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Tandis que les femmes africaines sont aujourd'hui plus nombreuses que les hommes à diriger des entreprises, ce dynamisme pourrait redéfinir en profondeur les rapports de force sur le continent, où les premières sont encore victimes de nombreuses violences.
Vers un entrepreneuriat africain au féminin " Le rôle des femmes a été reconnu dans le préambule de l'accord de Paris [l'accord final de la COP21, ndlr] et il faut donner à cette reconnaissance une traduction concrète. En Afrique, l'avenir du climat est entre les mains des femmes. " A la tête de la Conférence de Paris pour le climat (COP21) depuis le départ de Laurent Fabius du gouvernement, la ministre française de l'Environnement, Ségolène Royal, a choisi de prendre fait et cause pour les femmes africaines. Elle a par exemple annoncé, le 22 avril dernier, lors de la signature de l'accord de Paris - qui a réuni 175 États à New York -, le lancement d'un prix pour récompenser les " héroïnes africaines du climat ", baptisé Wangari Maathai - du nom de l'écologiste kényane et Nobel de la paix.
En Afrique, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à diriger une entreprise. Un dynamisme qui devrait permettre l'émergence d'un entrepreneuriat au féminin, loin des codes virils érigés par les dirigeants masculins. La Sud-Africaine Rapelang Rabana, fondatrice de la société Yeigo Communications et de Rekindle Learning, milite pour que le rôle croissant des femmes donne naissance à un nouveau modèle managérial. " J'ai le sentiment que puisque de nombreux environnements 'corporate' ont été créés par les hommes, ils ont dessiné un système favorisant les traits masculins traditionnels, comme parler fort pour attirer l'attention, user de l'agressivité pour persuader, parler simplement pour montrer son autorité (à l'inverse de parler pour être efficace et dire quelque chose d'utile), etc. Donc créer son propre business permet aux femmes de créer une nouvelle façon de faire les choses ", estime-t-elle. Dominique Nouvian, pionnière dans l'aide aux femmes Aujourd'hui, si 42 % des microentreprises sont dirigées par des femmes, seules 13,6 % des PME le sont. " Une indication claire qu'elles ont du mal à grossir ", explique Ndidi Nwuneli, figure emblématique de l'entrepreneuriat africain. " Les plus grands obstacles sont l'accès au financement et aux marchés. De plus, une majorité de femmes entrepreneures n'ont pas suffisamment de formation commerciale, et de connexions avec les fournisseurs de services de business développement ".
Certains pays, comme la Côte d'Ivoire, tentent de pallier ces problèmes : l'initiative de Dominique Nouvian, la Première Dame ivoirienne, de créer un Fonds d'appui aux femmes (FAFCI), a permis de soutenir en quelques années plus de 110 000 projets portés par des femmes. En mars dernier, le Fonds a été récompensé pour son engagement social en faveur de l'indépendance financière des femmes par la Chambre de commerce américaine. " Nous sommes venus pour féliciter Madame Nouvian pour le grand travail qu'elle fait pour les femmes et les enfants " a ainsi expliqué Maryon Brillant, vice-président de la Chambre. Inciter les pays africains à agir Cette initiative, louable s'il en est, ne doit pas faire oublier les inégalités endémiques et les nombreuses violences dont souffrent les femmes sur le continent. Si plusieurs États africains sont signataires de la Déclaration onusienne sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes, les viols sont monnaie courante dans les zones en crise et il est rare que les autorités donnent suite aux plaintes des victimes d'abus sexuels. A Djibouti, les viols massifs de femmes appartenant à l'ethnie des Afars - peuple de la Corne de l'Afrique - sont régulièrement dénoncés par les ONG, qui demandent une enquête internationale et pointent du doigt l'inaction du pouvoir en place face à plus de 200 cas de viols. " Aujourd'hui, le combat que l'on mène, c'est de montrer que le pays ne respecte pas les conventions internationales qu'il a conclues ", observe Sabine Salmon, présidente de l'association Femmes solidaires, mouvement pour la défense et le développement des droits des femmes et pour la parité et la solidarité internationale.
Très récemment, le Congolais Jean-Pierre Bemba, ancien chef rebelle du nord de la République démocratique du Congo (RDC), a été reconnu coupable par la Cour pénale internationale (CPI) de cinq crimes de guerre ou contre l'humanité commis entre 2002 et 2003 en Centrafrique. Parmi ceux-là, de nombreux cas de viols de femmes - mais pas que. Si la peine de M. Bemba, qui fut également vice-président de la RDC entre 2003 et 2006, n'est pas encore connue, la simple tenue du procès devant la CPI souligne le désir de voir les choses évoluer sur le terrain des violences faites aux femmes.
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