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Les 10 albums africains à écouter en 2016

  Musique, #

 

"J'étais sur le front et je me suis battu.Tout était détruit. Cette souffrance, je la chante, je la respire." Son art poétique et musical, son engagement publique, sa vie intime, tout ramène Sahra Halgan au Somaliland, petit territoire arraché dans le sang à la Somalie qui, depuis 1991, clame son indépendance sans réussir à émouvoir la communauté internationale. Après 23 ans d'exil, Sahra a enfin retrouvé cette terre qu'elle n'a jamais cessé de célébrer. Ces retrouvailles lui ont inspiré un bel album empreint de douleur, de joie et de dignité, où son chant très pur est subtilement supporté par la guitare de Maël Salètes et les percussions d'Aymeric Krol (déjà remarqué au sein de BKO Quintet). A ne pas manquer, le 10 février au Studio de l'Ermitage, dans le cadre de l'indispensable festival Au Fil des Voix.

Constantinople & Ablaye Cissoko, Jardins Migrateurs

Unir dans un même flot les arpèges perlés de la kora sénégalaise, les ornements cristallins du setâr persan et le chant profond de la viole de gambe, telle est la promesse de Jardins Migrateurs. Doués d'autant d'imagination poétique que de sagesse musicale, le griot Ablaye Cissoko et l'Ensemble Constantinople se sont appliqués à l'honorer en y mettant les formes, composant une musique d'une grande beauté humble, semblable à une calligraphie ancienne empreinte de lumière musulmane.

 

Un nouveau disque de Djelimady Tounkara, c'est un événement en soi. Après avoir longtemps dirigé le légendaire Super Rail Band de Bamako, l'homme a pris l'habitude de se montrer aussi rare qu'indispensable (son dernier effort en solo, l'excellent Solon Kôno, date de 2005). Djely Blues, à paraître le 4 mars, marque un tournant : pour la première fois, le maître de la guitare mandingue livre un album entièrement instrumental. Et c'est une extraordinaire leçon musicale. Qu'il plonge dans de longues mélancolies électriques ou fasse jaillir les scintillements terriens de sa guitare acoustique, Djelimady, accompagné par une formation réduite, ne joue pas une note qui ne reflète les splendeurs des traditions maliennes et de sa propre inventivité.

Christine Salem, Larg pa lo kor

Le maloya de Christine Salem est vif, violent et exaltant à la manière d'un vent de mer qui jetterait par paquets ses embruns à la face du ciel. C'est un chant immédiat qui porte jusqu'au studio d'enregistrement le fatalisme, les lassitudes et la combativité de la rue, états d'âmes bercés, avec la mémoire lointaine de l'esclavage, au son des tambours omniprésents. Christine n'a jamais été une artiste tranquille, c'est une rebelle-née et si ce cinquième album la voit plus libérée que jamais (depuis peu, elle peut enfin se consacrer exclusivement à la musique), la rage est toujours le moteur principal de sa musique, la transe son aboutissement. A ne pas manquer, le 6 février à l'Alhambra, pour Au Fil des Voix.

 

Gambari Band, Kokuma

D'emblée, la musique paraît familière. Un simple coup d'œil sur les noms et les visages nous renseigne : on retrouve dans le Gambari Band plusieurs membres de la famille (et du groupe) de Bassekou Kouyaté. Avec d'aussi bons musiciens, et le virtuose du n'goni Oumar Barou Kouyaté à leur tête, le plaisir est garanti. Dédaignant l'électricité et les effets tapageurs, Oumar soumet les brillances de son petit luth à son groove personnel, sorte de tremblement à la fois paisible et excitant, tandis que les vocaux de Kankou et Massaran Kouyaté, tour à tour suaves et mordants, le relancent sans cesse. Pour un premier essai, c'est une réussite complète.

 

Baaba Maal, The Traveller

Enfant chéri de la world music dans les années 90, star adoubée par Peter Gabriel et missionnée par les Nations Unies auprès de la jeunesse africaine, Baaba Maal, à 62 ans, n'a rien perdu de son aptitude à saisir l'air du temps. Si The Traveller témoigne de son goût pour les arrangements amples, sinon envahissants, il enregistre aussi un certain renouvellement. Autotune ici, guitare saturée à la Justin Adams là, orgue, chœurs, échos et reverb partout, autant de manières pour cette âme profondément sénégalaise de capter les flux perpétuels d'un monde multiculturel. Mais comme toujours avec Baaba, l'axe véritable, c'est la voix, immédiatement touchante et jamais mieux servie que par une kora, une flûte peule ou quelques percussions.

 

Kel Assouf, Tikounen

Les accents percutants et brûlants d'aigus saturés de Tikounen ("étonnement" en tamasheq) font écho à la sidération ressentie par les musiciens de Kel Assouf devant l'éternel recommencement des guerres en Afrique et au Moyen-Orient. Anana Harouna, le leader touareg de ce groupe établi en Belgique, donne l'impression de tendre le poing à chaque morceau, communiquant sa rage à sa guitare, bien plus agressive que ne le sont d'ordinaire les instruments dans la musique saharienne. De tonnerres hendrixiens ( Assoufenam) en lourdes éclipses à la Black Sabbath ( Layla), les dunes s'estompent souvent au profit de visions plus urbaine s et poisseuses, résolument rock'n'roll. Sortie le 4 mars.

 

Aziza Brahim, Abbar el Hamada

La musique d' Aziza Brahim trace un chemin entre le désert, où elle est née, et l'Espagne, où elle s'est établie. Ce folk nourri de blues sahraoui, parfois relevé d'un rythme de rumba gitane, est tout entier au service d'une voix aux accents traînants, qui ne s'égare jamais dans d'interminables mélismes ou ornementations alambiquées. Une justesse d'interprétation inaltérable qui permet de maintenir l'intérêt, même quand les compositions paraissent trop semblables les unes aux autres. Elle n'est jamais mieux perceptible que lorsque le tempo est lent et la peine trop lourde à porter, ainsi dans El canto de la Arena ou le poignant Mani.

 

Awa Sangho, Ala ta

Après avoir longtemps assuré les choeurs pour des artistes d'horizons divers, de Oumou Sangaré à Marc Cary en passant par Salif Keita et Manu Dibango, Awa Sangho se lance en solo avec cet album, à paraître le 4 mars. Son long apprentissage auprès de grands artistes explique sûrement l'assurance affichée par cette voix puissante, impressionnante quand elle s'élève à la manière de celle d'une griotte malienne, et aussi bien la densité orchestrale dans laquelle elle se drape. Ce type de production afro-pop ne nous emballe pas toujours, mais ici, force est de reconnaître qu'il dynamise efficacement les chansons tout en préservant leur fraîcheur.

 

Mbaraka Mwinshehe & Orchestra Super Volcano, Un Souffle frais de Tanzanie (Zanzibara 9)

Mbaraka Mwinshehe n'avait pas 35 ans lorsqu'il mourut dans un accident de voiture, en 1979. A la tête de l'orchestre Super Volcano, le guitariste et chanteur tanzanien jouissait alors d'une immense popularité en Afrique de l'Est. Fidèle à son engagement en faveur des musiques de cette aire géographique, le label Buda Musique a rassemblé pour le neuvième volume de sa collection Zanzibara plusieurs enregistrements de cet orchestre. L'occasion de découvrir un répertoire hybride, où grésillent dans une même torpeur, vocaux enjoués, solos de guitare électrique et éclats de fanfare, tous soumis au roulis caractéristique de la musique afro-cubaine.

 



Source : Les Inrocks


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