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Les hommes de Djambala cultivent l'amour des femmes

  Société, #

" Je suis polygame. Aux champs, je travaille entouré de mes deux épouses. Quand l'un de nous est fatigué, l'autre l'aide. Nous ne sommes plus trois, nous formons une seule et même personne ! " Jean-Paul Nkiénankié applique la même solidarité avec les 13 autres membres de son groupement agricole Espoir : " Nous sommes 5 hommes et 9 femmes. Nous avons tous les mêmes activités, les mêmes rôles. Bientôt, je ne serai plus président. Une femme me succédera, c'est la démocratie ! "

Dans les champs autour de Djambala, le chef-lieu du département des Plateaux, à près de 450 km au nord de Brazzaville, femmes et hommes sont désormais habitués à travailler la terre ensemble. Tout a commencé dans les années 1980 avec l'arrêt de la culture et de la vente du tabac. Les hommes voient alors brutalement se tarir leur principale source de revenus. Quelques téméraires commencent à cultiver à la houe manioc, arachide, pomme de terre, igname, haricot et maïs. Le département est en effet réputé pour ravitailler la capitale Brazzaville, en particulier en pommes de terre et en foufou.

Mais, ce n'est que depuis les années 2000, encouragés par diverses ONG et autorités comme le ministère de l'Agriculture, que les hommes se décident enfin à rejoindre en masse les femmes dans les groupements agricoles. Directrice départementale de l'Intégration de la femme au développement, Germaine Inko encourage au quotidien ces rapprochements : " A chaque descente sur le terrain, nous parlons aux gens de la plus grande solidarité et rentabilité quand on travaille ensemble dans des groupements agricoles. "

Femmes et hommes complémentaires

Une bonne entente qui commence à porter ses fruits. " Ensemble, nous cultivons sur un hectare et demi, contre un hectare auparavant. Les femmes savent mieux que nous comment planter et sarcler ", observe modestement Joaquim-Jaurès Ngambo, membre du groupement Sainte Rita (8 femmes et 3 hommes). " Avant, les hommes n'allaient aux champs qu'une fois par an ! Ils ont donc tout intérêt à écouter les femmes... Un seul doigt ne peut pas laver la figure ", encourage Léon Indoura, chef du quartier Centre-ville à Djambala. Lui-même reconnaît volontiers travailler dans les champs avec sa femme.

 

A l'échelle du département, Germaine Inko dénombre " 45 à 60 groupements agricoles. Presque tous ont désormais des hommes parmi leurs membres. Certains adhèrent pour être avec leurs épouses. Ils rédigent divers documents et font les gros travaux. " Un coup de main viril apprécié des cultivatrices. " Les hommes dessouchent en une heure des gros arbres. Sans eux, nous mettons cinq fois plus de temps ! Et puis, ils sont plus sociables et arbitrent nos petites disputes ", apprécie Martine Joëlle Gabio.

Pour l'énergique présidente de Jeunesse Onari d'Abala Ndolo (groupement de 10 femmes et 4 hommes), cette bonne entente est rentable : " Grâce à l'agriculture, je gagne plus d'argent qu'un fonctionnaire ! " Martine Joëlle n'exagère pas. Au Congo-Brazza, un représentant de l'Etat gagne autour de 150 000 francs CFA (230 €) par mois, alors qu'une cultivatrice peut toucher jusqu'à 200 000 (300 €), soit 1,2 million de francs CFA pour chacune des deux récoltes annuelles.

" Ensemble, nous produisons trois fois plus "
Ayoulou Essous Galem, souriant président fondateur du groupement Mères et filles de Kialé (70 membres dont... 2 hommes !), insiste sur les bénéfices partagés de cette bonne entente : " La femme t'attire, elle te dit de te lever ! Ensemble, nous produisons trois fois plus de sacs de foufou et d'arachides qu'avant. " Pourtant, pour Essous comme pour d'autres hommes, il y a une ligne rouge à ne pas franchir : " A la maison, j'aide mon épouse, mais pas trop souvent, sinon, elle deviendra paresseuse et dira qu'elle me domine ! "

Germaine Inko relativise : " Avant, les filles ne pouvaient pas aller à l'école, les hommes avaient peur qu'elles en sachent plus qu'eux et qu'elles ne les respectent plus. Aujourd'hui, nos hommes n'ont plus envie d'assumer 100 % des charges familiales. "Une femme témoigne de cette évolution nuancée : " En fait, tout dépend de notre façon de demander. Un jour, j'étais en détresse dans mon champ. J'ai supplié mon mari de m'aider. Il est venu... "

A Djambala, les hommes cultivent aux champs, parfois même sans le savoir, l'amour des femmes.

Chronologie et chiffres clés

 

 

 

 



Source : RFI


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