Loretta Lynch est devenue il y a quelques semaines la première femme noire à diriger le ministère américain de la Justice. C'est elle qui a mené, dans l'ombre, l'enquête contre l'instance de football.

Fraichement nommée à la tête du ministère américain de la Justice, Loretta Lynch a frappé mercredi un grand coup contre la corruption dans le monde du football. Cette femme de 56 ans, qui avait elle-même supervisé d'une main de fer cette lourde enquête en tant que procureure à New York, n'a pas mâché ses mots, mercredi après-midi, devant un parterre de journalistes. "Ces inculpations témoignent d'une corruption endémique, généralisée et profondément ancrée à la fois à l'étranger et ici aux États-Unis" du football mondial, a fustigé l'ancienne procureure, qui endosse un rôle mondial en clouant au pilori les instances internationales du football.

Choisie par Barack Obama pour succéder à Eric Holder dès novembre dernier, confirmée dans ses fonctions par le Sénat américain fin avril, Loretta Lynch avait annoncé la couleur. Ella a promis de poursuivre avec détermination "les cols blancs et autres élites". Souligné que personne n'était "au-dessus des lois". Mercredi, cette habituée des dossiers anti-corruption est à l'acte, avec l'inculpation de neuf dirigeants de la Fifa et de cinq partenaires de l'instance mondiale du football. C'est elle qui a donné le feu vert final en demandant aux autorités suisses de procéder aux arrestations, au petit matin, dans un hôtel de Zurich.

De la corruption new-yorkaise au tribunal international

Diplômée en droit de la prestigieuse université de Harvard, cette native de Caroline du Nord n'a cessé de gravir des échelons durant sa carrière. Dès le milieu des années 1990, elle plonge son nez dans des affaires de corruption au sein du gouvernement de la ville de Brookhaven, dans l'état de New York. En 1999, à l'âge de 40 ans, elle obtient son premier poste à haute responsabilité: Loretta Lynch est nommée procureure fédérale du district de New York par l'ancien président des Etat-Unis, Bill Clinton. Elle est ensuite nommée conseillère spéciale du procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), de 2002 à 2007, puis redevient procureure fédérale de New York.

Son service fait le ménage. Loretta Lynch s'attaque aussi bien à un parlementaire républicain qu'à des élus démocrates, enquête sur la fraude fiscale des uns ou l'abus de biens sociaux et faits de corruption des autres, se plonge dans les comptes de la banque Citigroup, négocie des accords qui se chiffrent en milliards de dollars.

En Novembre 2014, Barack Obama choisit Loretta Lynch, pour succéder à Eric Holder, premier afro-américain à avoir le poste de ministre de la Justice. Loretta Lynch, elle, devient la première femme noire et la deuxième femme dans l'histoire américaine à tenir ce poste clé.

Sa nomination s'est retrouvée otage d'une bataille entre la majorité républicaine et la minorité démocrate du Sénat. Aux Etats-Unis, les membres du cabinet présidentiel doivent faire l'objet d'un vote d'approbation du Sénat. Barack Obama a expliqué compter sur "son expérience de procureure dure, indépendante et respectée". De nombreux républicains estimaient que la justice sous Barack Obama a pris un virage politique, en entérinant notamment l'approche prise en novembre dernier par le président américain pour régulariser provisoirement des millions de sans-papiers.

Après ce coup de filet historique, celle qui combine "l'acier et le velours" - selon l'expression d'une sénatrice démocrate - pourrait rapidement faire taire les critiques à son encontre.