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" Même au Vatican, on identifie le béninois par le Vodoun "

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Après la première édition du Festival des Arts Vodoun qui a posé les bases de la particularité de la culture Vodoun du Bénin, la deuxième édition a lieu ce samedi 09 septembre 2017 à Bruxelle. Il s'agit d'un festival qui entend implanter le Bénin au cœur de l'Europe afin de mieux révéler la culture et la particularité de la culture Vodoun au Bénin.

En prélude au lancement de l'édition 2017 du Festival des Arts Vodoun, " Bénin Web Tv " s'est entretenu avec Kinoss Djossou, promoteur du festival. Premier journaliste noir lauréat du prestigieux prix fonds du journalisme d'investigation, il a été récemment élu meilleur journaliste d'origine africaine en Belgique et au Luxembourg par la nuit des mérites. Au micro de " Bénin Web Tv ", il a fait le bilan de la première édition du Festival des Arts Vodoun avant d'aborder les préparatifs de la deuxième édition dudit Festival.

Aussi, a-t-il passé en revue les activités qui entrent dans le cadre de cette deuxième édition. " Nous mettrons l'accent sur l'importance et la qualité de la sculpture Vodoun ainsi que les performances artistiques sur les toiles", a précisé Kinoss Dossou pour qui, même au Vatican, on identifie le béninois par le Vodoun. " Le Vodoun, c'est tout ce que nous avons au Bénin " a-t-il insisté. Lire l'intégralité de son interview.

Quel bilan faites-vous de la première édition du Festival des Arts Vodoun ?

Le Festival des Arts Vodoun pour sa première édition a posé les bases d'une identité béninoise africaine qu'on retrouve un peu partout sur la planète. Nous avons implanté le Bénin au cœur de l'Europe afin de mieux révéler notre culture et notre particularité. Cette première édition a eu le mérite d'avoir été accompagnée par le Chef de l'Etat et c'est fort de ce soutien que le comité d'organisation a pu faire découvrir notre patrimoine pendant deux jours dans la capitale de l'Europe.

 

Le " Vodoun ", l'une des plus belles expressions de ce patrimoine singulier dont le Bénin peut se prévaloir témoin de cette diversité culturelle qui force l'admiration. Le bilan est allé au-delà de nos attentes d'autant qu'aujourd'hui, les Antilles nous sollicitent pour porter chez eux cet héritage, Haïti nous sollicite, l'Amérique du Sud, je reviens d'ailleurs récemment d'une tournée dans ce sens. Ils veulent qu'on vienne leur parler de leur terre d'origine, leur culture d'origine. Ils disent d'ailleurs : " Vous béninois, vous êtes la source à laquelle nous autres venons-nous abreuver... " Nous voulons venir au Bénin pour connaître la terre de nos ancêtres.

Quels sont les préparatifs de la deuxième édition ?

Le peu de choses qui n'a pas marché nous permet justement de corriger la donne pour mieux affronter la deuxième édition. Les contraintes organisationnelles nous obligent parfois à nous taire et à avancer... sinon nous n'en serons pas à cette étape.

 

La deuxième édition aura lieu ce samedi 9 septembre à l'Atomium de Bruxelles. Ce lieu symbole de la Belgique est l'un des monuments les plus visités de la capitale européenne. Nous avons travaillé pendant un an pour proposer un tableau artistique qui regroupe l'ensemble des valeurs que le Bénin veut porter à la face du monde. Son histoire, si petite et si grande qui est aussi l'histoire d'autres peuples de notre planète, les antillais, les américains, afro-américains, les européens afro-descendants, les brésiliens, les cubains, les haïtiens etc...

C'est simplement un projet culturel qui tente de reconstruire à travers les arts Vodoun plus de quatre siècles d'histoire entre le Bénin, l'Afrique, les Caraïbes, l'Amérique et l'Europe. L'histoire entre ces différents peuples s'est en effet grandement basée sur la traite esclavagiste. Le Bénin, grand territoire d'embarquement de ces esclaves au XVIIIe siècle affiche les traits caractéristiques d'une des plus belles expressions de son patrimoine particulier et singulier : le Vodoun.

Quelle est la particularité de cette deuxième édition ?

C'est ainsi que les esclaves en laissant derrière eux la terre de leurs aïeux, emportèrent aussi toutes les formes d'expressions artistiques et culturelles relevant de ce patrimoine. Tout se fera cette année sur cette partie de l'histoire. Tout est fin prêt pour hisser le Bénin au plus haut du symbole le plus connu de la capitale européenne.

 

Cette année, le festival a voulu porter la thématique des Arts Vodoun dans le domaine universitaire en proposant une conférence animée par des professeurs d'université venus du Bénin et d'autres pays. Nous accordons cette année, une attention particulière au panthéon Vodoun regorgeant de multitude de divinités avec des symboles, des chansons mais aussi des danses et chorégraphies royales très spécifiques.

Quel est l'accompagnement de l'Etat béninois pour cette deuxième édition ?

Les masques, véritables pièces rares du patrimoine Vodoun témoignent de l'ancestralité de cette culture. Nous mettrons l'accent par la suite sur l'importante et la qualité de la sculpture Vodoun ainsi que les performances artistiques sur les toiles. Un concert live d'inspiration Vodoun viendra clôturer la journée du 9 à 65 mètres au-dessus du sol.

 

Il n'était pas question pour nous de s'accrocher à la politique de la main tendue. Nous devons apprendre à voler de nos propres ailes. L'Etat béninois nous a aidé en partie l'an dernier. Je pense que la seule chose qui nous reste à faire pour montrer au monde entier que le projet que nous portons est bénéfique pour le Bénin et l'Afrique est d'assurer la continuité...ce que nous faisons.

Quelles sont les personnalités politiques attendues à cette deuxième édition ?

Nous pensons qu'il est important d'assumer ce premier soutien du Président de la République en faisant des éditions suivantes par nous-mêmes. Cette année nous n'avons donc pas sollicité d'aide et tout se fait sur fonds propres des membres du comité. C'est aussi de cette manière qu'il faut encourager l'Etat dans sa marche de prospérité et de révélation de notre Bénin.

 

A la première édition, il le constat a été fait que certains artistes béninois, Djimon Hounsou et Sagbohan Danialou, pour ne pas les nommer, ont été mis en vedette. Qu'est ce qui justifie ce choix ? Doit-on comprendre qu'ils incarnent le vodoun au Bénin ?

Plusieurs personnalités seront présentes cette année. Le festival est un événement mondial donc toute personne désireuse d'y participer est la bienvenue. L'an dernier des béninois sont venus de partout, de France, d'Allemagne, de Suède, d'Espagne, des Etats-Unis, du Rwanda même si le public européen ne s'est pas fait battre sur le terrain car on a aussi observé énormément de curieux venus s'informer.

 

L'an dernier les vedettes n'étaient pas que celles que vous citez. Nous avons eu une trentaine d'artistes de différentes disciplines qui ont pressé durant deux jours. Peut-être que Sagbohan Danialou et Dijmon Hounsou étaient les plus connus... mais il n'était pas question de faire un choix sur qui incarne ou pas le Vodoun. Il appartient à tout le monde notre Vodoun.

Avouez quand même que quand on parle de percussions Vodoun, on citerait forcément le grand Danialou. Avouez quand même que le premier africain à avoir eu envie de parler du " Vrai Vodoun " à Hollywood c'est quand Djimon Hounsou.

Je ne vais pas vous démontrer ni décrire ce que s'est que Hollywood. Mais si nous avons envie que les gens connaissent notre culture il faudra passer par le cinéma, la presse, la musique, les autres formes d'art etc. Tous les béninois incarnent naturellement le Vodoun. Certains plus que d'autres certainement.

Et puis n'oubliez pas. Il y a eu des acteurs culturels à Bruxelles l'an dernier qui ont fait un travail énorme pendant des mois. Personne n'en parle. Des journalistes et animateurs ont sillonné le Bénin entier en allant poser des questions aux rois et dignitaires Vodoun dans le cadre de ce festival. Ils sont venus à Bruxelles dans ce cadre. Des personnes en privées ont mis plein de millions pour que nous puissions être le plus authentique possible, personne n'en parle à part les calomnier...

Qu'est ce qui justifie le choix de faire le festival des arts vodoun hors du Bénin ?

Notre identité doit passer par la solidarité pour se développer. Merci et encore merci à l'agence One Touch via sa directrice madame Ahyi qui a effectué pendant presque un an, un travail colossal pour nous sortir de la matière et des éléments authentiques. Et pour ceux qui ne le savent toujours pas, on ne peut malheureusement pas faire venir tout le monde à Bruxelles.

 

Pour le faire connaître hors des frontières, mais aussi pour renforcer l'attractivité de la destination Bénin, il fallait commencer la promotion de notre identité au-delà de nos frontières. Même au Vatican, on identifie le béninois par le Vodoun. C'est tout ce que nous avons au Bénin. Qu'en faisons-nous ? Sommes-nous prêts à assumer ce que nous sommes ?

Pour ceux qui sortent un peu de l'Afrique, aucun peuple sur cette terre ne s'est développé en ignorant son identité. La chance que nous autres béninois avons, est que la nôtre a été accepté et pratiquée ailleurs sur la planète. C'est une chance inouïe ... mais le savons-nous. Allons-nous cesser de nous détruire pour la restaurer et la faire connaître ?

Nous sommes les meilleurs en français, en anglais, réfléchissons, mangeons, vivons selon l'identité des autres...combien parmi nous sont prêts à revendiquer le Vodoun? Comme patrimoine ...comme identité...comme art de vivre...jusque-là, on ne parle pas encore de religion...rien que cela...

Comment le Festival des arts Vodoun est-il accueilli par les européens ?

Si les autres ont bravé depuis des siècles, mer et terre pour venir nous proposer voir imposer leur culture et leur identité, pourquoi nous autres qui avons la leur ne puissions pas tout au moins proposer la nôtre. C'est de la richesse... eh bien, il faut parler de soi pour que les autres vous connaissent et vous apprécient mieux ou pas... le monde est unique aujourd'hui et tous les peuples se démerdent pour montrer ce qu'il y'a de beau et de bien chez eux. L'Afrique en est où ?

 

Pour la petite histoire, ce n'est pas aujourd'hui que j'ai commencé (Kinoss Dossou-ndlr) à vouloir faire changer le discours occidental sur nos valeurs, celle de l'Afrique. Qu'il vous souvienne que je n'ai eu l'aide de personne pour proposer en 2012 la première série télévisée sur les réalités et les valeurs de l'Afrique en télévision.

50 épisodes de 13 minutes ont été tournés dans 5 pays différents afin de montrer nos réalités et changer les clichés de guerre, de famine, de maladies et de corruption véhiculés par mes confrères de médias occidentaux. Pour ceux qui s'y connaissent un peu en production broadcast, ils savent de combien de centaine de de milliers d'euros on parle...Et ça je l'ai fait tout seul de 2012 à 2014 sans l'aide d'aucun gouvernement ni d'aucune structure privée.

A un moment, chacun doit pouvoir se lever et proposer des solutions dans son domaine. Cette série a été diffusée en Afrique et en Europe pendant des années et m'a d'ailleurs permis de recevoir un prix. Donc...parler et défendre l'identité africaine, je le fais depuis des années et le public européen me connaît à travers mes programmes télévisés. Ce public européen et afro descendant est fier de pouvoir enfin comprendre le VODOUN et le Bénin, d'approcher l'inconnu pour mieux le comprendre.

Un mot pour conclure cet entretien

Les sollicitations qui nous ont été formulées se résument au fait qu'il faille des éditions régulières afin de faire connaître cette identité, cette culture...très peu connue sur d'autres territoires faute d'écrits récents.

 

Pour une première édition, le Festival des Arts Vodoun a eu le mérite d'avoir porté la thématique des Arts Vodoun dans sa dimension culturelle au-delà des frontières du Bénin. Il a rassemblé durant deux jours divers acteurs importants autour de la culture béninoise, notamment le Vodoun, tout en prenant soin de dédouaner de cette précieuse richesse la perception fausse qui en était faite.

Si le mystère qui l'entoure demeure et constitue toute sa singularité, il n'en est plus de même de la peur qui poussait à le fuir, à ne point s'en approcher. Le Vodoun est sacré et mystérieux, mais il est avant tout le socle d'une histoire, celle du Bénin, un patrimoine que se doivent de préserver les générations à venir. Le libérer afin qu'il puisse s'ouvrir au reste du monde. Bruxelles a vibré, et le Bénin fut visité à travers l'héritage des Arts Vodoun qu'il a jadis reçu de ses ancêtres.



Source : beninwebtv.com


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