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Londres, capitale de l'Afrique de l'art contemporain

  Culture & Loisirs, #

Londres est-elle devenue la capitale de l'Afrique de l'art contemporain ? Même si le monde de l'art a les yeux rivés sur la Frieze qui bat son plein au même moment du côté de Regent Park, c'est ce que donne à penser l'effervescence autour de 1:54. La foire s'ouvre aujourd'hui, dans la très prestigieuse Somerset House entre Covent Garden et la Tamise. Pour son troisième rendez-vous, Touria El Glaoui, qui l'a créée, a gagné encore des ailes : on se promène des entre les bâtiments sud, est et ouest, où vous accueille une œuvre somptueuse (et pas à vendre !) d'El Anatsui. Cette année, 38 exposants, dont 33 galeries d'un peu partout, et près de 150 artistes venus mettre sur le marché ici international des oeuvres nées sur le continent, à partir du continent, ou d'ailleurs, là où la diaspora travaille en relation avec l'imaginaire africain.

Afrique du Nord et Afrique subsaharienne

Une salle est vouée au Forum de discussions que Koyo Kouoh, commissaire, a axé sur le thème délicat des relations entre l'Afrique du Nord et le reste du continent, inaugurée dans un dialogue avec la cinéaste égyptienne Jihan El-Tahri, basée à Johannesburg, très investie sur ce sujet. " Le Maghreb fait partie du narratif africain ! " affirme Koyo Kouoh, la " tête pensante " de 1:54, qui se veut aussi un lieu d'échanges sur la situation de l'art contemporain en Afrique : " La première année, on s'est demandé pourquoi on faisait cette foire. La seconde, on a interrogé l'histoire des artistes noirs en Grande-Bretagne, Cette année, on se penche sur la fiction du monde arabe, poursuit la commissaire, directrice du centre Raw Material de Dakar, que l'on croise dans le salon aménagé par le Marocain Hassan Hajjaj. Plus loin, la célèbre galerie GVCC de Casablanca mais aussi la jeune Tunisienne Selma Feriani de Sidi Bou Saïd montrent la vitalité des artistes de cette partie du continent représentée en plus grand nombre cette année.

Faut-il donc désormais passer impérativement par ce rendez-vous londonien ? C'est ce que disent l'un après l'autre les exposants venus a minima s'offrir une visibilité et nouer des contacts au niveau international. Toute une géographie de l'art contemporain africain s'y déploie. Londres l'Africaine prend ses quartiers à Somerset House, les commissaires de la Tate ne ratent pas cette vitrine qui compte les galeries de la ville les plus établies, comme October, et les plus jeunes, comme Tiwani, Vigo ou Jack Bell, qui représente le jeune talent ivoirien Aboudia, présent aussi chez Cécile Fakhoury venue, elle, directement d'Abidjan.

Les collectionneurs à l'affût

Tiens, voici le collectionneur Matthias Leridon qui se précipite chez October pour tenter d'acheter une toile du jeune Eddy Kamangua Ilunga, que l'artiste n'avait pas achevée quand il l'a vue à Kinshasa. L'aura, l'aura pas ? Christiane Falgayrettes-Leveau du musée Dapper, qui souhaite ouvrir son musée à la création contemporaine, est venue faire des découvertes. L'Europe est au rendez-vous, Espagne, Italie avec Apalazzogallery de Brescia, chez laquelle on trouve une œuvre d'Edson Chagas, l'artiste angolais primé à la Biennale de Venise. Bien sûr, André Magnin (le commissaire de Beauté Congo qui bat son plein à la Fondation Cartier) est présent, ainsi que la Parisienne Anne de Villepoix, qui vous montre ce diptyque d'Ingrid Mwangi, Kényane installée en Allemagne : sur son propre ventre, elle a dessiné une carte lumineuse de l'Afrique d'une part et une tache sombre pour figurer celle de l'Europe de l'autre. " Il y a vingt ans, personne ne comprenait ce langage... "

Son espace découvre aussi le travail enthousiasmant de l'Américain Derrick Adams (un collage vaut 15 000 euros). Ce qu'elle apprécie dans ce rendez-vous londonien ? " On rencontre essentiellement des spécialistes, des critiques, des collectionneurs, historiens, qui viennent avec une curiosité aiguisée. Et puis la foire est à taille humaine, et on prend le temps. Okwui Enwezor, directeur de la dernière Biennale de Venise, s'est longuement arrêté ici tout à l'heure pour échanger. " Venu de Paris encore, Jérôme Poggi expose la talentueuse Kapwani Kiwanga, qui ne veut tirer aucun parti de son origine tanzanienne, mais dont le projet Flowers for Africa s'appuie sur la mémoire coloniale du continent.

Africain, qu'est-ce à dire ?

Car l'Afrique ici, est un réservoir d'imaginaire commun à tous les artistes. " Ce genre de foire permet de dire ce que l'Afrique veut dire ", confie Ayana Jackson, photographe américaine qui a décidé de s'installer à Johannesburg où la dynamique est forte et d'où il est plus facile d'exister qu'aux États-Unis où l'on " reste noir avant d'être américain ", sourit la jeune femme représentée par sa galerie de Seattle, Mariane Ibrahim Gallery, en précisant qu'elle a la chance d'avoir un passeport qui lui donne tous les choix ! C'est cette circulation de l'art qui se dessine au long des espaces, ainsi sur le stand de la galerie new-yorkaise Axis où l'on voit aussi bien le travail du Congolais Sammy Baloji que celui du Camerounais Hervé Youmbi, dont l'installation entre masque traditionnel et masque contemporain, réalisée en résidence à Bandjoun Station, arrive directement de son pays natal, la boîte de bois estampillée en témoigne !

Venir d'Afrique à Londres

Angola, Afrique du Sud bien sûr, Nigeria, où vient de s'ouvrir à Lagos la jeune galerie Art Twenty One, les galeristes du continent ont investi sur le déplacement londonien. C'est la première fois que la Fondation Donwahi d'Abidjan et la galerie Mam qui lui est associée viennent à 1:54 : près de 20 000 euros chacune pour être présentes dans une foire où l'espace se loue dans une fourchette allant de 6 000 à 25 000 euros environ selon la pièce : " Nous avons d'abord consolidé notre situation en Côte d'Ivoire, avant de passer ce cap qui nous permet de nouer des contacts, d'envoyer des mailing lists, de recevoir la visite d'institutions et de collectionneurs, si peu nombreux sur le continent ", confie la directrice adjointe de la fondation. Qui vient de voir passer un acheteur italien, il a craqué pour des œuvres du photographe ivoirien Franck Fanny (3 000 euros), venu quant à lui pour la première fois assister à une foire " pour apprendre ". Le jeune et dynamique zimbabwéen Jimmy Saruchera, de la galerie KooVha ouverte à Harare il y a deux ans, expose notamment le magnifique travail de Masimba Hwati, et attend, maintenant que 1.54 a montré au monde l'état des lieux de la création africaine contemporaine, que cette foire se tienne sur le continent pour que " le meilleur de l'Afrique soit exposé en Afrique ", chacun s'accordant en effet ici à considérer les foires de Johannesburg et du Cap comme " régionales ".

En attendant que tous ces acteurs se retrouvent un jour sur le continent, la Fondation Zinsou est venue montrer les richesses de son musée de Ouidah via l'application Wakpon qui en permet la visite virtuelle, gros succès auprès des visiteurs de 1:54 ! C'est ainsi qu'au-delà de son espace commercial, où les œuvres se vendent de 600 à 190 000 livres (800 euros à 257 000 euros environ), 1:54 dessine le paysage en mouvement de l'art contemporain africain. En cette année difficile où les sponsors nigérians et angolais, affectés par la crise du pétrole, n'ont pas soutenu l'événement, Touria El Glaoui a dû investir sur ses fonds propres, mais avec confiance, car le rayonnement acquis par sa foire est désormais incontestable. Reste à savoir comment Paris va se situer dans ce bouillonnement avec l'ouverture de la première foire Akaa au Carreau du Temple en décembre. Entre-temps, un événement de taille va laisser place aux artistes des 54 pays du continent, exposés à Chaillot, puis dans les gares du Nord à Paris et de Saint-Pancras à Londres tout le mois de décembre à l'occasion de la COP21, sous le titre " Lumières d'Afrique ".



Source : afrique.lepoint.fr


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