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L'HISTOIRE DERRIERE LA CAMERA

  Culture & Loisirs, #

En début de semaine, le public sénégalais découvrait enfin le film de la réalisatrice Angèle Diabang. Sorti en 2014, " Congo, un médecin pour sauver les femmes " raconte l'histoire d'un héros comme le Dr Denis Mukwege, et de son combat pour toutes ces femmes blessées dans leur chair, torturées, dans un contexte où le viol est une arme de guerre. L'histoire de ce film commence par un article de presse. La réalisatrice séjournera ensuite au Congo : une semaine en 2013, tout un mois en 2014, elle y était encore cette année. Voilà ce qu'elle nous a dit, au cours de l'entretien qu'elle nous accordait hier, jeudi 18 juin.

 

 

 

 

 

 

L'histoire de son film, "Congo, un médecin pour sauver les femmes", commence entre l'indignation et la révolte. Angèle Diabang raconte d'ailleurs que c'est à un article du quotidien français Le Monde qu'elle doit son premier sursaut, ses premiers frissons à fleur de peau. Car avant comme elle dit, un peu comme tout le monde, elle aussi s'est plus ou moins sentie prise au piège d'une forme de banalisation de l'horreur. Voilà près d'une vingtaine d'années que "l'on s'entretue au sud Kivu", là-bas en République démocratique du Congo (Rdc), mais qui a vraiment l'air de s'en soucier ?

 

Souvent, le premier réflexe, dit encore Angèle Diabang, c'est de se dédouaner, de se défausser sur une Communauté internationale coupable de ne "rien faire pour l'Afrique". La réalisatrice n'hésitera pourtant pas à se mettre en danger, loin du confort de sa bonne conscience. La Communauté internationale ne faisait peut-être pas grand-chose, "mais (elle) non plus ". Angèle Diabang se décide alors à prendre sa caméra, mais pas n'importe comment. La réalisatrice explique qu'elle avait surtout besoin d'une sorte de " regard intérieur ", quasi intimiste, "d'une femme africaine à une autre ". Peut-être parce que dans la plupart des zones de conflit et dans la façon dont on les représente, on se contente souvent de "remuer le couteau dans la plaie", de faire de " nous autres Africains ", ou des "incapables ", ou des "coupables".

 

La dignité qui masque l'horreur

 

Angèle Diabang refuse de rajouter une couche de noir au tableau : "Au-delà de toutes ces femmes victimes des horreurs les plus atroces, dit-elle, je tenais à montrer qu'il y avait encore une certaine dignité", incarnée à l'écran par le Dr Denis Mukwege, héros d'un film où il interprète son propre rôle.

 

La réalisatrice va à sa rencontre. Nous sommes en 2013, voilà que l'homme rentre de son exil forcé en Belgique, et c'est un ami commun, à elle comme à lui, qui joue les intermédiaires. Le médecin est tout de suite "très enthousiasmé" : ce n'est pourtant pas la première fois que quelqu'un veut bien raconter son histoire, "mais jamais une réalisatrice africaine" ne l'avait encore approché, pour un film qui lui serait entièrement consacré. Angèle Diabang le suit pas à pas et s'introduit dans son univers. Son quotidien à lui, c'est toutes ces femmes victimes d'une guerre qu'elles n'ont pas choisie, des femmes blessées, violées, torturées, que le médecin s'efforce de " raccommoder ". Angèle Diabang tient à ce que son film soit " une aventure humaine...un bout de chemin ", car il ne faudrait surtout pas que sa caméra finisse par transformer toutes ces femmes on objets de curiosité. "Il faut prendre le temps de les connaître, de les apprivoiser, de créer le lien."

 

Il y a Sophie, toute jeune fille de 16 ans. La vie n'a pas été tendre avec elle, c'est le moins que l'on puisse dire. Lorsqu'elle entend son histoire, la réalisatrice "craque" tout de suite. Sophie en a bavé, mais elle trouve encore la force de "penser aux autres". Angèle Diabang raconte d'ailleurs qu'elle garde précieusement le cadeau qu'elle lui a gentiment offert, comme un " symbole d'humanité ". Il y a aussi Aline, un peu " sauvage " au début, au point de s'emmurer dans un profond mutisme après le traumatisme ; Angèle Diabang finira pourtant par trouver la clé.

 

L'histoire de ce film, c'est le récit de ces bouleversantes rencontres dont on ne sort certainement pas indemne. Angèle Diabang dit d'ailleurs que " le plus dur dans tout cela, c'est d'en guérir" : on n'oublie pas, même derrière la caméra. Ce film, dit-elle encore, il ne fallait surtout en faire quelque chose de "larmoyant", ce qui impliquait de pouvoir garder la " bonne distance ".

 

Aujourd'hui, Angèle Diabang a d'autres projets, d'autres défis, avec notamment l'adaptation d' "Une si longue lettre" de Mariama Bâ. La réalisatrice, qui préside aussi le conseil d'administration de la Société de gestion collective des droits d'auteurs et des droits voisins (Sodav), doit encore trouver le temps de peaufiner son scénario, qui devrait être prêt pour cet été. " Ecrire me rend renfermée" dit-elle, et dans des moments comme celui-là, elle préfère encore s'éloigner de ce quotidien qui a plutôt tendance à la "distraire", histoire de "se couper du monde, de la vie sociale et de ses nombreuses sollicitations"...Histoire de pouvoir enfin se retrouver seule "avec (ses) personnages".

  


Source : www.sudonline.sn


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Ginger
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