actualité immédiate c'est pour lui une exposition collective qui se déroule dans la prestigieuse Maison européenne de la photographie, à Paris, jusqu'au 18 janvier, en hommage à la photographe Sabine Weiss, 90 printemps. A la demande du Salon de la photo, 9 photographes professionnels ont réalisé une image dont ils auront eu le "déclic" à partir d'un cliché de leur illustre aînée.

Baroudeur dans l'âme, Philippe Guionie est parti une semaine sur les rives du Nil à la recherche de la petite égyptienne aux yeux rieurs et aux cheveux frisés que Sabine Weiss avait rencontrée en 1983. Malheureusement, l'enfant tellement vue depuis, dans les livres ou sur des calendriers, est décédée il y a quelques années. Philippe Guionie a choisi de photographier sa fille (voir ci-contre).

Un mur lépreux, un chat noir, une épave abandonnée sur une route de montagne, une grande roue encerclée de nuages épais... Passant du Rolleiflex, son vieil appareil de prédilection, au Polaroïd, Philippe Guionie s'est baladé autour de la Mer Noire, en trois fois, entre 2004 et 2012, sur les traces de Kéraban le têtu, un héros méconnu de Jules Verne. "C'est un voyage plutôt distancié, intemporel, à proximité d'une mer qu'on ne voit que de temps en temps. Il est question de sentiments, de sensations, de petits moments. Je ne fais que passer, j'effleure".

De ce périple intime, Philippe Guionie a tiré un livre, "Swimming in the Black Sea" (Filigranes, 64 pages, 30 €) qui ne ressemble en rien aux précédents, très classiques, intégralement noir et blanc. "Je raconte ma découverte de la couleur, mes expérimentations. Au fil des ans, j'ai constaté des altérations chromatiques sur mes Polaroïd. Cela tombe bien : je voulais travailler sur l'éphémère".

Parmi les nombreux projets de Philippe Guionie, il y a l'Afrique, encore et toujours. "Là-bas, j'ai l'impression de grandir plus vite, de comprendre ce que je suis, ce qui est important et ce qui ne l'est pas".

Le photographe sera en février au Niger, en avril au Tchad et en novembre à Bamako, au Mali. Et en septembre sortira son nouveau livre, "Délestage", voyage nocturne... à N'Djamena, capitale tchadienne subissant sans cesse des coupures d'électricité.