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Marissa Alexander, le symbole d’un système judiciaire cassé

  Société, #

Une Afro-Américaine de 34 ans, régulièrement battue par son mari, a été libérée mardi après avoir subi les abus de la justice de l’Etat de Floride

Un cas emblématique des graves dysfonctionnements du système judiciaire américain. Mardi, Marissa Alexander, 34 ans, a été libérée de sa prison de Jacksonville, en Floride. Pour cette Afro-Américaine, au bord des larmes à sa sortie du centre de détention, mais digne, c’est une nouvelle vie qui commence. Ou presque. Après deux ans derrière les barreaux, elle est assignée à résidence pendant deux ans. Portant un bracelet électronique à la cheville, elle pourra travailler et emmener ses enfants à l’école. Elle ambitionne de poursuivre des études pour travailler dans le domaine de la justice.

Battue par son mari

Son crime? Le 1er août 2010, neuf jours après qu’elle accouche de sa fille Rihanna, son mari Rico Gray avec lequel elle est mariée depuis trois mois la menace. Il vient de découvrir sur le portable de son épouse des textos laissant entendre qu’elle allait le quitter définitivement pour aller peut-être revivre avec son ex-mari. Epuisée par des violences domestiques dont le mari s’est fait une spécialité, elle tente, a-t-elle déclaré, de s’échapper par le garage, mais celui-ci étant fermé, elle décide de revenir dans la maison. Avec son pistolet (enregistré). Elle tire un coup de feu dans le plafond. Deux de ses trois enfants ne sont pas loin. Personne n’est touché. Quand la police débarque, elle ne fait que des photos de l’impact de la balle et de la douille. Mais elle ne s’intéresse pas aux blessures à l’œil et à la tête de Marissa Alexander, ni à la porte endommagée de la salle de bains enfoncée par son mari.

En 2006 et 2009, Rico Gray avait déjà été arrêté par la police pour des faits similaires. Dans l’une de ses dépositions, il avouait qu’il s’en était pris à toutes les femmes avec lesquelles il avait vécu, sauf une. Marissa Alexander ne fut pas l’exception. Enceinte, elle fut battue dans sa baignoire et frappée à la tête, puis hospitalisée. Le rapport de police de l’époque était explicite: le mari avait commencé à l’étrangler et l’avait jetée dans une armoire.

La triste histoire de Marissa Alexander n’a pas ému Angela Corey, une femme blanche qui traîne une réputation sulfureuse. Cette procureure de Floride avait déjà instruit de façon douteuse l’affaire Trayvon Martin, ce jeune Afro-Américain de 17 ans non armé tué par George Zimmerman, un vigile volontaire d’un quartier de Sanford en Floride, un soir de février 2012. C’était pour elle un cas où le tueur, qui déclarait avoir été agressé par Trayvon Martin, devait pouvoir invoquer la loi de légitime défenseStand your Ground autorisant un citoyen à tirer avec son arme s’il se sent menacé de mort ou dans son intégrité corporelle. George Zimmerman, de père blanc et de mère hispanique, a été acquitté en 2013. Son acquittement provoqua au sein de la communauté afro-américaine un tollé d’autant plus retentissant que l’acquitté multiplie depuis les démêlés avec la justice, notamment en raison de l’usage menaçant de son arme à feu.

Angela Corey n’a pas laissé à Marissa Alexander le loisir de se défendre en invoquant la même loi de légitime défense. Or, contrairement à George Zimmerman, elle n’a tué personne. Condamnée à 20 ans de réclusion, la mère de famille afro-américaine a fait appel et obtenu qu’on la rejuge. Cette petite victoire fut de courte durée. Le bureau de la procureure Angela Corey s’appliqua ensuite à présenter trois chefs d’inculpation séparés. Marissa Alexander encourait soudain 60 ans de prison pour avoir tiré un coup de feu contre un plafond. Voulant éviter le risque de tout perdre, elle accepte en novembre dernier de plaider coupable bien qu’elle soit convaincue de son innocence. On réduit du coup sa peine à 3 ans.

Procureure «vicieuse»

Disproportion crasse d’une peine, biais racial. L’affaire Marissa Alexander a ému la nation entière. Mercredi soir, Jeffrey Toobin, consultant légal sur CNN et ex-procureur adjoint de Brooklyn, n’avait pas de mots assez durs pour qualifier une telle affaire: «Angela Corey est incompétente, vicieuse et une honte pour les procureurs de ce pays. C’est l’un des exemples les plus scandaleux d’abus de l’accusation que j’ai jamais vus.» 

letemps.ch


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