Devenez publicateur / Créez votre blog


 

Manu Dibango, l'éléphant de la world music toujours au top

  Musique, #

Le 1er Africain " Grand témoin " de la francophonie pour les Jeux Olympiques de Rio 2016, est à coup sûr l'artiste africain le plus imité, le plus repris, le plus copié et le plus plagié par les stars américaines telles que Mickael Jackson, Jezzy, Rihanna, Akon et autres. Tonton Manu pour les uns, le " parrain " pour les autres, Manu Dibango est de loin une sommité de la virtuosité du saxophone au plan planétaire. S'il se définit lui-même comme afro-européen, on l'identifie d'abord à son Cameroun natal avant la France qui l'a vu grandir au plan professionnel où il a fait ses quartiers depuis l'adolescence.

Si la musique se définit par les rythmes, Manu Dibango lui, sa vie est plutôt rythmée par le rire. Ce grand homme d'abord de taille du haut de ses 1,84 mètres, ensuite d'âge avec ses 82 ans mais surtout de talent avec l'instrument dont il semble être jusque-là le seul détenteur de Dieu-seul-sait-quel-don : le saxophone. Emmanuel N'djokè Dibango ( N'djokè signifie éléphant en Douala ) à l'Etat-civil, a vu le jour le 12 décembre 1933 à Douala au Cameroun.

 

Tout a commencé dans les années 1940 où le jeune Emmanuel a découvert les alphabets de la musique dans la chorale du temple aux côtés de sa mère. Après l'obtention de son certificat d'études, il a pris la voile sur l'initiative de son père pour la France. Ce départ, ce " long voyage de 21 jours sur la mer " de 1949, avec ses " trois kilos de café " comme frais de pension pour les premiers mois, marque le début de son séjour en terre européenne. Ensuite, il a étudié à Chartres, puis à Château-Thierry au début des années 1950, où il va découvrir et s'initier au jazz et à la mandoline et y apprend le piano.

Lors d'un séjour dans un centre de colonie réservé aux enfants camerounais résidents en France, il découvre le saxophone emprunté à son ami Moyébé Ndédi et y rencontre Francis Bebey. Ce dernier lui apprend les bases du jazz et ils forment un petit groupe jouant de cette musique. Mais c'est à Reims, où il prépare le baccalauréat littéraire, qu'il s'initie au saxophone et commence à se produire dans les " boîtes " et les bals de campagne, au grand dam de son père qui lui coupe les vivres en 1956 lorsqu'il échoue à la seconde partie du baccalauréat. " Mes parents ont vécu ça mal ; j'étais un renégat au départ. Mais au final, fierté ! Les succès du fils ! Donc j'ai lavé un peu l'affront ".

Désormais appelé à voler de ses propres ailes, le jeune Emmanuel s'est lancé dans l'aventure. C'est ainsi qu'il se trouve en Belgique où il croise le chemin de celle " qui a cru " en lui, comme il aime le dire, Marie-Josée, une artiste et mannequin qu'il a épousé l'année suivante. C'est dans la capitale belge qu'il va véritablement démarrer sa carrière et aura ses premiers contrats. Il a été successivement chef d'orchestre, participant à une série d'émissions produites par Gésip Légitimus. Après avoir collaboré avec nombreuses stars de son rang et de sa génération, Manu fera un détour en Côte d'Ivoire de 1982 à 1986 pour officier en tant que chef d'orchestre de la RTI (Radio et Télévision Ivoirienne).

En un mot, Manu Dibango au-delà de l'artiste qu'il est, est un témoin de l'histoire de deux continents des années 1950 à nos jours. Qu'il s'agisse du débat sur l'identité nationale en France, sur les indépendances africaines qu'il a vécu de près notamment à Bruxelles où il a côtoyé en tant que musicien Patrice Lubumba, Joseph Kassavubu, Moïse Tchombé et autres. Avec ses allées et venues entre l'Afrique et l'Europe, il aura le temps d'africaniser son style musical dans lequel il combine les différentes cultures qui ont croisé son chemin.

Manu Dibango, pionnier de la World Music et père du cocktail jazz-soul-groove

Si la World music est l'hybridation de sonorités d'origines diverses (du tiers-monde pour la plupart) dans une seule production musicale, Manu Dibango en est, à tout point de vue, une des figures de proue. " Moi je me contente de faire la musique, ce sont les gens qui donnent la définition qu'ils veulent. Un musicien c'est l'émotion. Ce qui est sûr c'est qu'il y a un parfum de mon origine plus le parfum des pays que j'ai pu visiter. Et c'est le mélange de tout ça qui te donne le moyen d'avoir ta propre personnalité. " Cette définition que donne le saxophoniste de légende mais aussi vibraphoniste et pianiste de son art est déjà apparente dans son fameux Soul Makossa depuis 1972. Il réussit à épicer mieux que quiconque le jazz, le soul, spécialités occidentales, du Makossa de son Cameroun natal.

 

Et quand on évoque la nationalité d'abord de l'artiste et ensuite de son art, même octogénaire, Manu Dibango refuse qu'on lui colle un pays ou encore un continent. " Je suis un artiste d'abord, je suis un musicien d'abord, d'origine camerounaise, je ne suis pas un artiste camerounais ni africain ". Manu est un des rares artistes à cheval entre plusieurs instruments, le piano, le saxophone, l'orgue, sans oublier le vibraphone mais aussi entre plusieurs styles : du jazz au twist en passant par le reggae, l'afrobeat, les musiques latines et la rumba congolaise, Manu Dibango pratique le nomadisme musical, les patchworks, les passerelles. Dans sa tête, il y a Charlie Parker, John Coltrane, Duke Ellington, Louis Armstrong... et toujours l'Afrique. À plus de 82 ans, l'infatigable poursuit sa quête musicale : synthétiser la musique occidentale et la musique traditionnelle africaine avec un regard frais et moderne. Visionnaire, il initie depuis 63 ans des conversations riches et endiablées entre différents styles musicaux, du jazz au funk en passant par la pop, le tout imprégné de musique africaine.

Soul Makossa, la petite histoire du grand succès

L'histoire du fameux soul Makossa a commencé en 1972, le saxophoniste électrisant sort Soul Makossa, un succès intergénérationnel qui fera de lui l'une des figures emblématiques de la world music. " Toutes les chansons ont une histoire mais expliquer le succès, c'est difficile. Un succès de cet acabit c'est comme un conte de fée. Le conte de fée on ne sait pas à quel moment ça arrive " Alors que Yaoundé accueille la 8ème Coupe d'Afrique des Nations de football, à l'instar de la première édition, Manu est chargé d'enregistrer l'hymne officiel, intitulé " Mouvement Ewondo ". Sur la face B du 45 tours, un morceau lancinant, hypnotique, scandé et non chanté qui passe pratiquement inaperçu. Le single est distribué gratuitement aux supporteurs mais après la défaite du Cameroun lors du match contre le Congo, ils cassent le vinyle en guise de protestation. Malgré cette déconvenue, Dibango s'enferme dans les Studios Decca à Paris pour enregistrer un album, sur lequel se trouve Soul Makossa. Des afro-américains en France rapportent ce disque aux États-Unis. Cette chanson fait la conquête des États-Unis et vaut à Manu d'y faire une tournée. Ses accents africains passionnent les musiciens noirs d'Amérique qui voient en lui l'expression de leur terre originelle. La France le découvre vraiment en 1973, lors de son passage à l'Olympia qui est un triomphe.

 

Et comme il aime le dire, " quand il y a du miel il y des mouches ". Dans les années qui ont suivi, Manu reçoit plusieurs demandes d'autorisation de reprises du tube par des stars américaines telles que Jay-Z, Will Smith et autres. Par contre certains ont choisi de violer le droit d'auteur qui revient au saxophoniste. Michael Jackson, en 1982, glisse le célèbre gimmick " Mama Ko, Mamassa, Mamamakossa " à la fin de " Wanna be startin' somethin' " sur l'album Thriller qui demeure à nos jours l'album le plus vendu au monde. Ce que Manu Dibango apprend par le biais d'une amie qui le félicitait pour sa collaboration avec la star américaine.

Après un procès, un arrangement solde l'affaire : Michael Jackson est condamné à payer deux millions de francs et toute autre reprise de " Soul Makossa " reste sous contrôle. Mais malgré ce procès suffisamment médiatisé, c'est Jay-Z qui cette fois-ci en tant que producteur de Rihanna, a manqué de bienséance envers Manu pour le compte du même morceau. C'est à travers le tube " Don't stop the music ", écoulé à sept millions d'exemplaires par Rihanna en 2008 et le remix de " Wanna be startin' somethin' " par Akon. Manu s'indigne puisqu'il n'est pas crédité et cette fois, Michael Jackson passe pour l'auteur-compositeur du morceau. Les maisons de disques ont été assignées devant la justice et l'avocate de Manu Dibango a demandé 500.000 euros de dommages et intérêts, le blocage des droits d'auteurs de Rihanna en France et des revenus de Sony BMG, EMI et Warner Music tant que le problème n'est pas résolu.

Plus de 80 ans et 60 de carrière, vu la vigueur de l'homme, on ne peut que lui demander quel est son secret. " Si j'avais un secret et je le dis ce n'est plus un secret [Grands éclats de rires]. Je ne sais pas moi, ... je suis le premier étonné alors sincèrement par contre d'être là. Je me lève le matin ; tiens ! Je suis encore là ! C'est une mayonnaise et les ingrédients sont les mêmes que pour tout le monde mais pour qu'elle prenne chacun a sa façon d'ajouter du piment, d'ajouter des tas de trucs... et pour qu'elle prenne longtemps alors là c'est le mystère de la vie et il faut le demander au Tout puissant ".

Manu Dibango en 5 dates

12 décembre 1933 : Naissance à Douala

 

En 1972 : Sorti du Single Soul Makossa

14 mars 1986 : médaillé des Arts et des Lettres par le ministre de la culture français, Jack Lang.

14 juillet 2010 : Manu Dibango est fait chevalier de la Légion d'honneur.

11 Septembre 2015 : Manu Dibango est désigné par l'Organisation Internationale de la Francophonie Comme " Grand témoin " aux JO de Rio 2016.

Source : www.courrierdesafriques.net


PARTAGEZ UN LIEN OU ECRIVEZ UN ARTICLE

Pas de commentaire

Pas de commentaire
 
hassana
Partagé par : hassana@Angleterre
Fashionista
VOIR SON BLOG 33 SUIVRE SES PUBLICATIONS LUI ECRIRE

SES STATS

33
Publications

4501
J'aime Facebook sur ses publications

330
Commentaires sur ses publications

Devenez publicateur

Dernières Actualités

Pas d'article dans la liste.