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"MOI, PASSEUR DE MIGRANTS SENEGALAIS..."

  Société, #

Comme les milliers de jeunes Africains qui défient la Méditerranée et les pires formes de traitements inhumains qui ont cours sur le chemin de l'exil, El Hadji Ibrahima Sarr était candidat à l'immigration. Mais par un concours de circonstances rocambolesques, il est passé du statut de simple migrant à celui de convoyeur de migrants.

Ce jeune pêcheur de 29 ans, originaire des Îles du Saloum, était aux commandes d'une pirogue remplie de 115 migrants africains qui ont débarqué en territoire italienne en provenance de la Libye dans la nuit du mercredi à jeudi dernier. Il a été arrêté et mis en prison. Libéré ce lundi, il attend son jugement.

Dans ce témoignage exclusif recueilli par www.SenePlus.Com, il précise qu'il est plus victime que bourreau. Qu'il a pris la direction de l'embarcation contre son gré, sous la menace d'un pistolet. En attendant d'être fixé sur son sort, il vit dans le centre pour réfugiés de Catane (Sud de l'Italie).

Avec l'assistance de Moussa Mbaye (en combinaison blanche sur les photos avec les migrants), un Sénégalais employé du Centre depuis trois ans et qui sert d'interprète. Parti du Sénégal il y a six mois, Ibrahima Sarr est passé par la Gambie, le Mali, le Niger, le désert du Sahara et la Libye avant d'atteindre la Terre promise. Qui, malheureusement pour lui, pourrait se transformer en enfer.

"J'ai 29 ans. Je suis un pêcheur originaire des Îles du Saloum. Je viens d'être libéré par la police italienne, après quatre jours de détention. En attendant mon jugement, je réside dans le centre pour réfugiés de Catane. J'ai été arrêté jeudi dernier juste après notre arrivée au Port de Sicile à la suite de l'accident de notre embarcation au large de la Libye. On me reproche d'avoir conduit le navire avec à bord 115 clandestins. J'ai reconnu les faits en précisant aux enquêteurs que l'on m'a obligé à transporter les migrants de la Libye aux côtes italiennes.

 

"Nous avons embarqué de Tripoli mercredi dernier à minuit. Je faisais partie des 220 candidats au voyage par la mer. Les passeurs libyens devaient nous convoyer à bord de deux pirogues. L'un des passagers a confié aux passeurs que je suis pêcheur. C'est ainsi que ces derniers m'ont proposé, quelques heures avant le départ, de conduire l'une des pirogues, celle qui contenait 115 personnes. En contrepartie, je devais avoir le droit de faire voyager deux personnes de mon choix et recevoir de l'argent que je devais envoyer à ma famille au village. Je dus déchanter.

"À l'heure du départ, les passeurs changent de discours. Je n'avais plus droit qu'à une place à affecter à une personne de mon choix. Pas de deuxième place ni d'argent, comme conclu dans l'accord. Lorsque j'ai protesté en menaçant de laisser tomber, l'un des passeurs m'a menacé avec un pistolet. J'ai accepté malgré moi. Et les Libyens iront jusqu'à menacer de tuer tous les migrants de l'embarcation si je tentais de rebrousser chemin avec la pirogue. Nous avons embarqué en direction des côtes italiennes à minuit. C'était le début du calvaire pour notre embarcation ; l'autre est arrivée à bon port sans problème.

"Sur les 115 migrants de notre pirogue, il y avait 15 à 20 Sénégalais, des Nigérians et une majorité était des Gambiens. Après quelques heures en mer, notre pirogue se fissure. Il fallait colmater la brèche, éviter la panique à bord et garder le cap de l'embarcation. Sentant que les choses se compliquaient, nous avons décidé d'appeler les secours. Il a fallu des heures d'attente et un deuxième coup de fil pour que l'on aperçoive les sauveteurs. C'était entre 7 heures et 8 heures du matin. Aucun mort n'a été enregistré, heureusement pour nous.

"Lorsque nous avons débarqué au port de Catane (voir les photos), tout le monde a été fiché. Nous qui conduisions les pirogues avons été arrêtés et placés en détention. Je viens d'être libéré avec obligation de passer chaque jour au poste de police pour émarger. Un avocat a été commis d'office pour ma défense. J'attends d'être jugé. Si je suis blanchi, je compte introduire une demande d'asile pour rester en Italie. Dans le cas contraire, je préfère rentrer au Sénégal plutôt que d'être en prison ici.

"Un responsable de l'ambassade du Sénégal à Rome m'a contacté tout à l'heure pour avoir des renseignements sur ma situation. Je lui ai donné les détails. Il promet de faire le déplacement pour nous assister.

"J'ai quitté le Sénégal il y a environ six mois. Je suis passé par la Gambie. Ensuite, je me suis rendu à Bamako (Mali) d'où je suis allé à Niamey puis Agadès, au Niger, avant de traverser le désert du Sahara pour arriver en Libye. J'ai travaillé des mois durant comme maçon pour gagner de l'argent afin de financer la traversée de la Méditerranée à partir de Tripoli. Nous ne sommes pas des délinquants. Nous voulons juste avoir une meilleure vie."

www.seneplus.com


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